jeudi 23 avril 2009

LISAHOHÉ


LISAHOHÉ

Présentation de l'éditeur
" "C'étaient des femmes d'environ trente ans, se ressemblant par la couleur des cheveux - blonds, épais et longs pour l'une, coupés court pour l'autre - et les traits. Celle qui avait les cheveux courts regarda vers moi. Elle n'hésita qu'un bref instant.
"Sind wir Landsleute ?", "Sommes-nous compatriotes ?" me demanda-t-elle avec amusement. "
Lisahohé, toute petite ville loin de la capitale d'un pays africain, au cœur d'une savane dont les fosses aux lions et les plaines aux éléphants captivent deux touristes allemandes. Un ancien ministre tout-puissant, Félix Bagamo, a été tué. Un coupable a été trouvé et arrêté ; un peu vite, sans doute. M. A. qui revient à Lisahohé après quinze années d'absence voudrait reparcourir les chemins du passé, mais le voici pris dans la logique d'une enquête involontaire. L'assassinat est-il crapuleux ? Des amis d'enfance sont-ils devenus les politiques criminels d'aujourd'hui ? Mais peut-il vraiment s'agir d'un crime politique ? Et puis, ici, qu'est-ce qu'un crime ? Le narrateur lui-même est-il innocent ?
Une enquête en taille-douce. Une écriture diamantine. Voilà qui n'eût laissé indifférent ni Gide ni Simenon."


Je me suis toujours dit qu'à partir du moment où il y avait un meurtre et une enquête dans un roman, on pouvait le classer les yeux fermés dans la catégorie thriller/polar.

Hé bien ce n'est pas aussi simple que ça...:) Et pourtant dès les premières plages, on est plongé dans une ambiance assez énigmatique et déconcertante qui n'était pas sans m'évoquer certains romans japonais.

Après 15 ans passés en Allemagne, Paul A., le narrateur, retourne à Lisahohé, sa ville natale située au coeur de la savane africaine, sans but précis. Un ministre a été assassiné et son meurtrier présumé arrêté. De rencontres en retrouvailles fortuites, le narrateur va renouer avec son passé et se retrouver malgré lui sur la piste du véritable coupable.

L'intrigue meurtrière est en réalité secondaire dans cette histoire qui s'attache davantage à explorer la quête (et non l'enquête ^^) d'un natif dans un pays dont 15 ans d'absence lui auront fait perdre quelques repères et le sens des réalités de ce pays. Malgré sa nostalgie et son attachement naturel, sa double culture le lie plus facilement avec les deux touristes allemandes qu'avec ses amis d'enfance. C'est avec un certain détachement qu'il redécouvre sa ville au départ, comme sans émotion particulière, et pourtant, il est là, comme si au fond de lui il espérait quelque chose, sans savoir exactement quoi.
Hé bien il n'aura pas eu à attendre longtemps, pour preuve ce roman qui ne manque pas de rebondissements et qu'on a du mal à lâcher jusqu'à la fin, malgré un départ qui s'annonce tranquille tranquille quoique intrigant dès les premières lignes.

A ce sujet, j'ai vraiment aimé l'écriture de Théo Ananissoh, elle est sobre, directe et va à l'essentiel. Pas d'introductions ni de constructions inutiles autour des lieux, des personnages, du temps des événements, on passe d'un lieu à l'autre, d'une situation à l'autre sans préambule, sans détails, c'est ce qui contribue un peu à cette impression d'ambiance énigmatique. On s'apprête à rassembler un puzzle, mais c'est "simplement" une intrigue subtilement tissée et non un casse-tête que nous offre l'auteur. C'est une expérience de lecture particulièrement agréable je trouve.

Un dernier mot sur Lisahohé qui est une ville fictive à en croire mes recherches sur le net et dont j'ai beaucoup aimé l'histoire que l'auteur a brodée autour - d'ailleurs, avant mes recherches, j'ai gobé comme une mouche tous les faits liés à ce pays fictif dont il est question dans ce roman... pays fictif qui a tout de même tout du Togo dont est originaire l'auteur et qu'il dépeint avec un réalisme très appréciable.

J'ai été très agréablement surprise et séduite par cette découverte et j'attends avec impatience la sortie d'autres romans de cet auteur au talent indéniable!

Également commenté par La plume francophoneHervé et Daniel Fattore.

L'auteur
Théo Ananissoh est togolais. Il est né en 1962. Il vit en Allemagne où il enseigne la littérature africaine francophone à l'université de Cologne. Lisahohé est son premier roman.

Lu dans le cadre du défi 
(DAL - 10 / reste 04  )
DÉFI RELEVÉ HAUT LA MAIN - FIN DU PREMIER ROUND
ET C'EST PARTI POUR LE DEUXIEME TOUR

6 commentaires:

  1. Tiens tiens, un togolais... Je lis actuellement une enquête de Mma Ramotswe (pour le défi numéro 2? le premier n'est même pas à moitié...)
    Atends, là, un meurtre et une enquête, c'est policier? Comme Crime et Chatiment? Tess d'Urberville? Thérèse Desqueyroux? etc... La frontière est fragile et parfois classer un livre "polar" est dommage.
    J'ai une question: dans une bibli, faut il classer les polars dans des rayons à part, ou tout mélanger? Je fréquente deux bibli, chacune a fait un choix, pas le même.

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    1. Oui le frontière est fragile et c'est souvent la misère des fois pour catégoriser un livre, surtout qu'il y en a qui embrassent sciemment plusieurs genres sans s'identifier à un en particulier...
      Pour les 3 romans que tu cites, ceux-là ont comme dénominateur commun d'être facilement catégorisables en "classique" sans qu'on se pose plus de questions.^^
      Lisahohé je l'ai laissé dans la catégorie "romans divers" et j'étais tentée de le faire aussi pour les enquêtes de Mma Ramotswe que j'ai du mal à assimiler à un polar, un peu pour les mêmes raisons.

      Enfin bon, le genre "polar" intègre un large panel de romans sans qu'il y ait forcément un commissaire et toute sa clique dedans, encore que moi je me préfère me réfèrer à "thriller" pour ce genre littéraire parce que le terme "polar" est vraiment trop réducteur à mon sens.

      Quant à ta question... euh... pareil, les bib' de Paris ont chacune leur perception des genres, il y en a qui mélange tout, d'autres qui font des rayons à part, j'avais emprunté un livre une fois qu'ils avaient en 2 exemplaires dans la même bib', un au rayon polar et un au rayon SF (le même livre étant au rayon littérature générale dans une autre bib' qui a pourtant des rayons par genres). Et c'est pareil pour les librairies, certaines décident que tels livres c'est du polar, d'autres de la littérature générale, pas facile de trouver ses auteurs parfois.
      Mais je préfère quand même ceux qui font le distingo, même si ça reste subjectif et que c'est parfois trompeur, au moins quand on cherche un type de roman, on sait où se diriger.

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    2. Ma petite bibli a deux exemplaires du même livre de Poe, l'un "polar", l'autre "SF", pourtant c'est un classique! Oui parfois c'est inclassable.

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    3. Oui, heureusement qu'ils ne font pas de classement par nationalité d'auteurs parce que là aussi des fois c'est à s'arracher les cheveux!:)

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  2. Théo Ananissoh. Très belle découverte. Je note la référence. Je viens de terminer un roman dans le même genre qui navigue entre le polar, le fantastique... J'aime bien ce genre d'auteurs qui ne s'enferment pas dans les cloisons d'un genre...

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    1. Une de mes plus belles découvertes au rayon littérature africaine cette année, et même au rayon littérature tout court. Son style d'écriture est vraiment très plaisant. Hâte de te lire à son sujet!
      Oui, finalement ces auteurs ont bien raison de ne pas s'imposer un genre littéraire à tout prix, l'expérience de lecture pour nous lecteurs n'en est que plus intéressante.

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