lundi 3 septembre 2012

ALEXIS ZORBA


ALEXIS ZORBA

traduit du grec par Yvonne Gauthier
avec la collaboration de Gisèle Prassinos et Pierre Fridas  


Plus de peur que de mal que cette plongée dans l'univers zorbesque que j'ai longtemps redoutée. Des a priori assez vagues, un incontournable de la littérature grecque mais dans lequel je craignais de ne pas trouver mes repères, un style vieillot et "littéreux" auquel j'aurais du mal à accrocher, une époque et une civilisation qui ne me parlaient pas plus que ça, et surtout, je pense, la crainte de m'ennuyer aux côtés de Zorba que j'imaginais, allez savoir pourquoi, en donneur de leçons de celui qui sait tout de la vie et mieux que personne.

Rien à voir, tout le contraire même car je me suis franchement éclatée en lisant ce roman ! La lecture commune avec Cryssilda et Keisha y aura beaucoup contribué cela dit.

Zorba a roulé sa bosse, oui, la vie, il l'a expérimentée dans le vif, mais c'est un homme simple, un primitif en quelque sorte, un animal, dont l'esprit n'a pas été façonné par les livres et l'enseignement traditionnel. Il a appris la vie à l'école de la rue, comme on dit, ce qui lui laisse la liberté de sa spontanéité presque enfantine, et lui offre la joie de pouvoir encore s'émerveiller et de s'étonner de l'évidence.
C'est ce qui séduit notre narrateur, cette souris papivore, tout son opposé, prisonnier de l'enseignement de ses livres, aux idéaux trop élevés pour sa condition d'homme, torturé, insatisfait de sa vie, et cherchant à se libérer du poids des théories pour passer à l'action.

C'est ce qui l'amène en Crète, où il va constituer un duo des plus improbables avec Zorba.
Autour d'eux, une galerie de personnages hauts en couleur : l'excellente Dame Hortense en premier plan, la Bouboulina de Zorba, et tout plein d'autres, s'animant la plupart à travers les récits formidables de Zorba au parler brut et coloré, ou les affabulations des Crétois qui ne manquent pas de verve eux non plus. Ce roman, par la force et la folie de ses personnages, regorge de dialogues et des passages vraiment truculents, détonnants et savoureux !
C'est en réalité un livre plein de joie, de vie, de dynamisme, de rires, malgré son illustration du drame de la condition humaine. Chaque personnage a en effet ses fantômes, même les plus délurés, ou ceux que l'auteur dépeint avec une apparence de folle gaieté.
Je n'y avais pas mes repères historiques car l'histoire des Grecs, je l'avoue, m'est assez floue, mais on s'y retrouve assez bien.

J'ai beaucoup aimé le style aussi, animé, sans âge, qui oscille entre l'érudition remarquable du narrateur, hanté entre autres par Dante et Bouddha, et le grand n'importe quoi de Zorba (loin d'être dépourvu de bon sens, cela dit). Le contraste des deux se combine assez bien, contre toute attente. Vraiment trop fort ! 


Alexis Zorba, c'est finalement un conte philosophique, où chacun est en quête du bonheur et recherche à son niveau le sens de la vie. C'est un sujet qui me parle beaucoup et qui m'a toujours été assez cher, c'est pourquoi aussi, je pense, que ce livre a trouvé son écho en moi.

J'ai beaucoup aimé la confrontation et l'amitié entre ces deux personnages que tout oppose, il y a quelque chose de profondément touchant, mais drôle en même temps. Zorba est un personnage hallucinant, dans ses discours, surtout sur les femmes, un régal de le lire en réalité. Tellement hallucinant d'audace dans sa façon d'appréhender le monde, la vie, et dans ses réflexions, que je l'en ai trouvé franchement désopilant et barge comme j'aime. Il sait profiter de la vie sans s'encombrer de questions métaphysiques, à la différence du narrateur.

Peut-être est-ce lui qui a la clé du bonheur au final, car au narrateur qui a pourtant tout, il manque la folie, dira Zorba.

Lu dans le cadre de mon et intègre le

L'auteur
Níkos Kazantzákis (en grec Νίκος Καζαντζάκης) ou improprement, Kazantzaki, est un écrivain grec né à Héraklion (Crète) en 1883. Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, il a également adhéré au marxisme et au bouddhisme, tout en étant profondément chrétien. Il fut lauréat du Prix international de la paix en 1950. Il est aussi l'un des instigateurs du renouveau de la langue grecque moderne, la dhimotikí, inspirée des traditions orales (plutôt que du grec ancien) dans laquelle il a traduit de nombreux ouvrages de référence. 

8 commentaires:

  1. Prems! Bon, j'ai été moins prolixe et enthousiste, tu t'en doutais...
    Exact : pas poussiéreux, bonne écriture fluide, pas vieillie.

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    1. Oui moins enthousiaste, on a été prévenues, mais j'ai adoré notre LC cela dit, qu'on ait failli te perdre, qu'on t'ait récupérée, nos échanges FB, et nous qui continuions à délirer zorbesquement alors que tu n'étais pas méga-convaincue. Je trouve ce type de LC, où les goûts et avis ne se recroisent pas toujours, très intéressant, personnellement !

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  2. Voici enfin ce Zorba dont on a tant entendu parler. Si en plus il t'a plu et bien tant mieux. Peut-être qu'un jour je m'y lancerai. En tout cas, du coup, ce sera avec moins d'apriori.:D

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    1. Ecoute, je te disais que si Keisha ne l'avait pas lu avec nous, je le lui aurais chaleureusement recommandé, convaincue qu'elle y trouverait son compte, et je me serais visiblement plantée ! Et maintenant, connaissant mieux tes goûts aussi, je suis persuadée que tu aimerais beaucoup ! Mais je peux me tromper donc !:D

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  3. Tu es bien plus emballée que Keisha. moi, je reste méfiante et ravie de ne pas avoir acheté ce livre que j'ai croisé à la forêt des livres !

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    1. Mais Keisha, elle l'a mis en concurrence avec un de ses shérifs, il était foutu d'avance le Zorba ! Malgré son non-emballement, je persiste et signe, j'ai franchement beaucoup aimé, je suis même à un demi-doigt du "j'ai adoré". Je suis encore marquée par cette lecture à ce jour, encore dans son ambiance, comme nostalgique.
      Bon, je ne persiste pas avec toi car si tu le mets en concurrence avec ton Sérum, il risque aussi d'être foutu d'avance, mon Zorba...:D

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  4. Quelle belle LC ! On a eu la même lecture de ce roman, à ce que je vois !
    Merci de m'avoir embarquée dans cette aventure savoureuse ! Vive Zorba et vivent les téléfériques ! :D

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    1. Oui, même lecture, on a été sous le charme zorbesque ! M'étonnerait qu'on soit sous le charme Lo.lee.tesque mais bon, à voir...(ça se trouve Keisha va adorer et pas nous :D )

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