samedi 20 septembre 2014

MALARKY


MALARKY

Si ça n'avait été cette attrayante couverture rose avec une vache rigolote meuglant l'avis d'Emma Donoghue (dont j'ai adoré Room !) en des termes aussi vendeurs que "caustic, funny and moving", je pense que j'aurais passé mon chemin.

De l'originalité dans l'air donc, la promesse d'un très bon moment de lecture aux dires d'Emma Donoghue, la perspective de découvrir un nouvel auteur peut-être coup de coeur au rayon irlandais, il n'en fallait pas plus pour que ce livre commence à s'imposer comme une évidence dans ma LAL. Mais je ne me lance pas aussi aveuglément dans une lecture aussi inconnue (quoique, des fois...), sans avoir glané d'autres avis ici et là, et jeté un coup d'oeil à la 4è de couv'.
La 4è de couv' que je survole me laisse un temps dubitative, et puis, toujours avec la promesse d'Emma Donoghue en tête, et d'autres avis allant dans ce sens, voilà que je recommence à m'écrire le livre dans ma tête avant de l'avoir lu, de façon à le trouver effectivement très "caustic" et "funny".

Me voilà donc très emballée et motivée pour découvrir ce récit....
... sauf que ça n'a vraiment rien à voir avec le récit que j'avais en tête.
Emma Donoghue m'aurait-elle menti ? Non en fait. Plus je tourne l'histoire dans ma tête, et plus je trouve que c'est très précisément tout ça. Bon, "funny" n'est pas pour moi l'un des qualificatifs principaux (mais il faut dire que j'avais voulu entendre par là "hilarant" et on en est loin). J'ai eu quelques rictus certes, mais personnellement, je qualifierais plus ce récit de dramatique.

J'abrège pour aller au fait. Malarky (qui pourrait se traduire par "foutaises", si je ne me trompe) nous entraîne au coeur de l'Irlande rurale, dans le comté de Mayo, aux côtés et dans la tête d'une femme confrontée à des nouvelles réalités que son âge avancé et son éducation peinent à accepter. Elle découvre que son fils est homosexuel et a du mal à l'admettre. Quand elle apprend que son mari la trompe, c'est le pompon. Sa vie s'en trouve alors bouleversée, mais de la façon la plus inattendue, surtout quand elle s'attelle à la tâche ardue de comprendre cette nouvelle réalité qui s'est imposée à elle. C'est toute cette partie qui est assez démente et qui m'a arraché quelques sourires car j'avoue, c'est une sacrée femme mine de rien. Jamais rien vu dans le genre !^^

Ce que j'ai trouvé intéressant entre autres, et qui m'a pourtant donné du mal au début (et même souvent), c'est la construction narrative. Rien de conventionnel, une impression de chaos, Phil étant par moment narratrice et personnage dont on raconte l'histoire. Ça nous la rend plus proche dans la mesure où l'on partage son expérience au plus intime d'elle-même. L'auteure excelle à dépeindre ses personnages et les situations de façon très réaliste. Je me suis attachée à cette femme et ce petit monde malgré moi et à mon grand étonnement. J'ai ressenti une certaine tristesse pour elle, je l'ai trouvé touchante aussi.
Mais, comme je le soulignais, ce n'était pas facile à suivre au début. Les instants de vie se mélangent. Le présent, le passé, le passé dans le passé... de nombreux flashbacks en somme. J'avoue que je n'étais plus habituée à ce genre de pirouettes littéraires qui vous forcent à un peu d'attention. Ce n'était pas désagréable mais c'est comme reprendre le sport après deux ans... Pas évident. Cela dit, sans s'en rendre compte, on finit par suivre ce rythme qui devient naturel et apprécier davantage le récit.
Autre difficulté pour moi, la langue ! La transcription de l'irlandais oral, et justement pas seulement dans les dialogues, mais également dans cette construction narrative assez particulière, m'a bien donné du mal parfois.
Ça aura en tout cas teinté ma lecture des couleurs irlandaises et ça m'aura plongée en totale immersion au coeur de ce pays.

Une lecture particulière et intéressante au final pour un roman qui n'est pas trop mon genre de prédilection à la base (thématique vieillesse, campagne, relations familiales chaotiques, assez introspectif, et littérairement challenging, comme on dit...).

L'auteure
Malarky est le premier roman de l'Irlando-canadienne Anakana Schofield. Née en Angleterre, elle a vécu à Londres et à Dublin avant de s'installer à Vancouver en 1999. 

Intègre le 
Irlande => 1/28

10 commentaires:

  1. Bon, alors, tu as aimé? Je pourrais le lire (un jour, en français)
    Je note en passant que le thème "campagne" n'est pas dans tes thèmes de prédilection. Je m'en doutais un peu. ^_^

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    1. Haha, le thème "campagne" oui, un peu comme le "nature writing". Quoique j'avais bien aimé "La lettre à Helga", mais c'était particulièrement barré il faut dire.;-)
      Si j'ai aimé ? Au final, je pourrais dire oui mais c'est très difficilement le genre de livres qui pourrait se résumer par oui ou non. C'était surtout une expérience de lecture particulière mais intéressante, assez remuante en fin de compte, dont le personnage principal a réussi à me toucher, contre toutes attentes.

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  2. Même en français, je crois que j'aurais beaucoup de mal.

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    1. Je n'en suis pas si sûre, tu es assez rôdé il me semble pour savoir apprécier ce genre de livres. J'avoue que j'ai hâte que ce livre soit traduit en français pour voir sa réception auprès du public français.

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  3. Moi je note, ça peut tout à fait me plaire ! Je n'en avais jamais entendu parler.... En tous cas, à nous le Carr's ! :-)

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    1. Ça pourrait te plaire oui. Je suis, à vrai dire, assez curieuse de ton avis sur ce roman. Et sinon oui, à nous le Carr's !!!:-)

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  4. entre le sujet et le style narratif que tu évoques, je pense que ce roman n'est pas pour moi !

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