jeudi 30 octobre 2014

ÉPÉPÉ


ÉPÉPÉ

traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy

Quelle histoire de fous ! "D'une stupidité tellement absurde" comme se disait Budaï dans le récit.

Budaï, notre personnage principal, lors d'un voyage pour Helsinki où il doit se rendre pour un important congrès linguistique, atterrit par erreur dans une autre ville mais s'en rend compte trop tard, une fois arrivé à l'hôtel. Rien de grave, il suffira de reprendre un vol le lendemain. Qu'il croit, et que nous croyons aussi !
Et c'est là que commence le récit le plus vertigineux et délirant qu'il soit, véritablement drôle au début, puis petit à petit anxiogène, suffocant même par moment, et terriblement énervant. Car ne serait-ce que se nourrir se révèle être un véritable parcours du combattant !
En effet, notre linguiste, quoique familiarisé avec des centaines de langues et en pratiquant quelques-unes parmi les plus connues, ne parvient à se faire comprendre d'aucun des habitants de cette ville, et ne comprend pas un mot de leur langue. Le comble pour un linguiste !

La situation dans laquelle se retrouve Budaï est décrite avec un tel réalisme qu'on ne peut s'empêcher de s'identifier à lui, à s'imaginer à sa place, et à frémir alors. C'est terriblement frustrant de voir comme l'auteur se refuse à le sortir de ce pétrin, trouvant toujours mille et une façons très crédibles de le maintenir prisonnier de cette ville.
Tout est fascinant dans ce livre, le côté inconnu, barbare de cette ville étrangère et de ses habitants, et le côté tellement familier de cette ville et de ses habitants qui évoquent toutes les grandes villes et tous les comportements humains, toutes nationalités confondues.

En bref, une véritable réussite que ce récit, ne serait-ce que dans sa description de cette ville cauchemar, cette ville prison. Les réactions de notre linguiste et son évolution au fur et à mesure qu'il se heurte à des difficultés, sa logique méticuleuse et quasi scientifique pour tenter déjà simplement de survivre, de communiquer avec les gens, et de sortir de cette ville sont aussi formidablement transcrites, ainsi que le comportement des citadins, leur quotidien.
C'est prenant, touchant, angoissant, ça prend les tripes, le coeur, l'âme, on sourit, on rit, on grince des dents, on a envie de crier mais bon sang !!!

J'ai adoré les passages avec Epépé, les interactions avec les autres personnages, tout est tellement absurde, décalé, surréaliste, cette ville folle avec sa foule, ses queues sans fin, tout !
Ce roman est juste incroyable !

J'ai aimé aussi le style de l'auteur, entraînant, coupant le souffle, ces enchaînements de verbes, c'est impressionnant,  tout est constamment en action, grouillant de vie. On est pris comme dans un tourbillon !

La préface d'Emmanuel Carrère était particulièrement intéressante aussi, et souvent pendant ma lecture, je ne pouvais m'empêcher de faire un parallèle entre le récit fictif qui se déroulait sous nos yeux et l'histoire véridique d'Andras Toma. Quel cauchemar la vie peut être parfois ! En un rien de temps, à cause d'un rien, paf, toute votre vie bascule !

Également commenté par Loo, KeishaFlo...

L'auteur
Fils de l’une des figures mythiques de la littérature hongroise du début du XXe siècle, Ferenc Karinthy (1921-1992), journaliste, dramaturge, traducteur de Molière et champion de water-polo, est au centre de la vie littéraire de son pays. Épépé, paru pour la première fois en Hongrie en 1970 et en France en 1996, est sans conteste un immense chef-d’oeuvre.

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Hongrie => 2/28

16 commentaires:

  1. Tu as tout à fait raison quant au style de l'auteur et c'est aussi ce qui m'a fait lire le roman si vite, comme prise par une urgence (bon, il est vrai que je voulais aussi savoir comment Budaï allait s'en tirer et s'il allait s'en tirer vu que l'auteur ne semblait pas disposé à l'épargner).

    "anxiogène" : c'est un peu ça en effet :)

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    1. J'étais moi aussi tourmentée par cette grande question : va-t-il s'en sortir oui ou non ??! Quel terrible suspense ! J'ai un moment espéré qu'Epépé serait sa clé des champs.^^ Très fort en tout cas ce récit, ébouriffant ! Et oui, anxiogène.;-)

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  2. Ah voilà un roman incontournable dans la vie de tout vrai lecteur, non? Figure toi que j'ai emprunté un livre du père, eh oui, il y a toute une famille karinthy...
    (le chat va bien, pour l'instant... ^_^)

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    1. Oui, roman incontournable ! Je pourrais même le recommander à des non lecteurs.;-) J'avais noté aussi que le père écrivait. Je guette ton avis.
      (c'est un warrior ce chat ! ^_^)

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  3. Quand on me parle de littérature étrangère, ça me donne toujours envie =) Déjà, je sentais que ton challenge allait me faire noter plein de nouveaux titres :D Je note celui-ci alors vu ce que tu dis du style de l'auteur, ça me donne très envie ;)

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    1. Figure-toi que ce challenge me fait noter plein de nouveaux titres à moi aussi ! Normalement, je n'avais qu'à choisir un titre pour chaque pays, et là, au fur et à mesure de mes recherches, je découvre plein de livres bien tentants ! C'est plutôt chouette.
      Je guette ton avis pour celui-ci. Je pense que tu ne seras pas déçue.:-)

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  4. Et bien tu sais donner envie !

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    1. Aaah c'est que ce livre est juste incroyable ! ;-)

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  5. Tu en rajoutes une couche, j'étais déjà tentée !

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    1. Alors ne résiste pas plus longtemps !;-) Curieuse de ton avis.

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  6. Rhaaaa, mais il a tout, absolument tout pour me plaire celui-là. Ce que tu en dis me donne vraiment, très, très envie ;)

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    1. Aaaah mais c'est rare que j'arrive à te tenter !;-) Il ne manque plus que tu aimes ce roman et là, je sors le champ' !^^

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  7. Je ne connais pas mais je trouve que beaucoup de couvertures se ressemblent maintenant.
    Bonne fin de soirée.

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    1. C'est vrai, les couvertures Zulma sont très identifiables et on retrouve peut-être certaines nuances de couleurs, mais leurs motifs sont toujours uniques. Moi j'adore ces couvertures ! Bonne fin de soirée.

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  8. Ah ben ça, ça me tente bien ! Le cauchemar de voyageur ! En plus, j'ai jamais lu d'auteur Hongrois, ça manque à m culture ;)

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    1. Oh oui, alors pour celui-là, fonce les yeux fermés ! Je suis sûre que tu apprécieras ce récit incroyable !

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