samedi 23 avril 2016

SHAKESPEARE ON TOAST


SHAKESPEARE ON TOAST

          GETTING A TASTE FOR THE BARD


"Prendre goût au Barde."
Voilà très exactement ce qu'il me fallait. Quelqu'un qui parvienne à me faire prendre goût à Shakespeare ! Quelqu'un qui pouvait comprendre que tout le monde ne se pâmait pas d'office en lisant Shakespeare, que le rejet de ses pièces pouvait même être violent chez certains (dont moi). Quelqu'un qui ne s'offusque pas ou ne vous prend pas de haut quand vous dites que Shakespeare vous laisse de marbre (m'enfin, c'est un génie !). Quelqu'un qui pouvait parfaitement concevoir que ses écrits pouvaient vous être totalement opaques.

 Et ce quelqu'un, Ben Crystal, était vraiment bien placé pour me comprendre car il y a quelques années, il était exactement comme moi. J'ai toujours assumé le fait que je n'aimais pas Shakespeare (ses pièces du moins) ou qu'il n'était pas fait pour moi, et j'étais tellement heureuse de voir mon âme-soeur shakespearienne ici. Enfin, ex-âme-soeur shakespearienne car Ben Crystal a fini par rejoindre la secte du gourou Shakespeare avoir LA Révélation qui lui a fait changer de bord.

"If it worked for me, who once wouldn't be seen dead near a production of Shakespeare, it'll work for you."

Ce qui m'a donné quelque espoir dans son livre...
D'autant plus qu'il le commence ainsi - petit extrait expliquant le titre :
"This book is certainly not the only way into Shakespeare. But it is quick, easy, straightforward, and good for you. Just like beans on toast."

Et qu'il enchaîne quelques lignes plus loin par :
"Here's a thing : Shakespeare is partly responsible for the film career of Arnold Schwarzenegger."

Alors là, la référence plutôt inattendue n'a pas manqué m'intriguer et me mettre à l'aise d'emblée. Nous sommes du même siècle, de la même planète, nous avons quelques repères communs, ça promettait de bien se passer.

La force de ce livre, c'est d'ailleurs de rendre Shakespeare plus accessible et humain qu'il n'en a l'air, ou qu'on essaie de le faire passer, car dès l'école, on nous le présente d'emblée et sans conteste comme un sacré phénomène littéraire, du grand Art, voire un "messie de la Littérature". Plutôt intimidant comme approche.
L'auteur déplore d'ailleurs le fait que, plutôt que de nous laisser apprécier les pièces jouées sur scène, la découverte de Shakespeare commence généralement par l'étude et l'analyse de ses pièces écrites. J'ai aimé qu'il défende un principe qui m'a toujours paru évident, c'est que le théâtre est fait pour être joué, vu, écouté, et non pour être lu. Parce que ça change tout !

"As they say, they're called Plays not Reads."

"Shakespeare was essentially providing the Elizabethans with their daily soap opera, and would you ever sit down with a script of Eastenders, Coronation Street..."

J'ai beaucoup aimé les passages où l'auteur se penchait sur la vie, la société et le théâtre à l'époque élisabéthaine, replaçant Shakespeare dans un contexte historique précis. J'ai apprécié qu'il le représente finalement comme un homme assez ordinaire de son temps.
J'ai aussi aimé l'idée que Shakespeare dirigeait ses acteurs non pas à travers des notes en marge de ses scripts ou à l'aide d'une description d'un personnage, mais tout simplement à travers la rythmique de son texte. Qu'est-ce que l'auteur m'a enthousiasmée quand il a comparé Shakespeare aux grands musiciens de jazz, jouant des riffs et des improvisations surprenantes tel Miles Davis, et orchestrant l'intensité dramatique d'une scène en manipulant le rythme iambique à sa guise !

Ben Crystal est un passionné, et comme tout passionné, il est convaincant, motivant, amusant, délirant et passionnant... mais aussi fou furieux, et sur la fin, il m'a quand même un peu perdue parce qu'on en revient malgré tout au concept de poésie pure avec ses rimes, vers et compagnie...

Ce fut, en dépit de ce petit bémol, un voyage extraordinaire et instructif dans l'univers du Barde, qui m'a totalement conquise et captivée (le voyage, pas le Barde).

L'auteur
Ben Crystal, né en 1977, est un acteur et auteur anglais, réputé pour jouer et promouvoir les pièces de Shakespeare dans "leur prononciation originale".

Intègre    et lu dans le cadre des  400 ans de Shakespeare.
(oui, je n'ai vraiment pas pu me résoudre à lire une de ses pièces.^^ Et pendant lecture, l'envie m'a titillée un peu mais je n'arrivais pas à me décider pour un titre...)

16 commentaires:

  1. Tout ce que je sais de Shakespeare, je l'ai vu, soit au théâtre, soit du théâtre filmé, donc je suis assez d'accord avec ce Ben Crystal. Et ça fonctionne avec bien d'autres dramaturges, Beckett par exemple (c'est pour moi impossible de lire Beckett mais ses pièces quand je les vois me procurent toujours un très grand plaisir).
    C'est d'ailleurs la grande frustration de la vie n province, le manque de théâtres...
    Bon, et si non, y'a pas la même chose pour Céline (que je déteste) ?

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    1. C'est vrai qu'ici, il y a énormément d'occasions d'aller au théâtre mais je n'en profite pas vraiment, et pourtant, les rares fois où j'y vais, j'y prends beaucoup de plaisir ! Par contre, j'ai vu quelques pièces de Shakespeare adaptées, parfois même très librement adaptées mais ça ne m'a jamais laissé un souvenir mémorable. Idem pour les films. Enfin disons que je n'ai jamais eu de révélation, comme je ne cesse d'espérer que cela m'arrivera un jour.;-)
      Quant à Céline, toujours pas lu, mais un jour, un jour... Si je déteste aussi, je chercherai l'équivalent de ce livre pour Céline.;-)

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  2. Tu es raccord, pour la date!
    Ne te force pas à lire une pièce! Mes expériences Shakespeare sont uniquement 'représentationnelles' et enthousiasmantes!Ma dernière, Henri VI, dont les heures ( 8 plus 8, en deux fois) ont passé bien plus vite que d'autres trucs russes...

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    1. 16 heures d'Henri VI ??? Wouahou !! Je ne suis pas sûre d'y survivre mais c'est impressionnant !:-) J'ai eu quelques expériences du théâtre de Shakespeare joué sur scène mais si la représentation est plus agréable qu'une lecture, je dois dire que ça m'a toujours un peu laissée sur le bord. Non mais quand ça veut pas, ça veut pas...;-) Ça doit être un truc avec les déclamations, les vers et les rimes... La poésie, quoi !;-)
      Bon, ceci dit, j'ai beaucoup aimé d'autres pièces classiques, vues au théâtre et/ou lues, et ça passait plutôt bien (Molière, Beaumarchais, Racine, Marivaux, et j'en passe) donc je ne suis pas tout à fait un cas désespéré.;-)

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    2. Henri VI avec mise en scène parfois rock n' roll, je t'assure c'est parfait. On ne sent pas les rimes, de toute façon c'est traduit (je suis aussi allergique à la poésie)
      Aloooooooooors Saga? j'en suis au 4, je sens que je vais tout lire d'affilée, c'est carrément génial, jamais lu un truc pareil.Je ferai peut être un billet pour les 5 (et attendre le 6)Soupirs.

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    3. Ah mais voilà, en parlant de rock, je suis sûre que du Shakespeare un peu swing, ça passerait mieux pour moi. C'est la méthode "quinine avalée avec une banane ou autre aliment bien sucré".^^
      Sagaaaaaaa !!! Aaaah je suis ravie que tu adhères ! Au moins tu n'auras pas harcelé tes bib' pour rien.;-) Oui, on en est au même point là... en attente du tome 6, pfff...

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  3. Je suis hermétique à Shakespeare (comme à Stendhal d'ailleurs) et je ne sais pas si j'ai envie d'en guérir... ;-)

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    1. Aaah voilà ! Hermétique, c'est le mot !;-) Tiens, c'est drôle mais Stendhal et moi, ça n'a pas été le coup de foudre non plus.:-)
      Bon, pour le cas Shakespeare, disons que c'est un peu frustrant de ne pas vibrer comme d'autres à la lecture ou à la représentation de ses pièces. J'ai l'impression de passer à côté d'un sacré truc !

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  4. Hum... Un jour t'y arriveras ! :-) Non, mais sérieux, tu as essayé autre chose que Roméo et Juliette ? (en plus, j'ai redécouvert R&J récemment, et c'est super amusant en fait!) Parce qu'en plus, les cours de fac ne nous ont pas aidé à aimer, hein... Enfin, moi j'aimais avant la fac ;-)

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    1. À la lecture, non, que Roméo et Juliette, mais j'ai vu des représentations d'autres pièces au théâtre (Hamlet, Othello), souvent réadaptées, ou des films (Beaucoup de bruit pour rien, R&J), mais ça ne m'a jamais transcendée, à mon grand dam...
      Quant à l'étude de R&J à la fac, pff, mais quelle erreur de choix de pièce aussi. C'est quand même pas comme si Shakespeare n'en avait écrites que 4 ou 5... J'étais en souffrance dès le départ, pour cause de thématique...;-)
      Bon par contre notre prof aurait été Ben Crystal, ça se trouve il aurait réussi à me faire adorer R&J qu'il décortique pas mal dans son livre.

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  5. J'ai lu l'excellent livre d'Ackroyd sur Shakespeare mais je suis toujours partante pour ce genre de lecture.

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    1. Mais en fait je crois que je suis beaucoup plus attirée par les livres (ou films) autour de Shakespeare que par ses pièces car il m'intrigue tout de même le Barde... J'ai dans ma LAL le Shakespeare de Bill Bryson (auteur que j'aime beaucoup en plus).

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  6. Tu as quand même des lectures qui sortent sacrément des sentiers battus (et j'aime bien Shakespeare moi ;) )

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    1. J'aime bien explorer des genres de tout horizon et me plonger dans l'inconnu, à l'instinct. Il n'y a quasiment que la poésie qui me tienne à distance et Shakespeare n'en est pas loin.;-)

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  7. J'aime assez Shakespeare, mais je crois que je peux quand même lire le livre de Ben Crystal non? ça m'a l'air plutôt drôle et raffraichissant :)

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    1. Oui, je pense que c'est un très bon ouvrage, qu'on adhère ou non à Shakespeare. Pour les fans, c'est forcément du petit lait (et effectivement, c'est rafraîchissant^^). Pour les hermétiques (et hérétiques), c'est une approche en douceur dans l'univers du Barde. J'ai trouvé Ben Crystal enthousiasmant et passionnant sur le sujet. Il m'a même convaincue du génie de Shakespeare, ce que je n'avais pas réussi à déceler jusqu'à présent. Ceci dit, je reste persuadée qu'il n'est pas pour moi. Les vers et les rimes me perdent, rien à faire.

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