jeudi 16 juin 2016

UNE FAMILLE À L'ANCIENNE


UNE FAMILLE À L'ANCIENNE

traduit du coréen (du Sud) par Patrick Maurus

J'avoue, la couverture a été pour beaucoup dans mon attirance pour ce roman qui m'a rapidement intriguée. Ce rose, et ce cochon dans les bras de cette femme, sein à l'air. Pas très chrétien coréen tout ça. Et en même temps, qu'en sais-je vraiment ? Justement, c'était l'occasion d'explorer un terrain qu'il ne me semblait pas encore avoir foulé sur le sol littéraire coréen. Et puis le résumé, vite parcouru, plutôt accrocheur tout de même : "dans cette famille-là, tout dysfonctionne : les trois enfants quinquas rentrent chez leur mère ! Tous sont plus ratés les uns que les autres, mère comprise."

Je pressentais du coréen hors norme, un peu déjanté. Et ça décape assez rapidement dès les premières lignes :

"Si j'avais pu vendre mon corps, je l'aurais vendu de bon coeur, mais il n'y avait personne pour acheter un homme de quarante-huit ans en train de devenir chauve."

Le narrateur, bientôt quinqua, est un réalisateur qui essuie les échecs et a touché le fond. Il doit tout vendre et va bientôt être réduit à retourner chez sa mère.
Une critique sur son film :
"Même si l'on avait fait un film avec l'annuaire téléphonique, cela n'aurait pas pu être plus mauvais."
(je dois dire que ce genre de réflexions un peu cruelles, ça me fait rire...)

Là, il y trouvera son frère aîné déjà bien installé, ainsi que sa soeur et sa nièce de 16 ans, l'ensemble formant ce qu'on pourrait qualifier d'une équipe de bras cassés. Cette réunion familiale impromptue et d'une durée indéterminée sera l'occasion de toute une série de règlements de comptes, révélations de secrets de famille, mais aussi, réapprentissage de la vie en famille, redécouvertes des valeurs familiales, alors que chaque membre doit gérer sa situation personnelle. Tout cela sur fond de nombreuses références littéraires, particulièrement Hemingway, et cinématographiques, feuilletons TV inclus, qui donnent à ce récit un cachet résolument contemporain.

Au final, de bonnes choses, certaines déroutantes mais vraiment pas désagréables, le tout se situe entre burlesque, cocasse et absurde, mais pas déjanté du tout. On sort des sentiers battus et le voyage est original et très dépaysant.
J'avais l'impression d'un roman plus coréen que ce que j'ai pu lire jusqu'à présent dans le domaine, d'être plus proche de leur culture, de leur langage, d'être plongée au coeur de la vraie Corée, une Corée plus populaire peut-être, moins Corée de littérature, si ce que j'écris veut dire quelque chose (mais je me comprends) (c'est l'essentiel).
J'ai trouvé cet aspect très intéressant donc, mais le plaisir de lecture ne fut pas à la hauteur de ce que j'en espérais malgré tout. J'attendais peut-être plus déjanté, genre OLNI, et en même temps, il y avait quelque chose d'assez déphasant où j'avais parfois du mal à trouver mes repères ou l'angle sous lequel comprendre et interpréter ce que je lisais.

Ceci dit, j'ai tout de même eu mon compte de grand n'importe quoi avec certaines répliques et quelques passages mémorables. J'ai particulièrement adoré les onomatopées en pleins dialogues ou descriptions.

"Tu parles ! Mon gosse a pas volé, il a tellement aimé ses amis qu'il les a suivis jusqu'à la prison, je l'ai déjà dit, non ?"

"Le type était de grande taille. En un mot "un arbre géant qu'on reconnaît rien qu'à ses pousses"." (alors là, je me pose la question de savoir si en coréen, cette expression tient réellement en un mot, ou si c'est volontairement en plusieurs mots).

Petit bémol en passant (et pour conclure), sur les notes de traduction où le traducteur s'explique sur certains choix de traduction. C'est bien sûr très instructif et intéressant mais j'ai trouvé ça parfois agaçant, allez savoir pourquoi...

L'auteur
Ch'on Myonggwan, né en 1964 à Séoul, est écrivain et cinéaste. Son irruption dans les "Lettres  coréennes" en 2003 avec Frank et moi, rapidement suivi par le désopilant La Baleine en 2004, rouvre pour la Corée du Sud l'époque du comique et du burlesque.

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12 commentaires:

  1. Ben écoute, là... Tu trouves de ces trucs quand même... Je t'accorde que la couverture suffisait à tenter l'aventure. Je ne m'attends pas à trouver ça dans mon environnement immédiat (hélas)

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    1. Bon, tu te débrouilles pas mal, toi aussi, pour mettre la main sur de ces trucs comme tu dis.;-) Je pourrais te l'envoyer mais je ne suis pas convaincue que tu aimerais. C'est assez spécial tout de même, mais sans l'être de trop. Tiens, je suis assez curieuse de ton avis en réalité.

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  2. Un peu particulier, tout de même... je ne suis pas sûre de tenter l'aventure.

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    1. Inhabituel, c'est vrai, parfois déroutant, mais en même temps, ça reste tout à fait accessible.:-)

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  3. Je viens d'acheter deux petits romans japonais, je vais faire une pause avec la littérature asiatique mais je garde ce titre en tête.

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    1. Pfff, l'excuse.;-) Ben tu vois, ce roman-ci, je me dis que tu pourrais aimer. Je serais assez curieuse de ton avis d'ailleurs.

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  4. Bonjour A_girl..., ton billet ne me donne pas forcément de faire connaissance de cette famille. Bonne journée.

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    1. Bonsoir Dasola, je peux comprendre, c'est un univers particulier. Il faut peut-être déjà apprécier le burlesque avant de s'aventurer dans le burlesque à la coréenne.;-) Bon dimanche.

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  5. Pas vraiment intéressé par ce livre...
    Bonne semaine.

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    1. Non, je ne pense pas que ce soit ton genre, non.;-) Bonne semaine.

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  6. Je n'avais même pas remarqué ni le cochon ni les seins nus ... ça ne me tente pas spécialement.

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    1. Haha, je dois être le public cible de la couverture.;-)

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