dimanche 2 octobre 2016

COMME DANS UN CONTE


COMME DANS UN CONTE

traduit du coréen par Choe Ae-young 
et Jean Bellemin-Noël

Bien que n'étant pas très histoires d'amour à la base (mais bizarrement très contes de fées), j'ai été attirée par ce récit précisément parce qu'il y avait cet élément "conte", et surtout, par l'originalité de la transposition d'une histoire d'amour moderne (et coréenne) à un conte, ou d'un conte à une histoire d'amour moderne (coréenne).

J'étais intriguée aussi par cette petite introduction au récit :
"Le roman qu'on va lire est tout à fait singulier. Il réclame du lecteur deux qualités - deux vertus, plutôt ? - qui sont la patience et le goût de retrouver son âme d'enfant."

Le roman s'ouvre sur deux contes, "La Reine des Larmes" et "Le Roi du Silence". Deux contes inédits à mi-chemin entre les contes de notre enfance et les contes asiatiques, intégrant des événements de "La Belle au Bois dormant", et brodant sur le reste. Deux contes que j'ai trouvés particulièrement intéressants dans leur narration car ils racontent tous les deux la même histoire entre la Reine des Larmes et le Roi du Silence, des deux points de vue, permettant ainsi d'apprécier la réalité des sentiments éprouvés par les protagonistes suivant l'angle d'approche de l'histoire.

Le roman enchaîne ensuite sur une autre histoire d'amour qui se passe à notre époque en Corée. Une transposition du conte en introduction où nos personnages principaux sont, on le comprendra vite, la Reine des Larmes et le Roi du Silence version contemporaine et librement réadaptée. Mais on le sait, les histoires d'amour (modernes) finissent mal en général (air connu), ou sont tout du moins un peu compliquées. En tout cas, ça n'a jamais rien à voir avec un conte de fées, ou, pour être plus juste, les histoires d'amour des contes de fées s'arrêtent avant même qu'elles n'aient eu le temps d'évoluer. On nous résume bien vite la suite des événements par un "et ils vécurent heureux..." incontestable.

La réalité est souvent tout autre car chaque épreuve de la vie peut mettre en péril la cohésion du couple. Est-ce que pour autant, une histoire d'amour, ou notre vie de façon plus large, ne se déroule pas tout de même "comme dans un conte" ?
C'est la prouesse de l'auteur, justement, de jouer en quelque sorte avec les codes du conte et de les intégrer à une histoire d'amour moderne complexe. Une gymnastique pas aussi simple qu'il y paraît et très réussie, qui donne à ce récit toute sa saveur. Cette histoire est d'autant plus subtile qu'elle fait écho au conte en introduction, tout en alternant et en jouant également sur les deux points de vue des protagonistes. 

J'ai trouvé cette histoire très belle et touchante au début. Ce n'est pas une histoire d'amour à la "coup de foudre au premier regard", elle est plus fine, plus réaliste, pas d'évidence ou de facilité. Il y avait aussi quelque chose d'assez charmant et amusant dans cette histoire. Et puis au fur et à mesure des problèmes du couple, à partir du dernier tiers du livre, j'ai commencé à me lasser un peu, j'avoue. Leur relation est assez particulière, un peu compliquée du fait même des personnages qui ne sont pas très simples dans leur tête, assez emblématiques en cela des couples des temps modernes.
Je dirais que j'avais l'impression, sur la fin, de lire du Murakami quand il n'est pas à son meilleur (selon mes goûts) et qu'il me laisse un peu perplexe ou qu'il me frustre un peu car je sens que j'effleure ce qui aurait pu être un coup de coeur.

Au vu des notes des traducteurs, j'ai été frappée, encore une fois ici, des détails avec lesquels les traducteurs expliquent et justifient leur choix de traduction. C'est toujours très intéressant culturellement mais ça me donne vraiment l'impression que le coréen est une langue assez retors, très ancrée dans sa culture, parfois sans équivalent véritable dans la nôtre, et vraiment pas simple à traduire.

L'auteur
Écrivain et professeur d'écriture à l'Université des Arts de Corée, Kim Kyung-uk fait ses débuts d'écrivain en 1993 et reçoit le Prix "Le Monde des écrivains". Grand conteur, Kim Kyung-uk restitue à partir d'une phrase, d'un article ou d'une trace de l'Histoire les traits marquants de la société contemporaine à travers l'image diffusée par les médias.

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8 commentaires:

  1. Mouais, pas prioritaire, désolée. ^_^

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    1. Quoi, mais c'est ma phrase, ça !;-) Bon, pour moi une curiosité côté litté coréenne vaut toujours le détour et ça m'a fait un PAL-1, donc yeehaa !:-)

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  2. Murakami quand il n'est pas à son meilleur... tu sais trouver les arguments pour que je passe mon tour :)

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    1. Mais Murakami quand il n'est pas à son meilleur (selon mes goûts, je précise, car ce qui m'enthousiasme moins dans certains de ses récits est ce qui plaît le plus à d'autres, et inversement), c'est déjà du haut niveau. On parle de mon auteur chouchou quand même.;-)

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  3. Un concept intéressant ! Malheureusement tu n'incites pas vraiment à le lire...

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    1. Pourtant, c'est juste sur la fin du récit que j'émets des réserves mais dans l'ensemble, pour l'originalité du concept de ce livre et de cette histoire d'amour, en particulier au rayon littérature coréenne, je recommanderais quand même, pour les plus curieux et les plus aventureux.
      Mais je peux comprendre que l'on s'arrête sur un détail évoqué sur la fin pour justifier de ne pas alourdir sa PAL.;-)

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  4. Et moi qui aime Murakami, si ce livre ne fait que l'effleurer ça me donne moins envie. Belle critique!

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    1. Bon, il faut dire que je le compare à un grand maître de la littérature (pour moi) aussi. La barre est haute, alors l'effleurer, c'est quand même plutôt bien.:-)

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