jeudi 15 décembre 2016

JE T'AI VU PLEURER


JE T'AI VU PLEURER

traduit du maltais par Nadia Mifsud

Un ouvrage dont le résumé annonçait clairement une thématique autour du deuil et des relations père/fils, repéré sur Cecile's blog. C'est bien parce que c'était le seul récit maltais traduit que j'ai trouvé qui pouvait à peu près convenir que je m'y suis risquée. J'aurais pu tomber sur pire, ça reste un thème accessible et tout de même universel. Et puis, c'est un récit très court, moins de 100 pages, un calvaire supportable (si calvaire).
Je l'ai abordé comme quand on va partir en voyage dans un pays exotique et qu'on doit avaler un de ces médicaments amers en prévention contre le paludisme. J'avais préparé ma banane, Joël Egloff, un auteur valeur sûre que je voulais lire de nouveau depuis un moment, garanti divertissant mais avec du fond et un humour subtil. Du coup si les 100 pages passaient mal, j'avais Egloff pour me consoler. Hé bien, j'étais réellement ravie de passer à la banane après cette lecture !

Pas grand-chose à lui reprocher pourtant, c'est bien écrit, dans un style relativement fluide (quoiqu'il ne s'offre pas aussi facilement au lecteur), mais je sentais le travail de deuil de l'auteur à travers son livre. Si on est sensible à ce genre de thèmes, je pense que ça peut faire écho en soi. On peut apprécier la beauté triste de cette écriture et des pensées qu'elle véhicule. Une "angoisse permanente de décevoir le père", une certaine rancoeur par rapport à une éducation où la virilité n'est pas qu'une notion et où la faiblesse est le pire des maux.  Moi je suis un peu passée à côté. Je n'ai pas détesté mais ce récit m'a un peu laissée sur le bord.
C'est une sorte de règlement de comptes intérieur de l'auteur avec le père décédé, doublé d'une projection sur le fils de l'auteur. Un triangle père-fils/père-fils. Un récit qui est né de la découverte de carnets contenant un journal intime du père (commencé en 1939 à 19 ans) qui venait d'intégrer l'armée britannique. Relu par l'auteur le soir des funérailles de son père alors qu'il berçait son jeune fils, ce journal a suscité en lui des "réflexions sur la masculinité et la paternité." Ce récit est, en quelque sorte, une façon de "publier les carnets de son père grâce à cet autre texte, son propre texte."

Le seul vrai intérêt pour moi dans cette lecture, c'est que je revenais de Malte et que le voyage était encore frais dans mon esprit. Quelques noms de villes cités dans le livre prolongeaient un peu mon séjour, et quelques éléments culturels et historiques instructifs dans les notes de bas de page ont fait que ma lecture n'a pas été tout à fait vaine.

"Accrocher des citrons à sa porte à l'issue des élections générales était une pratique courante jusque dans les années 90, une façon de se moquer des voisins et /ou des passants ayant voté pour le parti perdant." (N.d.T.)

Du fait de la thématique, c'est un récit qui manque un peu de consistance. C'est comme une lettre d'adieu au père suivi d'un sursaut dans le présent. Continuer à vivre et transmettre au fils. C'est un processus de deuil très personnel et intimiste. L'écriture laisse toutefois entrevoir que dans un autre genre, l'auteur pourrait être franchement intéressant et particulièrement agréable à lire.

Allez, une petite devinette mignonne tirée du livre pour terminer sur un sourire :
"Tes lèvres contre les siennes, tu l'embrasses; du bout de tes doigts, tu la caresses. Alors, vas-y, c'est quoi ?" La réponse : une tasse. :-)))

L'auteur
Immanuel Mifsud est né en 1967 à Paola, dans le sud de Malte. Poète, dramaturge, nouvelliste et romancier, il est l'une des voix majeures du paysage littéraire maltais.

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Malte => 17/28

10 commentaires:

  1. Ta devinette : ça a des lèvres?
    Immanuel et Nadia sont en famille?
    A part ça, rien à dire;je te rappelle que Malte est dans l'union européenne, pour ton challenge!

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    1. Ouioui, j'ai lu ce livre spécifiquement pour le challenge UE d'ailleurs. Sans ça, même par curiosité, je ne pense pas que je m'y serais risquée.:-) Bon, pas de regret au final. C'est ça aussi l'avantage des challenges, ça aide parfois à aller s'aventurer là où on ne serait jamais allé autrement...
      Je me suis posée la question pour l'auteur et la traductrice.:-) Mais Mifsud est peut-être un nom très commun à Malte.
      Quant à la devinette, la réponse est toute bête. Je l'ai masquée mais on peut la voir en surlignant l'espace masqué.:-)

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    2. Oui, j'ai vu la réponse, mais je ne vois pas ce que sont les lèvres de
      'ce qui est dans l'espace caché'

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    3. Aaah ok ! Mais siii, un peu de poésie et d'imagination, que diable ! :-)

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  2. Il y a peu de risques que je le lise.
    Bonne semaine.

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    1. Aaah sait-on jamais, dans le cadre d'une contrainte "émotions", avec rire, pleurer, etc... :-)
      Bonne semaine.

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  3. Bon, le seul vrai intérêt pour moi est qu'il fait moins de 100 pages. Pour le reste...

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    1. Ah ? J'aurais pensé que c'était plus ton genre de récit que le mien, ceci dit, il n'est absolument pas garanti que tu y trouves ton compte malgré tout.:-)

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  4. Il y a des livres comme ça qui nous tombent des mains, alors qu’on arrive souvent difficilement à s’expliquer pourquoi. Toi tu arrives à exprimer ce qui t’a « agacé » dans cette histoire et je dois dire qu’à te lire je serais peut-être aussi passée à côté.
    Alors tant mieux s’il t’a au moins permis de poursuivre ton beau voyage...
    Je vois que c’est une tasse mais j’aurais dit une bière ou un verre! :D
    Joyeuses fêtes à toi

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    1. Oui, ce n'est pas toujours évident de comprendre pourquoi on a aimé ou non un livre, et encore moins d'exprimer son ressenti. Mais c'est un des aspects les plus intéressants dans le processus de lecture, je trouve. Ne pas juste vivre des plaisirs de lecture mais vraiment des expériences de lecture. Et bien sûr, espérer qu'elles soient les plus enrichissantes possibles, mais si ce n'est pas le cas, tant pis. Next, comme on dit.:-)
      Aaah une bière ou un verre, haha ! Oui, une tasse, c'est bien trop sage.:-)
      Joyeuses fêtes à toi aussi !

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