vendredi 9 août 2019

LE 33È MARIAGE DE DONIA NOUR


LE 33È MARIAGE DE DONIA NOUR

traduit de l'allemand par Hélène Boisson

Repéré au détour d'une bib', ce titre n'a pas manqué attiser ma curiosité (il y a des titres comme ça...).  Un coup d'oeil à la quatrième de couv. Réalisation que je tenais un roman d'anticipation égyptien entre les mains. J'étais cuite.

"Égypte, 2048. Le pays est sous l'emprise du Nezam, dictature d'un genre nouveau, mariage infernal entre consommation et religion. Avide de liberté et incapable de s'adapter à cette étrange tyrannie, une jeune femme, Donia Nour, n'aspire qu'à une chose : quitter le pays. Malheureusement les frontières sont étroitement surveillées et le passage en Europe coûte un kilo d'or. Elle décide donc de tirer profit du système : elle épouse régulièrement des hommes fortunés et fait annuler le mariage aussitôt le douaire empoché. Mais, le soir de son trente-troisième mariage, la situation dégénère [...]."

Totalitarisme, culte de la consommation... Des thèmes et une atmosphère assez typiques des romans d'anticipation/dystopies, l'originalité principale étant que cela se déroule en Égypte et que l'auteur lui-même est Égyptien. Tout cela me parlait bien, je me frottais les mains d'avance...

... jusqu'à ce que je tombe (assez vite) sur une sombre histoire d'extraterrestres qui interviennent dans l'intrigue en enlevant Ostaz, un philosophe en disgrâce et à la veille de son procès en 1952.
À partir de là, on bascule dans le Grand N'importe Nawak :
"[...] J'ai failli me faire lapider dans le futur, et maintenant je suis dans un vaisseau spatial en train de parler à un putain d'extraterrestre qui a exactement la même gueule que moi, le tout après avoir été agressé sexuellement par un téléporteur. Oui, il me semble que j'ai besoin d'un verre."

(pour le lecteur, juste une bonne dose de recul et de 100è degré devraient suffire...)

J'ai pressenti tout de suite le roman un peu daube du coup. L'idée d'abandonner m'a effleurée mais finalement ça se laisse lire très vite, sans même qu'on s'en rende compte vraiment.
La présence du philosophe ouvre par ailleurs la voie à quelques débats et réflexions plutôt sensés mais qui ont hélas ce quelque chose de simpliste qui élève le tout au rang de fable gentillette, un peu à la façon de L'Alchimiste de Coelho.

Des extraits :
"- La volonté de Dieu, qu'est-ce que c'est, au juste ? Ça ne t'a jamais paru suspect de voir la volonté de Dieu s'accorder si joliment avec les intérêts des puissants ?"

" "La religion, c'est ce qui empêche le riche d'être assassiné par le pauvre." C'est Napoléon qui a dit ça. Pas mal, de la part d'un futur dictateur."

Mon avis sur Goodreads qui résume mon ressenti global (2/5 étoiles) :
Un roman égyptien catégorie SF/anticipation, c'était assez pour m'appâter. J'avais beaucoup espéré de cette petite trouvaille mais hélas, j'ai trouvé cela assez plat, convenu, sans grande consistance, sans grande surprise, sans finesse et parfois même grandement capillotracté.
Un roman qui a du mal à se définir clairement entre comédie, philosophie, anticipation sombre et violente, et qui se perd un peu au milieu de tout ça. Une intrigue prometteuse pour un résultat assez moyen, avec à peine quelques bonnes trouvailles.
Malgré tout, ça se laisse lire plutôt bien, presque façon page-turner. Sans difficulté, sans prise de tête. Une intrigue dont on veut quand même avoir le fin mot de l'histoire.
Quant au style, il est assez banal mais très correct, rien à lui reprocher vraiment à part qu'il manque juste un peu de saveur.

Un des mérites de ce roman, ceci dit, c'est qu'il critique très ouvertement la manipulation des masses et l'exploitation de l'Islam par les oligarques pour servir leurs intérêts. En cela, ce roman d'anticipation en est à peine un. Mis à part le fait que l'intrigue se déroule en 2048 et que les extraterrestres y aient un rôle, les faits sont tristement d'actualité dans certaines régions du monde.

L'auteur
Hazem Ilmi est un pseudonyme. L'auteur est un neuroscientifique égyptien. Il est né au Caire, ville où il a vécu jusqu'en 2014. Il vit et travaille maintenant à l'étranger. Le 33è mariage de Donia Nour est son premier roman.

18 commentaires:

  1. Moi aussi je trouve ça très attirant l'accumulation anticipation tet Egypte ( = en plus, je ne connais pas d'auteurs égyptiens) mais il y a trop de bémols dans ton billet pour que je cède...

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    1. J'avoue, ça me navre de le dire mais c'est une lecture qu'on peut largement contourner...

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  2. Comme maggie, et c'est bien dommage... le truc à la paulo c aurait suffi à me larguer) Dans les années 80/90 quand je lisais de tout (même pas honte) j'ai tenté le gars et abandonné...

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    1. Il faut bien lire un peu de tout au début pour savoir ce qui nous correspond ou non, et apprendre aussi à se méfier de certains best-sellers et de leurs critiques dithyrambiques.:) À l'époque de Paulo, je n'arrivais pas à abandonner une lecture. Visiblement, aujourd'hui non plus.:)

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  3. Ah oui, la référence à Paulo Coelho... c'est rédhibitoire;-)

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    1. En vrai, ça fait tellement longtemps que je l'ai lu que je ne me souviens plus très exactement de son style, ni du contenu. Ce n'est peut-être pas très exactement comparable mais oui, dès qu'on est un peu dans la philosophie gentillette, ça me fait penser à lui.:)

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  4. Je suis contente, j'ai failli l'ajouter à ma PAL, puis finalement, je me suis dit qu'il serait bientôt à la bibliothèque et je n'ai jamais lu ... Je l'ai échappé belle, parce que plus que Coehlo que le "j'ai failli me faire lapider dans le futur ..." m'aurait arrêté dans ma lecture. Récemment, j'ai écouté Un monde après l'autre de Jodi Tailor et je n'ai pas aimé rien que pour ce type de phrase alors que l'idée est très bonne.

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    1. J'ai failli arrêter aussi mais la curiosité et l'espoir ont été plus forts.:) Un roman d'anticipation égyptien, c'est quand même assez rare pour qu'on ne persévère pas. :) J'ai juste ajusté mes attentes et, sans trop réfléchir, je suis vite arrivée à la fin. En fait, davantage qu'à Coelho, il m'a surtout fait penser à cette myriade de romans divertissants aux titres à rallonge qui font souvent dans la comédie légère, pas très raffinée.

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  5. et l'écrivain est allemand? Bon, je passe sans regrets ni scrupules… C'est pour ça que j'évite de miser sur le hasard même si ça m'arrive aussi encore de craquer sur un titre ou une couverture, évidemment !

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    1. Ah moi j'aime beaucoup miser sur le hasard (aidée de mon intuition tout de même^^) mais c'est vrai que je ne tombe pas sur la pépite à tous les coups. Ce n'est pas grave, ça fait partie du jeu.:) J'aime vraiment errer dans les rayons, à l'écoute de l'appel DU Livre.^^
      Sinon l'auteur est Égyptien mais vit (a priori) en Allemagne. Il a probablement obtenu la nationalité allemande depuis mais aucun site ne le confirme.

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  6. ah oui moi aussi j'aime errer dans les rayons, je rêve de me trouver enfermée seule dans une bibliothèque ou une librairie!

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    1. Haha ! Dans les bibliothèques, je me sens à l'aise pour traînailler mais en librairie, les petites du moins, j'ai toujours l'impression qu'ils pensent que je suis à la recherche d'un livre spécifique alors que non, j'erre.^^

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  7. Une vraie curiosité mais je vais passer mon tour si ça ne te dérange pas^^

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  8. Dommage pour la déception, le pitch était tentant !
    As tu remarqué que la couv' est la même que pour "dans le désert" de Julien Blanc Gras, le pingouin en moins !

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    1. Ah oui en effet ! Pour la version poche du moins. La couverture de mon édition était différente.

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  9. Hey! C'est Sébastien du lindy ^^ Je vais me lancer dans la lecture de ton blog :) Dommage que le livre soit décevant le point de départ est intéressant. Dans le style SF je te recommande la lecture du Déchronologue, SF x Pirates des Caraïbes. Parfois difficile à suivre (les chapitres sont volontairement mélangés) mais puissant en termes d'imaginaires. A plus tard dans BookLand :)

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    1. Trop drôle de te voir par ici.^^ Bon, ne t'attends à rien d'aussi palpitant que GOT, hein ! C'est surtout un espace mémo de mes lectures avec mes impressions en vrac, rien de très recherché.;)
      Top pour ta recommandation, merci ! J'ai jeté un oeil sur le résumé, je ne connaissais pas du tout, et en effet, c'est tout à fait susceptible de me parler.
      À bientôt dans Bookland, oui.:)

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