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AUTEURS ET THÈMES PAR PAYS

dimanche 29 mars 2009

OUT


OUT

traduit du japonais par Ryôji Nakamura et René de Ceccatty


Présentation de l'éditeur
"Toutes les nuits, quatre femmes - Masako, Yoshié, Kuniko et Yayoi - remplissent des paniers-repas dans une usine de Tôkyô. Différentes, elles le sont, mais elles ont un point commun : qu'ils boivent, les trompent, les battent ou les abandonnent, leurs maris les traitent comme des objets sans intérêt maintenant qu'elles ont vieilli. Toutes vivent le malheur d'être femmes dans un pays qui leur reconnaît peu de droits. Un jour, ce qui devait arriver arrive : l'une d'entre elles, Yayoi, finit par étrangler son mari, Kenji.
Pendant ce temps, l'ex-nervi Mitsuyoshi Sataké refuse l'amour d'une de ses entraîneuses. Et se trouve pris dans la spirale d'horreurs qui suit le meurtre de Kenji. Ainsi est lancée la dynamique terrifiante qui verra ces cinq personnages s'affronter dans une lutte à mort pour la liberté, l'amour, le pouvoir et l'argent."


Assez habituée maintenant et bonne cliente de l'ambiance énigmatique et un poil déroutante des romans japonais, je n'ai pas été en reste avec cette intrigue élaborée par la première romancière japonaise que je lis, Natsuo Kirino.

Plus thriller psychologico-social que polar pur et dur, ce roman dresse le portrait de quatre femmes japonaises entre 30 et 50 ans qui sembleraient incarner certaines réalités de la condition féminine au Japon. J'ai trouvé cet aspect intéressant car rarement évoqué de façon aussi flagrante. Peu considérées, surtout à mesure qu'elles prennent de l'âge, les Japonaises subissent le joug de la domination des hommes, indifférents à leur sort de femmes blessées. La haine des hommes et l'amertume liée au sentiment d'être prisonnières d'une spirale sans issue alimentent leur quotidien sans qu'elles n'en laissent rien vraiment paraître.

Rien de plaintif ou de revanchard dans cette écriture pourtant, l'auteure rebondit sur cette réalité pour développer une intrigue peu banale où quatre collègues de travail se retrouvent embarquée malgré elles dans un tourbillon d'événements qui commencent par le meurtre du mari de l'une d'entre elles par cette dernière. Motivées par l'appât du gain ou pour des raisons plus obscures, les trois autres se retrouvent impliquées dans la disparition de son corps. Se greffe à cette histoire, celle d'un gérant d'un établissement de jeu, profondément psychopathe dégénéré que l'on va accuser de ce meurtre et qui va tout faire pour mettre la main sur les coupables.

Avec une efficacité redoutable, sans pourtant déployer les grands moyens littéraires, Natsuo Kirino retient notre attention tout au long du récit en nous attachant à ses personnages dont elle dresse un portrait psychologique précis et soigné, d'un réalisme saisissant et convaincant. Je visualisais particulièrement bien la superficielle Kuniko qui m'a beaucoup amusée et Yoshié, l'aînée des quatre, dont l'histoire difficile avec sa belle-mère et ses filles m'a particulièrement marquée. J'ai beaucoup aimé la façon dont les rapports entre ces quatre femmes très différentes les unes des autres ont évolué au cours du récit, l'histoire progresse sans à-coup et de façon très crédible autour de toute une galerie de personnages très divers, c'est particulièrement appréciable.

Étonnant aussi la façon dont Natsuo Kirino décrit les scènes d'horreur. C'est cru et sans détour, on en fermerait presque les yeux, et pourtant, c'est sans emphase, avec une simplicité dans le choix des mots et un naturel déroutant, qu'elle en parle.

Un autre aspect de cette histoire que j'ai trouvé très intéressant aussi, c'est celui des Brésiliens d'origine japonaise dont l'auteure aborde le thème dans ce roman. Encore une fois, c'est un sujet dont je n'ai jamais rien lu dans les romans japonais, et au travers d'un employé de l'usine où travaillent nos quatre femmes, l'auteure développe cette autre thématique sociale de façon très éclairante. J'ai beaucoup aimé l'histoire de cet homme d'ailleurs qui m'a beaucoup touchée.

C'est un roman vraiment très riche et instructif culturellement parlant sous des dehors de thriller ordinaire.
Ordinaire? Ben en fait, pas tant que ça... !
Je trouve ça étrange de dire ça d'un thriller, en particulier aussi sanglant, mais j'ai envie de dire que c'est, bizarrement, une belle histoire, dont plusieurs personnages et événements m'ont beaucoup touchée. La fin me paraît un peu fantasque mais elle se tient et participe aussi à mon sentiment de "belle histoire".

Repéré chez BRM et MAM, également commenté par Dominique.

L'auteure
Née en 1951 et auteur de Disparitions, Natsuo Kirino a remporté avec Out le Grand Prix du policier au Japon. Best-seller au pays du Soleil-Levant, Out s'est vendu à plus de 500 000 exemplaires.

Lu dans le cadre du défi 
DAL - 7 / reste 07  )

12 commentaires:

  1. ce livre-là, quelqu'un me l'a recommandé pour me réconcilier avec la littérature japonaise. Je l'ai noté, on verra bien...

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    1. Qui t'a fait du mal côté littérature japonaise? ^^ Pas Haruki Murakami, j'espère! C'est mon grand auteur chouchou!
      Je ne sais pas si ce roman-ci te réconciliera avec les romans japonais, leur univers est en effet assez particulier et celui-ci n'échappe pas à la règle, mais comme je disais dans mon billet, c'est très instructif culturellement parlant et rien que pour ça, ça vaut le détour.

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    2. Haruki Murakami est le seul écrivain japonais qui me plaise... mais j'essaie d'en découvrir d'autres aussi bien, sans succès à ce jour...

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    3. Aussi bien c'est difficile, c'est vrai qu'il place la barre assez haut! ^^
      On dit beaucoup de bien de Yoko Ogawa mais je ne l'ai pas encore lue (ça va venir un jour...), et j'ai beaucoup aimé La femme des sables de Abe Kobo (un auteur dont j'aimerais lire les autres oeuvres) (idem... un jour).
      Sinon j'ai plutôt apprécié les autres auteurs que j'ai lus sans que ce soit forcément des coups de coeur, j'aime bien l'atmosphère des romans japonais en tout cas, je pense à Soseki ou Miyamoto Teru - il n'y a que Kawabata qui ne passe vraiment pas et je n'ai pas trop aimé le seul roman court de Miyabe Miyuki que j'ai lu. Mais il m'en reste plein plein d'autres à découvrir aussi...

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  2. Allez, je me laisse faire, ce sera une découverte!

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    1. C'est spécial mais je pense que tu apprécieras.
      Hâte de lire ton commentaire, négatif, positif ou mitigé!:)

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  3. Un roman foisonnant avec toute une galerie de personnages très fouillés (plusieurs points de vue sont alternativement donnés sur cette histoire) qui gravitent autour de ces quatre femmes. Quatre beaux portraits féminins, même si la peinture n'est pas très reluisante.

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    1. Peinture pas très reluisante, et tant mieux, c'est justement ce côté sans concession que j'ai apprécié.
      Ces portraits féminins sont du coup très crédibles, des portraits ni tout blanc ni tout noir, juste réalistes, avec leurs défauts et leurs qualités, leurs forces et leurs faiblesses. Elles nous touchent, nous fascinent, on les exècre ou on s'apitoye sur leur sort, en tout cas, elles ne laissent pas indifférentes.
      Merci pour cette découverte!

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  4. C'est quand même gênant que l'on ait accès à ce livre à partir de la traduction anglaise....si je ne me trompe, c'est bien le cas??? Dommage car cet auteur m'intéresse (je ne mets pas le féminin, désolé) mais je vais chercher une traduction directement du japonais au français pour l'aborder

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    1. Non non, le titre prête à confusion et n'est d'ailleurs pas très loquace (je n'ai pas bien compris son choix).
      Je n'ai pas fait attention au titre original mais la 4è de couv' précise bien que c'est traduit du japonais par Ryôki Nakamura et René de Ceccatty.

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    2. Je m'étais donc trompé, heureusement...mais après recherche, car j'avais bien entendu parler d'un problème de traduction pour Kirino, c'est "Monstrueux" qui a été traduit du japonais à l'anglais puis au français. D'autant plus étrange qu'il y a quand même des traducteurs français-japonais...

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    3. Effectivement, je viens de vérifier pour Monstrueux, c'est d'autant plus étonnant que c'est le même éditeur! Bon ben ça ne m'incite pas à le lire non plus. Je ne vois pas l'intérêt de lire la traduction d'une traduction, déjà qu'on perd beaucoup à lire une traduction...

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