L'HOMME QUE L'ON PRENAIT POUR UN AUTRE
Repéré chez Liliba, j'ai tout de suite su que ce livre allait me plaire - et bingo ! Voilà un auteur que je garde dans mes petits carnets et dont j'ai très envie de lire les autres romans.
Quatrième de couv':
"Deux yeux, un nez, une bouche, ça rappelle forcément toujours quelqu'un à quelqu'un."
Mais notre homme - au fait, a-t-il un nom (ça m'échappe là) ou est-il anonyme au point que son nom n'a aucune sorte d'importance? De toute façon, on ne le prend jamais pour lui - est particulièrement mal loti. La banalité de ses traits, son visage si commun, fait qu'on le prend systématiquement pour un autre, mais ce qui est particulièrement jouissif, c'est que de guerre lasse, notre personnage finit par se résigner à son terrible sort et accepter d'être celui pour qui on l'a pris.
Cela entraîne des situations tordantes (pas forcément pour notre homme mais du moins pour le lecteur), desquelles il a bien du mal à se dépêtrer.
"Voilà comment, d'une heure à l'autre, quand on la tête que j'ai, on se retrouve, époux, père, et chef de famille, sans avoir rien demandé à personne."
J'ai adoré les passages à l'hospice quand il rend visite à sa vieille tante, les échanges avec le facteur, la façon dont l'auteur narre l'histoire de cet homme qui a ce quelque chose de Pierre Richard dans ses meilleurs comédies, dans ses attitudes d'homme résigné.
"Je n'y peux rien, c'est un réflexe, c'est comme ça. Lorsque l'on me bouscule ou qu'on me marche sur les pieds, systématiquement, c'est moi qui dis pardon. Mais cette fois, au moment où nos épaules se heurtent, je ne sais pas ce qui me prend, je me retourne et je proteste. L'homme s'arrête net, se retourne et me fixe droit dans les yeux. Et déjà je regrette mon audace. Il revient sur ses pas, lentement, s'approche de moi, ses yeux toujours plantés bien au centre des miens, et sans dire un seul mot, il s'approche encore, jusqu'à une distance idéale pour m'asséner le coup de tête auquel je m'attends maintenant d'une seconde à l'autre, pendant que mes mains, résignées, déjà fouillent mes poches à la recherche du mouchoir dont je vais avoir besoin pour me tamponner le nez."
Le style de l'auteur m'a énormément plu, l'humour est fin et continuellement présent, ça m'a quelque peu évoqué Raymond Devos, les situations prêtent vraiment à sourire largement !
On ressent énormément de sympathie pour ce personnage très ordinaire, un peu lunatique, bonne pâte, honnête, qui ne demande rien à personne, gentil, aimable, la victime type, qui se sent toujours coupable d'être confondu avec d'autres, et qui a l'art de la digression. Le style de l'auteur m'a vraiment séduite (possible que je me répète ^^), son souci du détail dans son récit n'est pas pesant, au contraire on se délecte à chaque phrase, et j'ai vraiment aimé entre autres la façon dont notre personnage passe d'une idée à l'autre sans pouvoir s'en empêcher.
Il y a quelque chose du sketch dans ce récit, notamment dans un passage (l'épisode du "cambrioleur") qui m'a évoqué "La chauve-souris" de Bigard mais raconté par Devos, et que j'ai trouvé truculent !
L'auteur
Quatrième de couv':
"Deux yeux, un nez, une bouche, ça rappelle forcément toujours quelqu'un à quelqu'un."
Mais notre homme - au fait, a-t-il un nom (ça m'échappe là) ou est-il anonyme au point que son nom n'a aucune sorte d'importance? De toute façon, on ne le prend jamais pour lui - est particulièrement mal loti. La banalité de ses traits, son visage si commun, fait qu'on le prend systématiquement pour un autre, mais ce qui est particulièrement jouissif, c'est que de guerre lasse, notre personnage finit par se résigner à son terrible sort et accepter d'être celui pour qui on l'a pris.
Cela entraîne des situations tordantes (pas forcément pour notre homme mais du moins pour le lecteur), desquelles il a bien du mal à se dépêtrer.
"Voilà comment, d'une heure à l'autre, quand on la tête que j'ai, on se retrouve, époux, père, et chef de famille, sans avoir rien demandé à personne."
J'ai adoré les passages à l'hospice quand il rend visite à sa vieille tante, les échanges avec le facteur, la façon dont l'auteur narre l'histoire de cet homme qui a ce quelque chose de Pierre Richard dans ses meilleurs comédies, dans ses attitudes d'homme résigné.
"Je n'y peux rien, c'est un réflexe, c'est comme ça. Lorsque l'on me bouscule ou qu'on me marche sur les pieds, systématiquement, c'est moi qui dis pardon. Mais cette fois, au moment où nos épaules se heurtent, je ne sais pas ce qui me prend, je me retourne et je proteste. L'homme s'arrête net, se retourne et me fixe droit dans les yeux. Et déjà je regrette mon audace. Il revient sur ses pas, lentement, s'approche de moi, ses yeux toujours plantés bien au centre des miens, et sans dire un seul mot, il s'approche encore, jusqu'à une distance idéale pour m'asséner le coup de tête auquel je m'attends maintenant d'une seconde à l'autre, pendant que mes mains, résignées, déjà fouillent mes poches à la recherche du mouchoir dont je vais avoir besoin pour me tamponner le nez."
Le style de l'auteur m'a énormément plu, l'humour est fin et continuellement présent, ça m'a quelque peu évoqué Raymond Devos, les situations prêtent vraiment à sourire largement !
On ressent énormément de sympathie pour ce personnage très ordinaire, un peu lunatique, bonne pâte, honnête, qui ne demande rien à personne, gentil, aimable, la victime type, qui se sent toujours coupable d'être confondu avec d'autres, et qui a l'art de la digression. Le style de l'auteur m'a vraiment séduite (possible que je me répète ^^), son souci du détail dans son récit n'est pas pesant, au contraire on se délecte à chaque phrase, et j'ai vraiment aimé entre autres la façon dont notre personnage passe d'une idée à l'autre sans pouvoir s'en empêcher.
Il y a quelque chose du sketch dans ce récit, notamment dans un passage (l'épisode du "cambrioleur") qui m'a évoqué "La chauve-souris" de Bigard mais raconté par Devos, et que j'ai trouvé truculent !
L'auteur
Joël Egloff est né en Moselle en 1970 et vit aujourd'hui à Paris. Après des études de cinéma, il exerce différentes activités dans l'audiovisuel, tout en écrivant des scénarios, puis son premier livre en 1999, à partir duquel il se consacre entièrement à l'écriture.
Dans ma LAL et bientôt dans ma PAL, j'ai hâte!
RépondreSupprimerJ'espère que tu apprécieras autant que moi! Hâte de découvrir ses autres titres de mon côté!
SupprimerEffectivement, les extraits que tu as choisis sont excellents !
RépondreSupprimerEt encore, il paraît que ce livre n'est pas le meilleur de l'auteur ! Ayant été déjà pleinement satisfaite de ce que j'ai lu, je salive d'avance à l'idée de lire ses autres romans.
SupprimerTu me croiras aisément si je te dis que j'aime cet auteur et qu'il me fait rire! j'aime son humour, euh, spécial. M'étonne pas que toi aussi.
RépondreSupprimerBon autant te le dire, j'en ai lu d'autres et celui que tu présentes n'est pas le meilleur... Je te conseille L'étourdissement (pour lequel on peut penser à des sketches parfois, voir ton article), Les ensoleillés, et Edmond Ganglion et fils, une histoire de croque morts et de cercueil baladeur qui devrait te plaire, en tout cas moi j'adore...
Ta LAL s'allonge , mais c'est pour ton bien, ne me remercie pas!
Mais oui, je ne sais pas comment j'ai fait pour passer à côté jusqu'à présent! C'est tout à fait mon genre d'auteurs.
SupprimerJe compte bien lire ses autres romans, celui-ci m'a déjà vraiment énormément plu, j'ai vu chez Liliba qu'elle non plus ne le considérait pas comme son meilleur, tant mieux donc, je ne pourrai pas être déçue!
Pour ce genre de livres, ma LAL s'allonge mais ne tire pas la tronche, ça va!
La référence à Raymond devos attise ma curiosité...
RépondreSupprimerOui, enfin, il y a certainement mieux comme comparaison, là je suis peut-être allée chercher loin , j'ai aussi pensé par moment à Serge Joncour. Bref, auteur à découvrir de toute façon!
SupprimerSerge Joncour ???? Connais pas !
SupprimerUn autre auteur français dont le seul livre que j'ai lu, Situations délicates, m'a évoqué aussi les sketches. Il a d'ailleurs publié un livre, cette année, dont le titre et le thème (L'homme qui ne savait pas dire non) ne sont pas sans rappeler le roman que je viens de commenter. Je le lirais bien, à l'occasion.
SupprimerLa correspondance avec Devos, bien vu : le raisonnement poussé jusqu'à l'absurde : je me suis régalé.
RépondreSupprimerOui, hâte de découvrir les autres livres de cet auteur, tout le monde s'accorde pour dire qu'ils sont meilleurs! Yummy alors!
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