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AUTEURS ET THÈMES PAR PAYS

mercredi 12 septembre 2012

CHRONIQUE DU PAYS DES MÈRES


CHRONIQUES DU PAYS DES MÈRES

Des Vertes, des Rouges, des Bleues, et même des Verts et des Bleus, mais bien bien moins nombreux, ceux-là...
La Mère, la Mémoire, la Médecine, les Familles, les récupératrices, les exploratrices...    
Une bébé, des enfantes, de six, sept, neuf années, des chevales, des animales, des hivernes, des printales...

Vous êtes au Pays des Mères. L'atterrissage, bien qu'en douceur, pourra être quelque peu déroutant au début. J'ai eu l'impression d'avancer en territoire vaguement familier, comme une variante de notre monde, mais inversé, à commencer par cette langue où le féminin prédomine sur le masculin, ce qui m'a personnellement beaucoup troublée. La population de ce territoire est majoritairement féminine, les hommes (les Mâles) se comptant presque sur les doigts de la main.
Les premières questions fusent dans ma tête, presque en même temps que celles de Lisbeï dont on va suivre l'évolution dans ce monde plein de mystères. Elle a cinq ans (années, quoi) quand elle commence à prendre conscience de son univers et le découvrir, et nous avec elle.
  
J'ai bien aimé les parallèles entre les acquis de notre monde, et ceux du Pays des Mères, notamment justement sur ces questions de féminin et masculin (je suis d'ailleurs assez curieuse de la traduction anglaise), sur la domination des hommes dans nos sociétés, et celui des femmes dans le pays de ce roman, la restructuration et la réorganisation que cela implique, les réflexions que cela soulève sur la façon dont on est conditionné dès la naissance pour accepter notre monde tel qu'il est, et puis, la place de la religion, Elli, le pendant féminin de notre "Dieu", l'histoire de Garde, presque une réplique au féminin de Jésus, quoique l'histoire est complètement autre.

Cette forme de féminocratie n'a rien de revanchard mais elle fait réfléchir sur une vision d'un monde où la femme aurait (eu) la place sociale actuelle de l'homme, vision qui n'a finalement rien d'incongru et qui n'est pas totalement inconcevable (à quelques détails près).
Le comportement, la réaction des hommes m'a beaucoup fait penser à celle des femmes dans les sociétés machistes. Cette volonté de domination constante d'un sexe sur l'autre, presque inconsciente, qu'on finit par trouver normale, et qui cause pourtant plein de souffrance et d'injustice, semble inéluctable.

Et puis, au fur et à mesure qu'on découvre que ce Pays des Mères n'est pas né du néant, qu'il est lié à notre Histoire, et que rien n'est anodin dans tout ce contexte, le récit devient encore plus intrigant. J'ai bien aimé l'idée du vieux frangleï, l'étonnement de Lisbeï à l'idée de la prédominance du masculin sur le féminin - qui lui paraît farfelue (là je dois dire que j'ai bien ri !) - la perpétuation de contes et récits connus des millénaires dans le futur, le questionnement du fonctionnement d'objets du passé, entre autres...
Que s'est-il passé depuis notre époque ? Comment en est-on arrivé aux Harems ? Puis aux Ruches ? Puis au Pays des Mères ?  Qui est réellement Garde ? Qu'y a-t-il dans ces Mauterres et Grandes Mauterres ? Et ces Mutations ? Et la Maladie ? Qu'en est-il vraiment ?    
  
Si j'étais un peu fatiguée par moment, surtout la première moitié du livre, par cet univers trop féminin à mon goût (pas qu'elles soient gnangnan mais ça manquait d'hommes pour moi :D) et que parfois j'avais du mal à me sentir dedans, concernée, connectée, et qu'en plus, je ne m'attachais à aucun personnage réellement, leur monde nimbé de mystères me rendait attentive tout de même.
Dans ses carnets, Lisbeï témoigne de son époque qui ne la satisfait pas pleinement et essaie également d'en défricher les zones d'ombre. Ce sont ces parties où elle tente de reconstituer l'Histoire, le passé, qui m'ont accrochée, car déjà, on y participe activement en tant que lecteur, mais c'est là aussi que j'ai vu que l'auteure, Elisabeth Vonarburg, avait de la suite dans les idées et qu'elles sont vraiment intéressantes.
Rien n'est laissé au hasard, tout a un sens, même si on est sceptique au début, et il y a vraiment matière à réflexion. Malheureusement, elle ne nous donne pas toutes les clés des questions suscitées.


La fin, la dernière partie, m'a bien bluffée, j'ai dû la relire 3 ou 4 fois pour être bien sûre de ce que j'avais compris. Elle est même tellement incroyable qu'il semblerait que je DOIVE absolument lire le tome précédent de cette romancière de SF québécoise, Le silence de la Cité(sigh).   


L'auteure
Elisabeth Vonarburg est une des figures les plus marquantes de la science-fiction québécoise. Née à Paris en 1947, elle vit au Saguenay, Québec, depuis 1973. Elle est également connue sous le pseudonyme de Sabine Verreault.

14 commentaires:

  1. Même commentaire que chez karine:) récemment : j'ai lu Le silence de la cité, et découvre cette histoire qui viendrait après... Que dois je faire? Tout relire? Dans quel ordre?
    Help!

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    1. :D Si tu as déjà lu Le silence de la cité, à mon avis, embraye direct sur Chroniques du Pays des Mères, et si l'envie te prend de revenir au tome précédent, tu pourras au moins le survoler rapidement, vu que tu en connaîtras déjà l'histoire.

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  2. Finalement, c'est limite positif, ton affaire :)))

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    1. Ça a même dépassé la limite du positif, mais c'est vrai que ça n'a pas été un coup de coeur terrassant comme j'avais espéré au vu de votre enthousiasme à toutes. Dommage, j'aurais bien aimé vibrer moi aussi, mais j'ai assez aimé pour regretter qu'il n'y ait pas de suite.

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  3. Tu m'intrigues et me donne bien envie là. Et si j'ai bien compris, j'aimerais bien aussi voir la traduction anglaise....

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    1. Je viens de glaner les avis anglophones et ils sont plutôt enthousiastes. Une personne mentionne le fait que l'auteur a fait un travail extraordinaire sur le langage. La traduction anglaise doit donc être réussie... J'ai du mal à voir par quelles astuces...
      En terme de SF, je pense que c'est le genre qui te plairait. Par contre, ça prend un peu de temps à lire...:)

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  4. Ah Combien de pages ? Ce serait bien si rien que pour moi, tu pouvais mettre le nombre de pages des bouquins sur tes billets !!!;)

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    1. De mémoire, autour de 500 pages. Ce n'est pas particulièrement pavéesque mais perso j'ai mis du temps à rentrer dedans et j'avais une impression de lecture lente.
      Pour les infos pages, c'est vrai que je ne les renseigne pas, tout comme le nom de l'éditeur, parce que pour moi ce sont des infos qu'on peut trouver partout sur le net. Je n'en parle que quand ça a marqué ma lecture d'une manière ou d'une autre. Je mettrai le nombre de pages en clin d'oeil quand j'aurai l'impression que le livre pourrait t'intéresser.;)

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  5. C'est intrigant mais je ne suis pas sûre que ça me plairait...
    Bonne semaine.

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    1. J'avoue que j'aurais du mal à dire... Il me semble que tu saurais apprécier quand même.
      Bonne semaine à toi !

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  6. Ah ! tiens il me semble en avoir entendu parler il n'y a pas si longtemps :D
    Ca parait intéressant comme sujet surtout si ça incite à réflexion. Par contre la fin de ton commentaire me freine un peu. Est-ce le bon livre pour commencer ?:)

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    1. Mais oui c'est vrai, j'étais en pleine lecture de ce roman quand on était à l'expo !
      Pour ce qui est de l'ordre de lecture, la plupart des fans s'entendent pour dire qu'il vaut mieux commencer par celui-là. Je ne saurai jamais si c'était mieux ou non, vu que j'ai suivi leurs conseils et qu'il est trop tard pour expérimenter l'inverse. Cela dit, je n'ai pas du tout eu l'impression de lire "une suite" en abordant ce roman. Ça peut se lire comme un roman unique. Tout comme le précédent tome j'ai l'impression. Mais bien sûr, a priori, ça aide à comprendre certaines choses de lire les deux...

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  7. Ah le fameux pouvoir des femmes qui s'étend jusqu'aux règles grammaticales... ! C'est bien trouvé le mot "féminocratie" ;) C'est sûr qu'il faut parfois rester bien concentrée en lisant le livre... mais c'est quand même agréable de se questionner autant. Et puis l'univers proposé sans cliché, quel tour de main !

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    1. Ah, "féminocratie"... Je l'avais en fait entendu dans un film (québécois justement) le soir même où j'allais rédiger ce billet. Un des personnages l'avait utilisé pour parler du système dans un établissement scolaire où les femmes dominaient en nombre et faisaient un peu leur loi. Ça a fait tilt ! Et oui, sinon c'est un livre qui fait bien cogiter, c'est ce que j'aime dans la bonne SF et ça me navre toujours quand les gens sont réticents à ce genre ou le voient comme une sous-catégorie...

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