LE SINGE DE HARTLEPOOL

LE SINGE DE HARTLEPOOL

Ça faisait longtemps que j'étais curieuse de cette BD qui avait soulevé un enthousiasme général sur la blogo, et je dois dire que j'en attendais énormément, sans savoir quoi précisément, mais je ne doutais pas que j'aurais moi aussi un coup de coeur.

Je le repère enfin à la bib', et là, première déconvenue, je ne le trouve pas très épais. Bon, ça m'arrangeait qu'il ne fasse pas 500 pages mais il me semblait que j'allais le finir en 30 minutes (je me suis même tâtée à le lire sur place), et un coup de coeur en 30 minutes, j'avais un doute. Je feuillette, deuxième déconvenue, peu de dialogues, beaucoup d'images muettes dans des cases assez larges. Bon, ça m'arrangeait aussi qu'on ne soit pas dans le blabla mais bon, là ce n'était plus à 30 minutes que j'évaluais la lecture, mais à 20 minutes en comptant large. Un coup de coeur de 20 mn ? Ça me paraissait franchement court pour pouvoir développer toute la batterie d'émotions qui mènent vers le cri du coeur.

Bref, c'est dans cet état d'esprit que j'embarque la BD et que je m'y plonge, et si, au final, j'ai trouvé un certain charme aux illustrations et à leurs couleurs, que le rythme des dialogues m'a convenu et que le récit en lui-même et sa mise en scène m'ont convaincue, je suis tout de même loin du coup de coeur absolu.

Pour resituer le récit brièvement, cette BD illustre une légende célèbre du Nord de l'Angleterre (que j'ai eu la surprise et le plaisir de découvrir ici) dans laquelle un singe échoué au large des côtes du village anglais de Hartlepool en 1814 est pris pour un félon de Français, tout simplement parce qu''il est vêtu de l'uniforme français qu'il portait en tant que mascotte sur le navire de la flotte napoléonienne qui a fait naufrage. Les villageois, fiers nationalistes et profondément anti-français, improvisent rapidement un procès pour le juger et le condamner.

Le récit est intelligent, bien traité et développé, avec ce qu'il faut d'humour dans ce qui, au fond, est une véritable tragédie, une preuve affligeante de la bêtise humaine quand elle est confrontée au racisme aveugle. Les clichés sur les Français m'ont bien fait rire, notamment sur la cuisine française, les grenouilles plus précisément. Le procès, ou plus exactement, la parodie de justice. m'a bien amusée, l'atmosphère et le contexte de l'époque sont bien rendus, et j'ai bien apprécié le petit clin d'oeil à Darwin à la fin.

Une lecture très positive mais comme je le pressentais, trop courte pour que ne mûrisse véritablement le coup de coeur en moi.