LE PEINTRE ET LE PIRATE
traduit du grec par Sophie Goldet et Michel Volkovitch
Aaaaaah ! Ce roman a manqué de peu figurer dans mon palmarès de mes meilleures lectures de ces derniers mois. Je n'en avais lu peut-être que 5 pages que je clamais partout avoir trouvé LA pépite de l'année (... 2014 - ce billet ayant été amorcé il y a près de deux mois...) et ronronnait de contentement, psalmodiant à qui voulait bien l'entendre que ce livre était excellent-excellent-excellent (comprendre, à lire absolument !!).
Dès les premières pages en effet, j'ai aimé ce ton délicieusement malicieux, coquin, moqueur, virant petit à petit vers le "assez gravement barré", et de sourire enchanté, mes lèvres ont vite pris le rictus de la hyène hilare tandis que mon corps se gondolait sans retenu dans le métro (c'était quelque chose...).
Ce n'était pas gagné pourtant car les histoires de piraterie et de bateaux ne sont pas trop ma tasse de thé habituellement. Mettez-y un peintre cependant, et toute la face du monde en est changé ! Imaginez des pirates bien barbares comme il faut, qui se complaisent et se félicitent des atrocités qu'ils commettent au quotidien, qui ne se remettent jamais en question, leur barbarie est leur nature, elle ne se discute pas, ils n'y voient d'ailleurs rien de mal, et visualisez ce peintre sommé par Costandis, le chef des pirates, de peindre en live leur quotidien, un peintre pas spécialement petite nature, mais avouez que n'importe qui de normalement constitué tournerait de l'oeil à sa place. Hé bien ce peintre, pas spécialement saint homme non plus, au moment où l'on s'y attend le moins, va changer le cours de leur destin. Du jour au lendemain, v'là-ti pas que nos barbaresques pirates vont se transformer en de véritables dévots, pleins d'ardeur religieuse, se mettre à réciter des prières en latin et s'émouvoir d'un rien, telles des demoiselles en détresse. Le naturel revient vite au galop mais la fièvre religieuse est telle qu'ils se reprennent bien vite.
C'est loufoque, rocambolesque, barré à souhait, on est à la frontière de l'absurde, mais c'est aussi fin, très fin, un régal d'écriture, plein de verve, de vie, très imagé !
La 4è de couv' parle "d'humour noir et rire jaune, dérision et faux-semblants. Le Peintre et le Pirate, c'est Dostoïevski joué par Guignol, Beckett raconté par Voltaire, Stevenson revisité par Kafka" - voilà qui donne une idée de ce à quoi on peut s'attendre.
Las (copyright Keisha), comme c'est souvent le cas de ces recettes ingénieuses, à un moment donné, mais on était déjà bien avancé, la lassitude aidant peut-être, la sauce ne prenait plus vraiment. Il y a aussi eu un petit basculement dans le récit, une orientation dans l'intrigue qui m'a moins enthousiasmée, bien que le ton et le style restaient le même.
Il n'empêche que c'est une lecture dont je garderai un souvenir fort dans le genre barré, original et inattendu, à l'écriture savoureuse, et dont je suis ravie de la découverte ! J'ai beaucoup aimé la personnalité de l'auteur qui transparaissait à travers ce récit, un côté farceur, qui s'éclate en écrivant, et en même temps subtil et intelligent. Ces Grecs ont de la ressource, je vous le dis, moi ! Je n'en ai pas lu énormément dans ce rayon, mais tout ce que j'ai lu m'a pour l'instant énormément plu et agréablement surprise.
Grèce => 7/28
L'auteur
Còstas Hadziaryìris, linotypiste de profession, est l'auteur de six romans. Le Peintre et le Pirate, achevé vers 1950 et publié à compte d'auteur avant d'être repris en 1963 (l'année de sa mort, à l'âge de cinquante ans) par la mythique librairie Hestia est l'un des livres les plus étranges de la littérature grecque. Un Objet Lisible Non Identifié, parodie philosophico-burlesque de roman d'aventures, et un chant du cygne aussi : après lui, découragé, Hadziaryiris cessera peu à peu d'écrire.
Bien, bien, bien, malgré tes bémols, c'est typiquement le genre de roman qui a tout pour me plaire. En plus il a été précédemment publié par feu Le serpent à plumes, ce qui est un incontestable gage de qualité pour moi.
RépondreSupprimerOui, la sélection éditoriale de Cambourakis est pas mal non plus. Beaucoup de reprises, de réédition de livres plutôt culte dans leurs pays. Jamais été déçue jusqu'à présent, mais je n'en ai pas lu beaucoup aussi il faut dire. Je pense aussi que ce petit livre te plairait bien.:-)
SupprimerLas! (c'est vrai que je dis ça? ^_^) ce bouquin n'est pas à la bibli et en dépit de ton bémolounet j'ai fort envie de le découvrir. Sinon, une razzia chez Ginkgo m'a fait acquérir des trucs prometteurs, encore au state de la PAL.
RépondreSupprimerSquatty a moins de 6 mois, une énergie folle (pourtant ma louloute est assez joueuse pour son âge). Il parait que les chatons dorment beaucoup, il n'a pas l'air au courant.
Oui, c'est vrai, ce n'est qu'un bémolounet qui n'a pas grande incidence sur le plaisir de lecture de cet ouvrage dans son ensemble.:-)
SupprimerBon, je vois que Squatty t'a définitvement conquise.^^ La louloute ne saurait résister plus longtemps ! Enfin, j'espère.;-)
Ta chronique m'aura appris un mot de vocabulaire : Linotypiste ! Ca c'est du métier quand même ^^
RépondreSupprimerSinon, comme je le craignais ton challenge Europe me donne plein de nouveauxx titres de livres et donc rallonge ma Wish .... Honnêtement, je ne sais pas si j'aurais l'occasion de le lire un jour mais ce que tu en dis est très convaincant. Même malgré le retournement de situation, tu donnes totalement envie de découvrir cette oeuvre loufoque ^^
Aaaah, tu es le mal tentateur des livres toi xD
Haha, il y a bien pire que moi sur la blogo, en attestent mes longues LAL et PAL.;-) Tiens, pour appuyer là où ça fait mal, oserais-je rajouter que ce livre est un court roman qui se glisse donc facilement dans la PAL ?:-P Ce challenge me fait découvrir aussi pas mal d'auteurs, et je rallonge aussi ma LAL au fur et à mesure de mes recherches.
SupprimerEt j'ai découvert aussi le métier de linotypiste !!^^