BOOK TRIPS

AUTEURS ET THÈMES PAR PAYS

lundi 20 juin 2016

CARNET DE SANTÉ FOIREUSE


CARNET DE SANTÉ FOIREUSE

J'ai toujours eu une fascination et une admiration sans borne pour ceux qui arrivent à rendre compte avec un certain humour des très lourdes épreuves qu'ils ont traversées dans leur vie, et qui parviennent à faire rire et même à vous faire du bien (truc de fou). Je ne sais pas comment ces gens font pour garder le sens de l'humour et de la dérision dans des situations pareilles. Ça me dépasse, mais je trouve ça formidable !
C'est le cas ici avec ce carnet de l'auteur, Pozla, qui raconte sa douloureuse descente aux enfers et sa tentative de faire surface alors qu'il est atteint de la maladie de Crohn, diagnostiquée sur le tard.

C'est assez atroce à dire mais qu'est-ce qu'il m'a fait rire ! Pour ma défense, je dirais que tout dans ce carnet a été travaillé de façon à ce que le lecteur rit plutôt qu'il ne s'apitoie sur son sort, même si au départ, ce carnet a surtout été un moyen pour Pozla de supporter sa maladie.

C'est un album assez brut, où l'auteur se livre avec une sincérité effarante, étalant son quotidien, ses maux, ses épreuves, ses peurs, ses démons, sa vulnérabilité, ses déceptions, son impuissance et ses états d'âme, sans honte ni fausse pudeur, et toujours avec un sens de la dérision qui force l'admiration. Malgré l'humour, Pozla ne cache toutefois pas que c'est une maladie particulièrement lourde et contraignante, autant pour soi que pour l'entourage.

J'ai trouvé ça très puissant sa représentation de la douleur avec ces organes comme exposés à vif, son corps et tout son être qui ne sont que kilomètres d'intestins rongés par la douleur. Pozla illustre sa souffrance à travers des métaphores visuelles très parlantes qui en disent plus longs que les mots. Vraiment, je ne sais pas comment on fait pour survivre à ce type de douleur quasi constante. C'est proprement inhumain.


Le récit de son séjour hospitalier est juste épique et m'a valu des grands moments hyène hilare ! Il est vraiment très fort côté humour ! J'ai trouvé très amusant sa représentation du corps médical comme une secte d'illuminés. Il ne leur fait pas la part belle mais il faut dire que son état est dû entre autres à diverses erreurs médicales. Malgré tout, il arrive à bien rendre compte de leur lot à eux aussi, et à leur reconnaître leurs qualités.
J'ai trouvé très juste aussi le parallèle qu'il fait entre l'hôpital et le milieu carcéral (et ça en dit long sur son état psychologique pendant son séjour).

Avertissement pour les âmes prudes, il y a beaucoup de moments scatos dans cet album, mais c'est le propre de cette horrible maladie qui crée de façon inexpliquée des lésions dans l'intestin  et qui vous condamne à passer une bonne partie de votre vie sur le trône.

Au fur et à mesure du récit, je me demandais vraiment comment ça allait se terminer pour l'auteur, tellement la situation me semblait désespérée, et je suis tellement contente pour lui maintenant qu'il a trouvé un certain équilibre de vie, mais je n'en dirai pas plus.

Un album formidable qui m'en a beaucoup appris sur la maladie de Crohn que je ne connaissais que de nom. Une vraie galère au quotidien, qui se résume à douleurs, impuissance, résignation et solitude face à la maladie. Le courage et la combativité de l'auteur, pour lui et pour sa famille, admirable de soutien, en étaient d'autant plus épatants !

L'auteur
Pozla, de son vrai nom Rémi Zaarour, né en 1982 à Amiens, est un artiste réalisateur et dessinateur de bande dessinée française.

12 commentaires:

  1. Un album qui semble tout à fait décalé et un billet au diapason qui donne très envie de le découvrir : merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. D'autres billets m'avaient donné envie de le découvrir. Un titre pareil déjà, ça sent le bon album ! Je ne regrette pas la découverte.:-)

      Supprimer
  2. Forcément scato, oui ; je connais en gros ce qu'est la maladie de Crohn (et ce n'est pas marrant au quotidien j'imagine très bien...)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ohlala mais c'est terrible cette maladie. Je n'en connaissais pas du tout les symptômes. Comme quoi les BD ont vraiment du bon.;-)

      Supprimer
  3. ça représentation de la douleur est incroyable, oui, c'est ce qui m'a le plus marqué d'ailleurs, avec l'humour et l'autodérision incroyablement bien menés de bout en bout malgré un sujet des plus casse-gueule. Un album vraiment excellent !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Complètement d'accord avec tout ce que tu dis ! On se rend bien compte de son calvaire, et en même temps quel humour ! Je n'en reviens toujours pas. Sa femme aussi m'a épatée !

      Supprimer
  4. On a beau me dire que c'est un chef-d’œuvre, je bloque complètement sur le dessin...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je peux comprendre, mais comme une écriture un peu difficile, après ça coule tout seul une fois qu'on est dedans. Et on est dedans assez vite.;-) C'est en tout cas un album qui vaut le détour rien que pour se rendre compte vraiment de ce qu'est cette maladie. Je recommande, je recommande !

      Supprimer
  5. Loi qui n'aime pas les BD d habitude, j'ai envie de courir acheter et lire celle ci !!
    Merci enormement de cette decouverte !! Je t en dirais des nouvelles !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'espère que tu apprécieras, mais je n'ai quasiment pas de doutes à ce sujet.:-) Hâte de découvrir ton avis !

      Supprimer
  6. Moi qui ai vécu pas mal de galères et séjours hospitaliers, je peux te dire que l'on y vit tellement de situation surréalistes que l'on se dit que cela en devient comique, et cela occupe le temps, change les idées, on focalise moins sur notre maladie. C'est ça la force de l'humain sans doute ! Continuer à voir le surréalisme et la propension comique d'une situation même si on aimerait être à l'autre bout du monde en pleine santé !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, tu dois en connaître un rayon sur le milieu hospitalier et la gestion de la maladie. Je n'ai fait qu'un petit séjour pour une opération et c'était déjà bien assez.:-) Quand on est atteint d'un mal difficilement supportable mentalement ou physiquement, je trouve ça extra de réussir encore à rire de ce qui nous entoure. Ce n'est pas donné à tout le monde. C'est une sacrée force, je trouve.

      Supprimer

Merci pour votre petit mot. Les commentaires sont modérés par défaut, mais j'y réponds toujours.