LE CHEVALIER INEXISTANT
traduit de l'italien par Maurice Javion et revu par Mario Fusco
Agilulfe, un paladin invisible, enfin, pire, inexistant, mais non moins exemplaire, un écuyer du nom de Gourdoulou (enfin, ça dépend des régions), complètement fêlé, qui lui existe mais n'en a pas conscience, se prenant "tantôt pour un canard, pour un poirier ou pour l'empereur lui-même", Raimbaut, un vrai preux chevalier dans l'âme, la paladine Bradamante, des histoires d'amour peu banales, le tout situé au Moyen-Âge... Ah ! Et Charlemagne himself ! Sans oublier soeur Théodora, un des mystères de l'histoire. Car oui, cette soeur qui narre cette histoire, qui est-elle ? Comment se fait-il qu'elle la connaisse ?
Tout un univers franchement très prometteur à vue de nez comme ça, en tout cas, il avait beaucoup d'atouts pour me plaire.
C'est chez Violette que je repère tout ça et elle rajoute : "histoire rocambolesque", "révélation finale", "burlesque, absurde, intelligent, subtil et drôle, ce texte surprend et fait réfléchir, il n'est pas sans rappeler Don Quichotte et dénonce l'ineptie de la guerre tout en apportant une jolie réflexion sur l'écriture par le truchement de cette soeur Théodora, si délicieusement singulière ! À lire, vraiment !"
Bon, ben moi, j'obtempère (la mention de Don Quichotte, fatale !), d'autant plus que les deux Calvino lus il y a presque un bail m'avaient vraiment enchantée et que je voulais revenir à son univers un jour ou l'autre (mais via quel roman, le choix ne manquant pas ?).
Comme j'ai toujours eu un faible pour les histoires de chevalerie et que ce délire de "chevalier inexistant" à l'époque de Charlemagne, imaginé par Italo Calvino, me parlait bien, voilà qui m'a aidée à faire mon choix. Merci Violette pour avoir attiré mon attention sur ce roman en particulier.^^
Je suis particulièrement ravie de cette pioche car c'est assez savoureux, très futé, intelligent, judicieux, cocasse, décalé, fou, audacieux, avec, au-delà de l'intrigue, des réflexions très intéressantes sur la guerre mais aussi sur le travail d'écriture, le processus de l'écriture chez l'écrivain, la page blanche qui se transforme en récits d'aventures (excellemment mis en scène ce passage).
"Toutes choses bougent dans ma page bien lisse; pourtant, rien ne transparaît de cette agitation, rien n'a l'air de changer à la surface. Il en va de mon papier comme de la rugueuse écorce du monde, où tout bouge et rien ne change [...]."
J'ai donc beaucoup aimé dans l'ensemble, c'est un roman vraiment étonnant dans son genre, un sacré délire quand même, mais (ouioui, il y a un "mais") je suis un peu restée sur ma faim par rapport au dénouement du récit. J'avais espéré autre chose sans doute, quelque chose d'encore plus percutant peut-être.
Pas le coup de poing sur le crâne mais à lire pour l'originalité du délire qui n'empêche pas la profondeur et la cohérence des propos, et la saveur du texte aussi. Un roman qui me confirme qu'il faut que je poursuive ma découverte des oeuvres de cet auteur.
Quelques extraits (j'ai dû faire le tri) :
"Ce que pouvait être le bonheur de fermer les yeux, de perdre tout sentiment de soi-même, de s'abîmer dans le gouffre de sa propre durée, et puis, au réveil, de se retrouver tel qu'avant, prêt à tisser de nouveau les fils de son existence, cela, Agilulfe était incapable de le concevoir; l'envie qu'il éprouvait devant cette faculté de dormir accordée aux personnes existantes, restait un sentiment confus, l'envie de quelque chose dont on n'a pas la moindre notion."
" - Flûte ! Il ne manquait plus que lui ! Naturellement, avec sa manie de fourrer partout le nez qu'il n'a pas !"
" - Du jour où il lui a pris cette passion pour Agilulfe, la malheureuse, elle est devenue toute drôle..." [...]
- Enfin, c'est pas possible... Agilulfe... Bradamante... Comment ça se fait ?
- Ça se fait que quand une femme s'est passé l'envie de tous les hommes qui existent, la seule envie qui lui reste est celle d'un homme qui n'existe pas, mais pas du tout..."
Ha mais là j'ai bien envie! J'en ai lu de cet auteur, mais pas ce titre ci. Donc...
RépondreSupprimerJ'en ai encore quelques-uns à lire de lui, je m'en frotte les mains à l'avance !
Supprimercontente que tu aies aimé! je comprends tes petits bémols, le livre se savoure tout le long mais la fin n'est pas spectaculaire.
RépondreSupprimerOui, c'est du bémol de rien.^^ C'était un vrai plaisir de lecture, on se régale tout le long !
SupprimerJamais lu Calvino mais vu ce que tu en dis, celui-ci serait parfait pour commencer !
RépondreSupprimerAh ça alors, j'aurais pensé que tu en avais déjà lu au moins un. "Si par une nuit d'hiver un voyageur", c'est ZE Calvino à lire absolument mais ce roman est parfait aussi pour découvrir son univers.
SupprimerJe ne reçois plus tes news. J'ai vérifié : elles arrivent dans les spams !
RépondreSupprimerJe n'ai encore rien lu de cet auteur.
Bonne soirée.
Ça alors, voilà que mes news deviennent indésirables ! Bon, je n'y peux pas grand-chose malheureusement. Bon weekend.
SupprimerTout bouge et rien ne change... c'est bien vrai,ça, malheureusement !
RépondreSupprimerOui, ça s'agite, mais en vain finalement...
SupprimerDéjà, la couverture est géniale ! Je n'ai lu que Marcovaldo (et encore, c'est parce que je devais l'étudier pour l'italien au bac). J'avais beaucoup aimé. Mais depuis, je n'ai rien lu. En revanche, ma sœur est fan.
RépondreSupprimerJ'adore cette couv aussi ! Ah Marcovaldo, il est sur ma LAL ! Moi je recommande toujours "Si par une nuit d'hiver un voyageur". C'est incontournable pour un lecteur, et si on veut découvrir Calvino, c'est le livre idéal !
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