LES PRODUCTEURS
(lu en octobre 2018)
Ah je me souviens encore de mes palpitations il y a huit ans (déjà !) quand j'ai découvert Les Falsificateurs, le premier volet de cette série d'Antoine Bello, et de mon engouement pour Sliv et le CFR (Consortium de Falsification du Réel) dont les membres falsifient la réalité et réécrivent la vérité pour infléchir l'Histoire. Six mois plus tard, je dévorais sa suite, Les Éclaireurs, et il se posait à l'époque la question d'une suite possible que j'espérais secrètement sans que j'en ressente toutefois la nécessité. Trilogie ou pas ? À sa confirmation il y a trois ans, Les Producteurs était dans ma PAL. Ma crainte était de devoir relire les deux tomes précédents, les détails autour des personnages et du CFR s'étant quelque peu estompés depuis, c'est pourquoi j'ai tardé à m'y atteler. Un résumé très efficace en début de livre m'a toutefois rapidement remise dans le bain une fois que je me suis enfin décidée à prendre le taureau par les cornes.
Dans ce troisième (et dernier) volet, Sliv a été nommé directeur adjoint du Plan et est chargé de réfléchir aux nouvelles orientations du CFR, lui donner une nouvelle impulsion : celle de porter la vérité et non plus simplement de la réécrire. L'intrigue démarre sur les chapeaux de roue avec la disparition d'une mallette qui risque de mettre en péril le CFR. Danger, suspense, palpitations dès les premières pages. Ce troisième tome présageait bien.
Et puis, patatras (assez rapidement)...
Je crois que je commence à sentir les limites d'Antoine Bello. Ça avait commencé avec Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet et ça s'est plus ou moins confirmé avec ses suivants qui m'ont tous (ceux que j'ai lus du moins) laissée quelque peu mitigée sans que je ne l'accepte encore vraiment tant j'avais été bluffée par son génie avec Éloge de la pièce manquante et Les Falsificateurs.
Quel scénario improbable que celui du dossier de Lena sur les Chupacs, attention SPOILER ce peuple maya qui serait porteur d'un message d'harmonie à l'humanité ! À la limite du grotesque même, avec une orientation "bons sentiments" que je n'attendais pas ici. Et une fois le scénario mis en branle, tout se passe trop bien, sans véritable suspense, comme une paresse d'auteur qui joue les facilités dans les tournures des événements. J'ai vraiment vécu cette intrigue comme une vaste farce, tout est convenu, à fond dans les clichés. L'auteur en joue à coups d'exagération des faits et l'assume mais bon, j'attendais un truc un poil plus élevé et crédible pour ce dernier volet. Malgré tout, ça reste bien ficelé, comme toujours avec Antoine Bello, et on se laisse porter par cette histoire qui a au moins le mérite de divertir efficacement.
Autres récriminations de ma part : trop d'intrigues et de sous-intrigues à ne plus savoir où donner de la tête ni savoir sur laquelle se focaliser vraiment, jusqu'au dossier de Lena mais qui arrive tardivement. Ça commence avec la perte de la mallette qu'on croyait être l'intrigue principale, ça passe par l'implication du CFR dans l'élection de Barack Obama avec un long focus sur Sarah Palin et John McCain, on aborde également les problèmes du réchauffement climatique, puis un peu de mélo avec Nina, la bonne copine de Sliv en Islande, et les sentiments de ce dernier pour Lena dont on apprendra plus sur son passé. Sans oublier Gunnar sur lequel on s'attardera. Des intrigues parenthèses. Un adieu hommage aux personnages ? Faire le tour de leur histoire, les redessiner une dernière fois clairement ? OK, c'est légitime, mais bon, le tout créait un certain déséquilibre avec un mélange de trop de faits historiques, d'actualités des dernières années et d'histoires personnelles des protagonistes.
Enfin, ce troisième volet était clairement axé réseaux sociaux, influences et conséquences. Une exploration intéressante de ce phénomène mais dont le traitement et la vision des choses m'ont paru exagérés aussi. C'était cocasse mais parfois risible tellement c'était énorme. Peut-être était-ce le but.
On sent l'auteur qui a eu envie de se faire plaisir ici, de se lâcher, et qui s'éclate dans la caricature, l'exagération et la dérision, tout en en profitant pour explorer un thème qui lui tenait visiblement à coeur, l'heure des réseaux sociaux. Envie de boucler la boucle aussi avec cette trilogie annoncée, le tome 2 datant de plusieurs années, comme un devoir enfin fait, et comme pour couper court avant qu'on le relance une énième fois sur le dernier volet de la trilogie et sur les questions sur les personnages. Vous vouliez une fin, la voilà. Affaire classée.
On reste dans le sympa sans plus ici, dans le divertissant, le bon moment de lecture, encore que j'aurais pu m'en passer.
Même la surprise de fin ne m'aura pas tant amusée que ça (attention SPOILER la postface de l'auteure véritable de cette trilogie). Blasée je suis ?
Tu vois, je ne me souvenais pas trop de ce roman et de la fin, plutôt lu pour terminer la trilogie. détente, oui, mais pas son meilleur (tu n'as pas encore lu roman américain de Bello?)
RépondreSupprimerOui, c'est ça, à lire pour le plaisir de boucler la boucle si on a commencé la série, mais vraiment pas indispensable. Et j'ai lu son Roman américain, oui.^^ Je sais que c'est ton préféré, mais j'avais déjà trouvé à redire à l'époque, même si, je suis d'accord, c'est un de ses meilleurs (après Éloge de la pièce manquante et les Falsificateurs).
SupprimerEst-ce qu'on ne peut lire que les deux premiers ?!
RépondreSupprimerTout à fait. Les deux premiers se suffisent à eux seuls.
SupprimerJe n'ai jamais lu cet auteur... Le roman sur Emilie Brunet traîne quelque part dans ma PAL.
RépondreSupprimerJe ne te sens pas bien motivée.^^
SupprimerUn auteur dont on entend énormément parlé et dont l'univers ne m'attire pas du tout du tout (un de plus tu vas me dire^^).
RépondreSupprimerJe comprends.:-) Je doute qu'il te renverse à la manière d'un Buk mais il pourrait quand même te surprendre. Il a un vrai univers, il a une vraie patte, il a des idées, des réflexions qui valent le détour, de la ressource, et plus d'un tour dans son sac. Je le boude un peu parce que j'avais placé la barre très haute mais il reste pour moi, malgré tout, un des auteurs français les plus intéressants de notre époque.
SupprimerBonsoir A_girl, je confirme que cette suite et fin des Falsificateurs et des Eclaireurs m'a très moyennement plu. J'ai trouvé que c'était le tome en trop. Bonne soirée.
RépondreSupprimerBonsoir Dasola, oui c'est ça, le tome de trop. Bon, bien sûr, quand on a commencé la série et qu'on sait que cette suite et fin existe, difficile de résister à la curiosité.:-)
Supprimereh bien j'ai arrêté avant moi, déjà les Eclaireurs ne m'avait pas plus… et j'avais tellement tellement adoré Les Falsificateurs!
RépondreSupprimerJ'avais été très mitigée pour les Éclaireurs aussi, bien moins emballée que par les Falsificateurs, mais à l'époque, je lui avais trouvé plein d'excuses et j'étais beaucoup plus clémente.^^
SupprimerJe ne connais pas, mais je pense que ce n'est pas nécessaire que j'approfondisse !
RépondreSupprimerBon vendredi.
Haha, au moins ça a le mérite d'être clair. Bonne fin de semaine.
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