FINGERSMITH
( DU BOUT DES DOIGTS )
Avant "Mademoiselle", l'adaptation cinématographique de ce roman par le Coréen Park Chan-wook, je ne connaissais son auteure, Sarah Waters, que de nom, et encore, elle n'était qu'une vague réminiscence au milieu d'une longue liste d'auteurs britanniques qui se confondaient dans mon esprit en nom et en genre littéraire. Ce film m'a tellement bluffée par ses rebondissements (un en particulier) qui m'ont saisie de stupeur et par l'audace de ses thématiques sulfureuses, que j'ai immédiatement été curieuse du roman. Il me fallait le lire pour découvrir quelle était la part de la romancière et quelle était celle du réalisateur. J'étais d'autant plus émoustillée que je me suis vite rendu compte que Sarah Waters avait de nombreux fans enthousiastes depuis des années.
Pour le contexte, un cop/col des premières lignes de la présentation de l'éditeur :
Londres, 1862. À la veille de ses 18 ans, Sue Trinder, l'orpheline de Lant Street, le quartier des voleurs, se voit proposer par un élégant, surnommé Gentleman, d'escroquer une riche héritière, Maud Lilly, en devenant sa servante. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier.
En dire plus sur l'intrigue serait criminel, aussi je m'arrêterai là, et je dois d'ailleurs remercier ma mémoire de poisson rouge car j'ai littéralement découvert l'intrigue au fur et à mesure de ma lecture, sans pouvoir vraiment me référer au film (dont l'intrigue est par ailleurs transposée en Corée dans les années 30 pendant la colonisation japonaise). Je ne me suis souvenue que de certaines scènes des deux premières parties (et vraiment pas les plus significatives) et d'un des revirements de situation (mais seulement au moment de lire cette scène), le reste, c'était l'inconnu, et donc j'étais dans le suspense le plus total.
C'était une expérience de lecture particulière du coup, que j'ai vécue à la fois comme une bénédiction (le plaisir de la découverte était réel et intact) et une grande frustration (impossible de vraiment comparer roman et film). Surtout que dans ma tête, il y avait une scène avec une pieuvre que j'appréhendais et attendais, et qui n'est jamais venue, me faisant douter du film que j'avais vu. Il s'avère qu'en fait, cette scène est une pure invention du réalisateur (et non de ma mémoire défaillante, ouf !).
C'était une expérience de lecture particulière du coup, que j'ai vécue à la fois comme une bénédiction (le plaisir de la découverte était réel et intact) et une grande frustration (impossible de vraiment comparer roman et film). Surtout que dans ma tête, il y avait une scène avec une pieuvre que j'appréhendais et attendais, et qui n'est jamais venue, me faisant douter du film que j'avais vu. Il s'avère qu'en fait, cette scène est une pure invention du réalisateur (et non de ma mémoire défaillante, ouf !).
Bref, pour en revenir au roman, j'ai été complètement épatée par Sarah Water qui a indéniablement l'art de l'intrigue, maîtrise les rebondissements et retournements de situations qui surgissent au moment opportun, et nous cueille toujours là où on ne l'attend pas. Elle a fait de son roman le terrain de jeux de manipulations psychologiques mis en scène avec brio, entre les personnages mais aussi entre elle et son lecteur. On ne sait jamais vraiment ce qu'elle va nous sortir de son chapeau, on lit ce roman le coeur à l'arrêt, et parfois même un peu stressé. C'est un très bon thriller pour ça, un thriller aux multiples facettes qui déstabilise de page en page.
Thriller mais aussi roman historique dont l'atmosphère, les lieux et les personnages retranscrivent à merveille l'époque victorienne, et également roman décadent, sulfureux par moment mais où tout est en suggestion bien que les événements et actes ne laissent aucune place à l'ambiguïté. Ses personnages sont bien campés, leurs personnalités psychologiquement convaincantes à travers notamment leurs actions et les dialogues, on ressent vraiment le côté malsain, déviant, diabolique, ou encore la naïveté ou la force de caractère des personnages. J'ai plusieurs fois été fortement écoeurée ou révoltée par certains de leurs agissements tellement j'étais prise dans l'histoire.
Il y a de nombreuses scènes marquantes aussi dans ce roman (bien qu'on n'y trouvera pas celle de la pieuvre du film 😂), notamment celle où je me suis retrouvée perdue et désespérée dans Londres avec l'un des personnages, et celles se déroulant dans un asile, des passages d'un réalisme traumatisant !
Il y a de nombreuses scènes marquantes aussi dans ce roman (bien qu'on n'y trouvera pas celle de la pieuvre du film 😂), notamment celle où je me suis retrouvée perdue et désespérée dans Londres avec l'un des personnages, et celles se déroulant dans un asile, des passages d'un réalisme traumatisant !
Le style ne m'a pas impressionnée outre mesure mais le roman se lit bien, presque en mode page-turner. Bien que l'écriture manque peut-être de souffle émotionnel, elle est loin d'être neutre ou plate. L'intrigue est juste livrée sans passion inutile, sans chercher à émouvoir de force, et j'ai plutôt apprécié cet aspect.
Il y a juste la toute fin qui m'a un peu chiffonnée, pas convaincue, car il y avait quelque chose de fleur bleue, d'expéditif et d'un peu trop simpliste qui m'a quelque peu déroutée après toute la mise en place élaborée de cette intrigue, comme si on avait subitement plongé dans un Harlequin, mais dans l'esprit, c'est une très belle fin tout de même.
L'auteure
Née en 1966 au pays de Galles, Sarah Waters est une écrivaine britannique ouvertement lesbienne. Elle a été libraire, puis enseignante. La publication de son troisième roman, Du bout des doigts, qui a remporté le Somerset Maugham Prize, marque sa consécration. Sarah Waters vit aujourd'hui à Londres.
J'ai adoré ce roman. J'ai vu l'adaptation coréenne des années après ma lecture et bien que ce soit un bon film, je n'ai pas retrouvé les mêmes émotions.
RépondreSupprimerJe suis presque contente de ne pas avoir été parasitée par le film car je l'avais vraiment adoré pour ma part, mais comme je ne m'en souvenais plus dans les détails, j'ai pu vraiment apprécier le roman comme si j'en découvrais l'intrigue pour la première fois, et du coup, les deux m'ont beaucoup plu au final.:)
SupprimerJ'ai The Night Watch de cette auteure dans ma PAL depuis des années. Il faudrait que je m'y mette un jour mais bon, ce que tu dis de la fin et du style n'est pas hyper encourageant.
RépondreSupprimerPar contre, tu m'intrigues vraiment avec ton histoire de pieuvre parce que depuis 1 an, mon ainé est méga fan de bêtes à tentacules parce qu'il a vu la vidéo de l'idiote instagrammeuse chinoise qui essaie d'en manger une vivante et qui se retrouve avec un petit trou dans le visage. Depuis il est fasciné par les océans et leurs bestioles alors que je pensais qu'il serait complètement traumatisé à 4 ans et que je culpabilisais à mort d'avoir laissé trainer mon téléphone ;-)
Je n'ai jamais vu cette vidéo (un trou dans le visage ???) (je préfère ne pas faire de recherche^^) mais j'en ai vu quelques-unes avec des Coréens mangeant des poulpes vivants et les tentacules s'accrochant à leurs lèvres pour ne pas être avalées (ggggh). Ouf pour ton fils ! Effectivement, il aurait pu développer une phobie. Quant à Park Chan-wook, a priori c'est un fétichiste des pieuvres car il y en aurait une aussi dans Old Boy (que je n'ai pas encore vu).
SupprimerSinon pour Sarah Waters, je pense que tu peux te lancer sans crainte. Son style est plus que satisfaisant et plutôt dans le genre efficace, c'est juste qu'on ne s'en délecte pas spécialement. Et la fin, c'est une affaire de goût. Ça n'a pas dérangé deux de mes co-lectrices.:)
Je n'avais aps trop aimé l'adaptation... Depuis, j'ai vu old boy qui m'a un peu réconcilié avec ce réalisateur. Quant au livre, je l'ai beaucoup vu chroniqué mais il ne m'attire toujours pas... On verra plus tard...
RépondreSupprimerSi tu as vu l'adaptation et que tu n'as pas aimé, a priori tu n'accrocheras pas plus au livre vu que tu connais l'histoire.
SupprimerSinon je n'ai pas vu Old Boy encore parce qu'on m'a dit que c'était particulièrement violent (et moi je suis une petite nature) mais ça me tente vraiment !
Je n'ai encore jamais lu cette auteure, et pourtant, j'en lis des critiques positives depuis que j'ai un blog, (et ça date !), mais un "je ne sais quoi" m'arrête. Crainte à la fois de m'ennuyer et que ce soit trop glauque ou tordu pour mon goût...
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûre qu'on avait les mêmes a priori sur cette auteure mais j'avoue que si je l'avais reléguée si longtemps dans la liste des ces "auteurs dont on parle mais je m'y intéresserai plus tard", c'est parce que j'en avais. Ça m'avait fait la même chose pour Daphné du Maurier. Le choc quand je l'ai lue.:)
SupprimerFigure toi qu'il s'agit pour moi d'un abandon, remontant à quelques années d'ailleurs;.. Hé oui!
RépondreSupprimerAh oui ? Bon, quand ça veut pas, ça veut pas, hein ? Pas de remède à ma connaissance.;)
SupprimerJe n'ai jamais lu cette autrice, je me demande si un de ses titres ne traîne pas dans ma PAL... Tu donnes envie de la lire en tout cas !
RépondreSupprimerJe trouve qu'elle vaut le détour, en particulier avec ce livre. Curieuse de ton avis si tu te lances un jour !
SupprimerJe n'ai ni vu le film ni lu le roman. Comme Kathel j'ai souvent entendu parler de l'auteure, sans m'y intéresser vraiment. On verra ..
RépondreSupprimerIl y a beaucoup d'auteurs comme ça.:) Et puis un jour, on tente (ou pas).
SupprimerJ'avais beaucoup aimé celui-ci, lu en quelques heures. Je ne me souviens plus trop de l'histoire, juste du plaisir de lecture. Par contre, Affinity, lu quelques années après m'avait lassée. pourtant il est beaucoup plus court, comme quoi!
RépondreSupprimerHé bien pour l'instant je ne suis pas pressée d'enchaîner sur un de ses romans. Peut-être la crainte d'être déçue donc je me préserve.:) Il est vraiment bien ficelé ce roman-ci. Et puis je ne saurais pas avec lequel enchaîner. Il y a du choix tout de même.
SupprimerJ'ignorais qu'il existait une adaptation ciné de ce roman, que j'ai beaucoup aimé, c'est d'ailleurs sans doute mon préféré de l'auteur à ce jour (dont j'ai aussi lu Caresser le velours, L'indésirable et Affinités, ce dernier m'ayant déçue, je ne l'avais d'ailleurs même pas chroniqué..).
RépondreSupprimerAh ben voilà, tu réponds à mes questionnements dans mon commentaire précédent.:) Je vais peut-être m'arrêter là avec cette auteure alors, et rester sur le très bon souvenir de ce roman.
SupprimerUn pavé parfait à lire en ce moment où l'on a du temps pour s'y consacrer.
RépondreSupprimerMais oui ! Et il est tellement entraînant que je n'ai pas ressenti l'effet "pavé".:)
SupprimerLC, ça veut dire lecture de confinement ? OK, je sors ! Bon, jamais entendu parler ni du livre, ni de l'auteure, ni du film, mais le roman me tente bien, surtout puisque tu dis qu'il se lit en mode "page turner", ce qui me fait gravement défaut depuis le début du confinement... je choisis mal mes livres dans ma PAL papier ces temps ci, c'est trop dommage !
RépondreSupprimerHaha, LC, lecture de confinement, pas mal !;) Hé non, tu ne peux pas sortir, ou alors avec une attestation.;)
SupprimerPour la lecture, c'est peut-être le contexte qui fait que tu as du mal à te laisser captiver. Ça m'est arrivée au début mais maintenant ça va mieux. Je m'évade de nouveau facilement par les livres.:)
Ah non, j'ai vraiment lu des trucs pas terribles... LC, ça peut être aussi lecture Covide ! Va falloir les nommer autrement ces LC ! Comme LE : lisons ensemble !
RépondreSupprimerHaha tu vas nous révolutionner le lexique bloguesque ! Je croise les doigts pour mes lectures, pour l'instant ce sont de plutôt bonnes pioches, dont une véritablement excellente même.
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