CHILDREN OF TIME

CHILDREN OF TIME - 1

( DANS LA TOILE DU TEMPS - 1 )

Si j'avais su ce qui m'attendrait au détour des pages et ce que j'allais côtoyer tout le long de ma lecture, je ne me serais probablement pas lancée. Quelle erreur cela aurait été !

Ce roman s'est retrouvé dans ma PAL je ne sais plus comment exactement. J'avais été émoustillée par l'avis très enthousiaste (genre, chef-d'oeuvre !) d'une lectrice que je connais, ça c'est sûr, mais impossible de me souvenir qui. Et pourtant le cercle des lecteurs de SF dans mon entourage bloguesque est assez réduit. 

Warning toutefois aux âmes sensibles, la quatrième de couv (lue une fois ma lecture bien avancée) ne mentionne pas (les petits malins) ce mot qui m'aurait fait fuir : "araignée" !

Car oui, chers arachnophobes, moi je préfère vous prévenir (même si j'y ai survécu) (et très bien) (mais j'ai peut-être un seuil de tolérance plus élevé que d'autres), dans ce roman, on côtoie les araignées de très très près. 

Pour situer le contexte, la Terre n'est plus qu'un lointain souvenir depuis bien 2000 ans, et les derniers humains qui errent dans l'espace à la recherche désespérée d'une planète à coloniser pensent avoir enfin trouvé leur home sweet home sur une planète lointaine, spécialement terraformée pour l'espèce humaine par leurs ancêtres. Sauf que voilà... Une scientifique de l'époque avait voulu mener une expérience... qui ne s'est pas vraiment déroulée comme prévu. En lieu de singes qui auraient dû évoluer sur cette planète grâce à un nanovirus, c'est une autre espèce qui s'est parfaitement adaptée à ce nouvel environnement. Et là, je balance : les araignées !

Le récit alterne entre les aventures des humains dans leur course désespérée pour leur survie, et celles des araignées dans leur course pour le Savoir.

Côté humain, nous avons plus précisément, d'une part, cette scientifique un peu folle, responsable de cette expérience "ratée", qui, étonnamment, survit en orbite dans un vaisseau autour de cette planète, SA planète, qu'elle surveille et dont elle interdit l'approche aux derniers humains. Et d'autre part, nous avons ces derniers humains qui en ont un peu ras le pompon de naviguer l'espace et qui voient en cette planète leur dernier espoir. 

Bien sûr, il y a des dissensions à bord, l'équipage n'est pas toujours sur la même longueur d'ondes, il y a les petits chefs, les agressifs, les plus diplomates, et les taiseux mais qui n'en pensent pas moins. Des humains quoi... J'ai trouvé qu'à travers ses personnages, l'auteur, Adrian Tchaikovsky, dépeignait formidablement bien la nature humaine, assez exaspérante au fond, et désespérante. Toujours à se chercher querelle... Pénible ! Même quand ils sont les derniers survivants... Dingue quand même ! Mais bien vu !

Formidable aussi la façon dont l'auteur a retranscrit la mentalité ainsi que le mode de vie des araignées, et imaginé leur évolution grâce à ce nanovirus (aah le fou rire que j'ai eu quand j'ai croisé ma première araignée scientifique !!). C'est parfaitement crédible, limpide et surtout captivant de suivre ces êtres de génération en génération dans leur course pour le savoir et l'adaptation au monde qui les entoure. Des araignées que l'on suit à hauteur d'araignée (bon elles ont un peu grandi, évolution oblige) et de leur point de vue, et auxquelles on finit même par s'identifier. C'est très immersif et c'était franchement la partie de l'intrigue qu'il me tardait de retrouver à chaque fois.

J'ai adoré leurs premiers contacts avec la scientifique et je me suis beaucoup amusée des réactions, révulsions et peurs des autres humains en les voyant (je les comprenais tellement), mais je m'arrête là sinon je vais finir par raconter toute l'intrigue...

Ce que j'ai trouvé particulièrement original et que j'ai beaucoup aimé ici aussi, c'est de voir cette fois-ci, dans un roman SF, l'être humain comme la menace qu'il représente au fond pour toute espèce (et pour lui-même), et non pas comme l'innocente espèce envahie ou attaquée par les méchants aliens. Ça a un écho tellement plus réaliste. D'ailleurs, il n'y a aucun alien finalement dans cette histoire puisque les araignées sont un héritage terrestre.

Et sinon, les arachnophobes peuvent-ils survivre à cette lecture ?

Ma foi, oui. Je n'irais pas jusqu'à dire, comme beaucoup parmi ceux qui ont lu ce roman, que je les ai trouvées sympathiques ou attachantes (quoique, franchement, presque, presque) mais j'ai fini par les visualiser comme une espèce qui avait une vraie légitimité à vivre (on le sait mais bon...), et même, lorsque leur confrontation avec les humains s'est annoncée inévitable, je me suis surprise à espérer que les araignées s'en sortiraient.

Bon, bien sûr, ça c'est dans la fiction (et celle-ci en particulier). La prochaine araignée que je croise en vrai, bam sur la tronche ! (Enfin, si j'arrive à m'en approcher^^).

Je me suis demandé à un moment si ce roman n'avait pas été une sorte de thérapie pour guérir l'auteur de sa phobie des araignées, ou un projet pour en sortir ses lecteurs et les exhorter à les laisser vivre leurs petites vies d'araignées.^^

Quoi qu'il en soit, ce roman ne manque pas d'imagination ni d'inventivité, ce qui m'épate toujours chez les auteurs en général, ni de pistes de réflexions comme j'aime, qui vous travaillent hors lecture et une fois la dernière page tournée. Sans compter une légère forme d'humour et d'ironie en arrière-plan qui est assez appréciable.

J'ai franchement beaucoup, beaucoup aimé, jusqu'à la toute fin dont je n'imaginais absolument pas l'issue que lui trouverait l'auteur, et là je lui tire d'ailleurs mon chapeau pour ce brillant retournement de situation inattendu mais finalement si cohérent en regard de tout ce qui précède !

Ce roman peut se lire comme un one-shot mais la fin donne vraiment envie de lire la suite, intitulée Children of Ruin, et dont la traduction française est en cours.

J'aime beaucoup d'ailleurs le titre français de ce premier tome, qui fait autant écho à l'intrigue que le titre anglais, mais de façon plus ingénieuse, je trouve.

Intègre le challenge À l'assaut des pavés dans la catégorie "série" (série n°5 => 1 sur 2 tomes).

L'auteur

Adrian Tchaikovsky, né en 1972 à Woodhall Spa en Angleterre, est un romancier britannique de fantasy, d'horreur et de science-fiction. Après des études de psychologie et de zoologie, il se spécialise dans le droit et devient juriste. Son premier roman est paru en 2008 et il en a, depuis, publié plus d'une quinzaine. Dans la toile du temps a obtenu le prix Arthur C. Clarke 2016.