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AUTEURS ET THÈMES PAR PAYS

mardi 2 février 2021

THE QUEEN'S GAMBIT


( LE JEU DE LA DAME )

Il n'aura pas échappé à celles et ceux qui suivent l'actualité Netflix que cette mini-série a été l'un de leurs cartons des derniers mois. J'ai failli me laisser tenter à force de pression enthousiaste mais quand j'ai découvert qu'elle était en fait adaptée d'un roman, j'ai préféré, comme souvent, le lire avant. L'auteur est Walter Tevis, totalement inconnu de mes services jusqu'à lors, et pourtant, sa bibliographie a inspiré plus d'un réalisateur, et Le Jeu de la dame était déjà considéré comme un livre culte avant le phénomène Netflix.

Avant d'en arriver à mon propre avis, je voudrais partager celui-ci (trouvé sur A.) qui m'a bien amusée : "Je m'attendais à un manuel du jeu des dames et me suis plantée."

Pour ma part, j'ai été assez partagée pendant ma lecture. 
Au début, j'ai beaucoup aimé le déroulement de l'histoire de cette orpheline qui découvre les échecs avec le gardien de l'orphelinat et qui se trouve être particulièrement douée. Une fois adoptée, on suit son évolution de jeune prodige alors qu'elle enchaîne les tournois. J'ai beaucoup aimé le personnage de la mère adoptive, l'évolution assez originale de leurs relations. Le contexte historique est intéressant et important. Nous sommes dans les années 50-60, l'auteur retranscrit parfaitement bien l'atmosphère de cette époque, et une jeune fille qui excelle dans un monde d'hommes, ce n'est pas une mince affaire. Les difficultés et la rancoeur de ne pas se sentir à sa place freineront-elles sa passion pour les échecs ? 
Je me souviens avoir eu une initiation aux échecs au collège et je crois n'avoir jamais été très douée. Il me restait toutefois assez de notions pour suivre les parties mais en anglais, ce n'était pas toujours évident. Malgré tout, j'ai vécu chaque partie comme si je la jouais moi-même, totalement prise par leur intensité dramatique. L'auteur est très doué pour entretenir le suspense.

Mes réserves, c'est le côté spleen de notre héroïne, Beth, surtout vers le milieu de l'intrigue où elle commence à sombrer un peu dans l'alcool, déjà qu'elle dépendait de ses pilules vertes. Ces moments de désenchantement répétitifs contribuaient à une ambiance glauque et plombante dont je me serais bien passée. J'ai lu par la suite que l'auteur avait eu lui-même quelques problèmes d'alcool, du coup j'ai eu l'impression qu'il se mettait en scène à travers ce personnage dans ses moments noirs et ça avait quelque chose de franchement triste. 
Mon autre bémol, c'est que Beth est vraiment désignée comme l'héroïne qui écrase tout le monde, et malgré la tension dramatique à chaque partie, on sait qu'elle va gagner - et si elle perd, c'est presque anodin, ça ne met pas en péril les gros enjeux, même si elle le vit mal. Du coup, au fur et à mesure de l'intrigue, il n'y a plus de vrai suspense, le dénouement de chaque tournoi est assez prévisible et ça finit par en perdre un peu de sa saveur. 

Un petit mot sur le style car j'ai trouvé l'expérience de lecture assez singulière. Il est précis mais presque comme sans émotion. Il y a une pointe de Servante écarlate dans le ton, un ton un peu désincarné mais envoûtant malgré tout. Et c'est un style qui me plaît bien parce que même si l'auteur n'est ni agité ni démonstratif en racontant, sa narration reste malgré tout captivante, on se prend quand même son univers en pleine face. Il parvient à faire le portrait de personnages dont on ressent toutes les émotions de façon très convaincante et j'ai finalement aimé le fait qu'au-delà de l'histoire d'une jeune fille des années 50-60 qui joue aux échecs et remporte tous les tournois même face à des hommes, il y a une histoire plus intimiste à travers ses états d'âmes. Comme dans un roman d'apprentissage, on la voit évoluer de petite fille à jeune femme, mais pas de façon superficielle, et son histoire personnelle n'a rien d'un conte de fée, c'est finalement assez noir.

Je n'ai pas ressenti l'urgence de me précipiter sur la série par la suite. Les quelques extraits que j'en ai vus ont suffi à satisfaire ma curiosité de l'adaptation qui, je pense, ne m'aurait pas davantage enthousiasmée. Je suis donc contente d'avoir plutôt lu le roman.

En cours de lecture, je n'ai pas résisté à rechercher les autres oeuvres de l'auteur et je me suis déjà noté Mockingbird, un roman dystopique qui a été nommé pour le prix Locus du meilleur roman et le prix Nebula du meilleur roman en 1981. 
Publié chez Folio il y a 15 ans sous le titre L'Oiseau d'Amérique, Gallmeister vient de le rééditer en janvier sous le titre L'Oiseau moqueur.

L'auteur
Walter Tevis est né en 1928 à San Francisco. Son premier ouvrage, L'Arnaqueur, porté à l'écran par Robert Rossen en 1961, devient vite un classique du roman noir. Suivent L'Homme tombé du ciel (1963), un roman de science-fiction, également adapté au cinéma avec David Bowie, L'Oiseau moqueur, Le Jeu de la dame et La Couleur de l'argent, qui deviendront trois livres culte. Ce dernier, suite de L'Arnaqueur, est adapté par Martin Scorsese en 1986, avec Paul Newman et Tom Cruise. Walter Trevis est décédé en 1984.

18 commentaires:

  1. J'ai adoré la série, par conséquent je n'ai aucune envie de lire le livre... surtout si le style ressemble à celui de La servante écarlate qui m'avait refroidie.

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    1. Généralement quand on a commencé par la série ou le film, il est très rare qu'on ait envie de lire le roman dont ils sont adaptés. Et inversement.^^ Je préfère du coup commencer par l'oeuvre originale, au cas où.:)

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  2. Bien d'adaptations de ses romans, dis donc!
    Bon, pas trop attirée, finalement.

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    1. Oui, je suis très étonnée par toutes ces adaptations. Et L'Oiseau moqueur chez Gallmeister, ça ne te dit pas ? Si tu le trouves à la bibli et que tu comptes le lire, préviens-moi pour une LC. Moi je suis très tentée !

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    2. L'oiseau moqueur est trop récent pour le trouver déjà en bibli, mais pourquoi pas, j'ai lu la résumé...

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    3. Ah oui, ne t'inquiète pas, je n'imaginais pas le lire pour demain.^^ Je pense que le temps qu'il arrive à tes super bib', je serai prête.:)

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  3. Peut-être que je verrai la série (en dvd car je n'ai pas Netflix).

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    1. Hmmm, j'ai un doute. Je ne pense pas qu'il existe des DVD des séries originales Netflix dans la mesure où elles sont accessibles sur leur plateforme via abonnement. Mais je me trompe peut-être.

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  4. Je ne connais pas cette série et je ne connais pas Netflix d'ailleurs.
    Je ne crois pas que ce soit mon genre.
    Bonne soirée.

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  5. alors, j'ai vu la série chez mes beaux-parents à noël, et franchement, si c'est sympa à regarder, c'est quand même assez peu profond psychologiquement. en effet, elle gagne tout le temps ou presque, elle a un gros passage à vide mais il n'amène pas vraiment à une réflexion sur elle-même. Ca ne me laissera pas un souvenir inoubliable. Donc, pas franchement envie de lire le bouquin.

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    1. Je suis assez d'accord avec ta vision qui rejoint mes bémols, c'est pourquoi en réalité je n'ai pas bien compris le succès de la série (qui devait en plus être moins approfondie que le livre, je suppose). Enfin, qu'on la trouve bien, sympa, ok, mais de là à la trouver gé-niale, je trouve ça un poil excessif.

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  6. Ben moi, je suis très contente d'avoir vu la série ! Je pense que la description des parties d'échec en mots m'aurait perdue ! Et puis l'esthétique de la série est vraiment réussi ! J'adore le comm d'A... LOL !

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    1. Ahaha oui, ce commentaire...^^
      Je pense que j'aurais bien aimé la série, comme j'ai aimé le livre, les extraits sont convaincants, mais à mon avis, j'aurais eu les mêmes réserves aussi.

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  7. Je ne savais pas que c'était adapté d'un roman. Je ne comptais pas regarder la série mais on ne sait jamais, si je n'ai plus rien à faire dans ma vie

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    1. Haha figure-toi que ça faisait un bon moment (et je m'en félicitais presque) que je n'avais pas replongé dans les séries car je trouve ça super chronophage, et ce week-end, j'ai craqué pour Beastars sur Netflix... Juste 1 épisode au début... puis j'ai enchaîné...

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  8. Bonjour A Girl, c'est vrai que moi aussi j'aime bien lire un roman avant son adaptation filmique. J'ai vu qu'il va être réimprimé par Gallmeister. Et puis comme je ne suis pas abonnée à Netflix, je ne risquais pas de voir la série. Bonne après-midi.

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    1. Gallmeister est très réactif et semble miser sur cet auteur ! J'ai vu qu'ils avaient également réédité tout récemment un autre de ses romans qui avait été nommé pour des prix. Je compte le lire aussi d'ailleurs.:)

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