WOMAN WORLD

WOMAN WORLD

traduit de l'anglais (Canada) par Clémentine Beauvais

Le postulat de départ (quatrième de couv) :

"Un monde sans hommes ? Pourquoi pas !

Dans un futur proche, une communauté de femmes lutte pour sa survie et celle de l'humanité, sur les ruines du patriarcat, de la civilisation et de la pop culture."

Au début je pensais que c'était une BD dans la veine du "girl power", ultra-féministe mais girlie. Ça ne me disait pas trop, sauf que j'étais tombée sur un extrait fort drôle où ces femmes avaient choisi un drapeau "cuisses-de-Beyoncé" pour symboliser leur communauté. Je me suis donc laissée embarquer par cette promesse irrésistible de loufoquerie, de délire et de décalé.:)

En réalité, ces femmes n'ont rien à revendiquer puisqu'il ne reste plus qu'elles. Il n'y a donc pas de girl power ou autre manifestation dans cet esprit, et ça, ça m'a beaucoup plu. Leur souci est principalement la survie de l'humanité, et donc d'elles-mêmes.^^

Un monde sans hommes donc, tout simplement parce qu'à un moment dans l'Histoire, il naissait davantage de filles que de garçons. Les hommes étaient en voie d'extinction, puis ont fini par disparaître tout à fait.

L'auteure, Aminder Dhaliwal, imagine une communauté type post-apo où il n'y aurait plus que des femmes et des vestiges du monde d'avant, celui du 21e siècle. Une mamie témoin de cette époque révolue sert de relais entre les générations, une petite fille s'interroge sur ce monde d'avant, on suit le quotidien de toute la communauté à travers chaque femme, leurs relations entre elles, leurs réflexions suivant les situations dans lesquelles elles se trouvent, leurs amitiés, leurs amours, leurs occupations, leurs aspirations, bref, la vie de tous les jours. Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, cet album est plutôt une succession d'anecdotes du quotidien un peu façon Mafalda, mais on finit par bien se familiariser avec cette communauté et presque s'attacher à chaque membre.

Comme je l'avais espéré, il y a beaucoup d'humour qui rend cet album parfois savoureux mais les planches sont inégales. Certaines sont drôles, originales, bien vues, il y a de très bonnes trouvailles, mais d'autres sont des flops qui m'ont un peu laissée de marbre, sans que je m'en formalise toutefois.

Les planches qui m'ont le plus amusée, ce sont celles où elles découvrent des vestiges du monde d'avant, le nôtre donc, et qu'elles s'interrogent sur l'utilité ou le fonctionnement de certains objets. Un album qui suscite ainsi des réflexions sur notre monde, mais ça reste léger, et c'est toujours traité avec humour.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé cet album pas mal, sympathique même, mais pas extraordinaire non plus. Je pense que, comme les Mafalda & co, c'est le genre de planches qu'on pourrait picorer ici et là pour se faire sourire ou si on a vraiment envie de retrouver ces femmes une fois qu'on s'est bien familiarisé avec le concept de ce monde.

L'auteure

Aminder Dhaliwal est une autrice et dessinatrice canadienne qui vit et travaille à Los Angeles où elle dirige le studio Disney TV. Woman World est sa première BD et elle a rencontré un important succès au Canada.

Clémentine Beauvais, star de littérature jeunesse et traductrice hors pair, s'est chargée de traduire cette BD bourrée de références et de gags plus ou moins intraduisibles.