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vendredi 12 août 2022

DU MIEL SOUS LES GALETTES


DU MIEL SOUS LES GALETTES

Repéré chez Kathel, je me suis empressée de noter ce roman d'inspiration autobiographique, premier de l'auteure, Roukiata Ouedraogo, pour plusieurs raisons :
- c'était l'occasion d'explorer davantage la littérature africaine que j'avais pas mal délaissée ces dernières années, et je n'avais rien lu du côté du Burkina Faso.

- on y parle de courage féminin.
"Le courage féminin m'a toujours fascinée. Il est rarement mis en scène sous forme d'héroïsme comme chez les hommes, il est plus terre à terre, plus quotidien."
- et puis ce titre appétissant, comment y résister ? 😋

Prise de trac la veille de son intervention à la Journée internationale de la Francophonie, Yasmina, la narratrice, se remémore le courage de sa mère pour assurer la survie de ses sept enfants et combattre seule une administration injuste et sourde suite à l'arrestation de son mari, emprisonné sans preuve pour détournement de fonds. 
À travers cet épisode malheureux dans l'histoire de sa famille, elle nous raconte son enfance, son pays, le Burkina Faso, sa fratrie, ses parents, l'injustice qui les frappe, et surtout sa mère, une femme courageuse et obstinée face aux situations administratives absurdes et à l'adversité. Ses délicieuses galettes au miel qu'elle vendait pour joindre les deux bouts seront parmi les souvenirs les plus précieux que l'auteure gardera de son enfance et du pays natal.

Rien à reprocher, vraiment. L'écriture est soignée, les personnages sont convaincants, l'histoire ne manque pas d'intérêt et est instructive culturellement sur le Burkina Faso des années 80, notamment sur les différences de modes de vie entre la capitale, Ouagadougou, et les provinces, on est bien dépaysé par le quotidien burkinabé, et la réalité de la misère et de la corruption ne nous est pas épargnée...
... Mais... si je peux me permettre quelques réserves, c'était un brin trop lisse, gentillet et manichéen à mon goût pour que je sois vraiment touchée par ce récit. Les épreuves sont dures et réelles pourtant, les malheurs aussi, mais c'est raconté sans relief, sans émotion ou sentiment fort, presque de façon impassible, un peu comme le visage du père qui n'exprime rien. On sent quelque chose sourdre, mais c'est comme si c'était contenu. Peut-être est-ce la pudeur, la fierté ou la dignité qui contient les éclats, mais du coup ça amoindrit les effets. Même les moments un peu drôles sont racontés sur ce même ton qui tient la scène à distance. 

Je m'attendais aussi à une histoire plus culinaire mais les galettes sont juste évoquées comme faisant partie du quotidien. L'histoire est plus sombre et plus dure qu'une histoire autour de galettes, et, de fait, est peut-être plus intéressante et consistante finalement, plus croustillante même, avec son lot d'événements et de suspense, mais je voulais une histoire autour de galettes.^^ 

Malgré tout, ça reste une belle histoire parcourue de réflexions très justes, et surtout un joli hommage à la mère, à son courage, et au courage des femmes en général.
J'ai beaucoup aimé la fin qui, elle, a su m'émouvoir réellement même si j'ai senti venir ce dénouement (mais peut-être est-ce parce que ça impliquait les galettes^^).

L'auteure
Roukiata Ouedraogo est née en 1979 au Burkina Faso. En 2000, elle décide de rejoindre son frère en France. Elle enchaîne les petits boulots pour financer ses études au Cours Florent. Depuis, Roukiata enchaîne spectacles et one-woman-shows. Du miel sous les galettes est son premier roman.

14 commentaires:

  1. J'aurais aimé aussi ce dépaysement, dommage pour tes bémols. Mais ça reste intéressant je pense.

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    1. Ah oui, ça reste très bien, après je suis plus nuancée par rapport à mes goûts et attentes personnels.

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  2. C'est vrai que le titre est très appétissant ! Malgré tes petites réserves, je n'hésiterai pas à la lire s'il croise ma route.

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    1. Tu as raison de te faire une idée par toi-même, d'autant que ces réserves restent très subjectives.

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  3. Le thème du courage au féminin y est bien traité, intéressant. J'aime bien les écritures sobres et pudiques, donc, ça m'allait bien. (mais je n'en ai pas fait un coup de coeur)

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    1. Oui, c'est ce thème-là qui m'a intéressée dès le départ, et sur ce point, je n'ai pas été déçue. Après, le style, c'est moins le genre qui me bouscule mais ça reste très bien écrit.

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  4. Oh bin cela me refroidit....je pense n'avoir rien lu du Burkina en passant....alors je le note quand meme

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    1. Ça vaut le détour tout de même pour le fond, après, le style, c'est une question de goût. Peut-être que tu saurais apprécier davantage que moi d'ailleurs.

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  5. Je l'ai noté mais je ne sais pas si je le lirai... trop lisse ? Arf ! Est-ce que c'est vraiment pour moi ?

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    1. Trop lisse à mon goût, disons, donc ça n'engage que moi. Beaucoup ont apprécié autant le fond que la forme.;)

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  6. Déjà repéré aussi... je reste donc sur le "pourquoi pas ?"!

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    1. Mais oui, ne pas hésiter à se faire son propre avis.

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  7. Cela pourrait me plaire ! merci pour la découverte

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    1. Très curieuse de ton avis si tu le lis ! (par contre, j'ai toujours ce problème de ne pas pouvoir laisser de commentaires chez toi... Ils disparaissent peut-être dans les indésirables ?)

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