BLACKWATER

BLACKWATER

 

Les sagas familiales qui s'étendent sur plusieurs décennies, ce n'est pas trop mon genre de prédilection habituellement, mais Françoise a titillé ma curiosité lors d'un échange en cours de LC, en évoquant entre autres une facette horreur/fantastique, aussi je n'ai pas résisté bien longtemps, surtout au fur et à mesure de l'engouement manifeste autour de ce phénomène littéraire.

Ses quelques mots résument d'ailleurs parfaitement l'intrigue :

"Il y a plein de personnages vraiment spéciaux, genre méchants ou bizarres ou mystérieux ou manipulateurs. Il y a aussi une ambiance ésotérique, un danger qui plane sans qu'on ait la moindre idée de ce que c'est."

Moi, ce genre de pitch suffit à m'enflammer. 😆

Rajoutons tout de même, pour situer le contexte, que cette chronique familiale débute en 1919 et que l'intrigue se déroule dans le Sud des États-Unis, à Perdido en Alabama.

N'y allons pas par quatre chemins, j'ai adoré ce roman que j'ai littéralement dévoré, malgré quelques épisodes qui m'ont moins transportée en cours de lecture.

C'est une formidable saga populaire, habitée par un souffle romanesque décoiffant, qui m'a embarquée dès les premières pages et captivée tout le long.

À noter que ce roman, sérialisé en six tomes par l'auteur, Michael McDowell, est paru en 1983, mais n'a pas connu un véritable succès à l'époque. Quelle surprise aujourd'hui donc ! Il faut dire que les couvertures de l'édition française de Monsieur Toussaint Louverture sont irrésistibles. On a envie d'avoir les livres sur ses étagères !^^

J'ai pourtant choisi d'acquérir l'intégrale en VO car d'une manière générale, je préfère lire en VO, mais j'ai tout de même lu le livre tome après tome, enfin deux tomes par mois, pour rester dans l'esprit sérialisation voulu par l'auteur, et aussi parce que je le lisais en LC. 

J'étais donc ferrée dès le tome 1, alors qu'on fait la connaissance de la famille Caskey, un clan de riches propriétaires terriens, et de la très mystérieuse Elinor, une étrangère au passé trouble déterminée à s'établir à Perdido, et qui, surtout, comble de l'horreur pour Mary-Love, la puissante matriarche de la famille Caskey, semble avoir des vues sur son fils Oscar. Mais le plus inquiétant (pour le lecteur), c'est qu'Elinor ne semble pas tout à fait humaine...

Ce qui m'a plu d'emblée, c'est l'ambiance petite communauté. Si je ne suis pas très saga familiale, j'adore en revanche les histoires de petites villes ou de quartiers où tout le monde se connaît et s'entraide, mais aussi s'épie et se juge, les commérages, les cancans. Tout cela m'amuse vraiment beaucoup, et comme l'auteur y met du grinçant, du délicieusement piquant, et du terriblement intrigant, il y a une atmosphère assez unique qui se dégage de Perdido.

Ça se poursuit ainsi au tome 2, avec moult rebondissements qui m'ont beaucoup agitée et excitée, et puis, coup de mou aux tomes 3 et 4, surtout au tome 4. Je continuais de lire avidement, mais disons que j'ai été un peu déroutée par l'intrigue qui n'allait pas dans le sens que j'attendais et dont je n'appréciais pas trop l'évolution. Il y avait un net changement d'ambiance, et par ailleurs, j'espérais davantage de développement côté fantastique. Je craignais surtout pour la suite mais...

... Heureusement, gros regain d'intérêt au tome 5 qui m'a réconciliée avec certains personnages et éléments de l'histoire qui m'avaient semblé commencer à perdre de l'intérêt ou de la substance. Ça a remis le point sur le i de quelques interrogations que j'avais. J'ai adoré le focus autour d'une des Caskey (Frances 💗), dont le personnage m'a vraiment touchée. Et le tome 6, c'était l'apothéose ! Gros coup de coeur pour le trio Frances, Elinor et Nerita. Leur histoire m'a vraiment émue, étrangement. Leur véritable nature a davantage pris sens pour moi. 

J'étais vraiment triste de quitter tout ce petit monde en tournant la dernière page. En traversant toutes ces décennies à leurs côtés, j'ai eu l'impression d'avoir partagé un peu leurs vies et leur histoire, et je me suis vraiment attachée à eux tous.

C'est une saga complètement addictive que j'ai aimée pour ses personnages (de sacrés personnages !), certains sont délicieusement détestables, d'autres irrésistiblement drôles (malgré eux). Dans ce livre, les femmes sont fortes, ont du caractère, certaines sont des manipulatrices en puissance, et les hommes sont des vrais mous. C'est vraiment jubilatoire de suivre tout ce petit monde. J'ai adoré l'antagonisme de certains personnages et leurs relations d'une manière générale. Il y avait aussi des moments épiques, grand-guignolesques même parfois, qui m'auront vraiment fait rire (mode hyène hilare ON). C'est un roman plein d'ironie et d'humour, par moment juste moqueur, et parfois bien noir comme j'aime. L'auteur a dû beaucoup s'amuser en écrivant cette saga.

Finalement, la dose de fantastique/horreur, est assez légère. Je m'attendais à ce que ce soit plus sombre mais je me suis beaucoup plus esclaffée que je n'ai frissonné. En fait, c'est surtout et principalement une histoire de famille, ça se lit presque comme une saga familiale classique, plutôt originale dans son genre toutefois, mais quand l'aspect fantastique émerge, c'est assez réjouissant (sauf les histoires de fantômes qui ne m'ont pas trop convaincue - c'est mon seul vrai bémol sur l'ensemble de cette saga).

LC avec Stéphanie et Sarah.

L'auteur

Michael McDowell (1950-1999) est un écrivain et scénariste américain, connu notamment en tant que co-créateur des mythiques Beetlejuice et L'Étrange Noël de Monsieur Jack.