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mardi 15 novembre 2022

FANTAISIES GUÉRILLÈRES


FANTAISIES GUÉRILLÈRES

Mazette, par quel bout on le prend celui-là ?
Bon, déjà rien que le titre donne le ton. L'auteur, Guillaume Lebrun, ne fait pas dans le conventionnel.^^
C'est le genre de cru qui se boit cul-sec, sans réfléchir aux ingrédients qui le composent.
Si je tentais de le décrire, je dirais que c'est une revisite très originale de la geste de Jeanne d'Arc version heroic fantasy very loufoque meets Lovecraft, avec en toile de fond un soupçon du Guide du voyageur galactique, de Tolkien, de Dune, et les choeurs des troubardes et troubadours Marie-Claudette de Charlemagne (alias Céline Dion), Frédéric de Mercure et ses ménestrels de l'orchestre Regina, et un que je vous laisse retrouver grâce à l'extrait d'un de ses plus grands poèmes ci-dessous. Tout ça dans une ambiance pop et queer qui, étonnamment, trouve sa place dans ce... cette... ce... truc.

"Icelui vient des cieux
Et tous les dieux entre eux
N'argutent que par toi"

L'histoire ?
Ne le puis par où commencer ! La quatrième de couv est un peu longue, mais pour le contexte et l'esprit de l'intrigue, en voici quelques bouts (ceux-là même qui m'ont incitée à me délester de quelques sous) :
"En ce début de XVe siècle, tout est chaos au Royaume de France : les Englishes imposent leur présence depuis près de cent ans, Armagnacs et Bourguignons n'en finissent pas de s'écharper. [...] C'est en trop pour Yolande d'Aragon. Puisqu'une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, il n'est plus temps de rester avachi dans les palais. La fulminante duchesse prend donc la décision de hâter le destin. La voilà reconvertie dans l'élevage de quinze petites Jehanne. En secret, elle crée une école dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. [...]"

Dès les premières lignes, je me suis beaucoup amusée du choix du style narratif et du langage, un mélange de pseudo vieux françois, d'anglicismes et de jargons argotique et ultra-contemporain (bien que sur la longueur, cela puisse lasser, surtout l'insertion un peu aléatoire de mots englishes ici et là). Il y avait de bonnes trouvailles, mais aussi quelques facilités. C'était très original en tout cas.

J'ai adoré les références à la pop culture et l'intertextualité avec quelques grands classiques SF et de fantasy que j'ai déjà cités plus haut. Je suis d'ailleurs certainement passée à côté de nombreux clins d'oeil, autant littéraires que musicaux (les chansons pop réécrites en vieux françois façon poèmes d'antan, franchement il fallait avoir l'oeil). Il en fourmillait de partout, et parfois de façon très subtile. Ces références intégraient l'intrigue par des moyens hautement fantaisistes mais tout à fait légitimes. C'est un des aspects les plus réjouissants de cette lecture.
Par contre, c'est vraiment du grand n'importe quoi ! 😂 Je ne l'imaginais pas à ce niveau, et c'était parfois un peu confusant. On croit lire l'histoire de Jeanne d'Arc, revisitée loufoquement certes (ça, on était quand même prévenu dès le départ), puis on se retrouve en plein délire lovecraftien, entre autres excentricités !

Si j'ai adoré l'écriture, l'originalité de la langue, l'audace et la folie furieuse du concept de l'intrigue, ainsi que toutes ces références qui m'ont fait l'effet "oeufs de Pâques trouvés dans le jardin" quand on tombe dessus, j'ai tout de même quelques réserves sur l'histoire en elle-même, quand même bien azimutée (mais c'est le risque quand on s'aventure dans le bien barré. Il faut s'accrocher, ou se laisser aller. Une lecture entre-deux et c'est foutu, vous ne tiendrez pas l'équilibre ! 😆). Je l'ai trouvée particulièrement chargée sur la dernière partie, avec des scènes de batailles virtuoses certes, mais too much, too much, même si je me dois tout de même d'applaudir le fait que le délire est jusqu'au-boutiste et assumé.

L'auteur s'est clairement fait plaisir en tout cas. Je m'attendais aussi à un autre développement de l'intrigue, je pense, plus proche des faits historiques tout en restant loufoque. Cette bascule dans un aussi grand délire fantasy-esque fut une excellente surprise et son originalité en vaut franchement le détour, mais je ne suis pas sûre de m'être remise du choc encore. 😆

Quelques extraits :
"Mon husband Loulou était aficionado armagnac et j'étais retenue à lui par bague et chaînette. En outre, le petit dernier de la fratrie des Valois s'était entiché de Marie, la plus débilitante de nos children."

"Je commençais à en avoir ras le heaume des enluminures du Languedocien."

"Nenni veux mes oeufs en panier seul, et à l'insu de tous nouais virevoltantes relations contre-nature avec nos Ennemis.
So.
On en était là de l'Histoire [...]."

"Je ne pouvais les blâmer, il eût été hautement inutile de se lever aux aurores pour ne rien faire du tout ; et, finalement, je m'habituais moi aussi à n'ouvrir l'oeil que passé midi." 😂

LC avec Stéphanie et Sarah.

Lu dans le cadre de
👽 Défi imaginaire 11/42 => catégorie 15 (un auteur que vous n'avez jamais lu)

L'auteur
Guillaume Lebrun a été conçu dans une éprouvette, étiquetée 876437 1-A, 1986. Fabriqué en laboratoire, il cherche à éprouver la réalité, s'approprier les espaces libres de ses émotions contradictoires. Il élève des insectes dans le sud de la France. Fantaisies guérillères est son premier roman.

26 commentaires:

  1. Pas du tout pour moi ce genre là ! et puis Jeanne ! enfin ! la pauvre Jeanne qui a brûlé dans ma ville, un peu de respect quoi .... ;-)

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  2. Pas de problème avec les littératures de l'Imaginaire et le Moyen Age mais pas sûre d'apprécier le mariage des deux sur le mode humoristique et le délire verbal. Le médiéval revisité ne me fait pas rire, "Les visiteurs" pas du tout.
    Mais j'ai reconnu Francis Cabrel, que je ne supporte pas... bref, je ne crois pas que ce livre soit pour moi...

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    1. Bravo pour Francis ! Tu connais bien ses classiques pour quelqu'un qui ne le supporte pas, haha !;)
      Oui, médiéval, imaginaire, loufoquerie et délire verbal, ça peut faire beaucoup si on est dans des lectures plus conventionnelles.^^ Le déjanté en particulier n'est pas du goût de tous. La 4ème de couv et les premières lignes sont très explicites sur le ton et l'esprit du roman, donc pas de risque que les lecteurs s'y égarent par erreur.;)

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  3. Bon, tu connais l'historique du comment c'est tombé entre tes mimines. ^_^ Je sentais le créneau! C bouquin est à la bibli, en double, mais comme c'est une nouveauté premier roman, pas question d'emprunter plus de deux semaines. j'attendrai tranquillou.
    Cependant je suis vraiment pas sûre du tout que je capterais les références..; ce que tu cites (icelui;..) je ne vois pas. Villon? (le seul que je connaisse)

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    1. Non, pas Villon, tu as la réponse plus haut.;) Enfin, c'est du Francis façon Villon, quoi.^^
      En double à la bibli ? Fichtre, y aurait-il de la demande ? Un coup de coeur d'un bibliothécaire peut-être ? Oui, ce livre serait forcément passé entre mes mains après mon tour d'horizon. C'est en effet tout à fait mon créneau.^^

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    2. Aucune demande, les deux sont disponibles, c'est juste que les premiers romans peuvent concourir au prix Roblès et ne peuvent être empruntés longuement. Je ne veux pas être stressée.
      Ah Cabrel? Bon, OK s'il y a la musique assez actuelle et plein de références, je vais être perdue. J'essaierai quand même.

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    3. Bon, Cabrel, ce n'est plus très très actuel.^^ Et si on ne repère pas les références, ce n'est pas dérangeant pour la compréhension de l'intrigue, c'est juste le petit bonus quand on les reconnaît.;)

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  4. Ce roman m'avait intrigué lors de ses premières critiques, mais je crains fort de passer à côté de toutes ces références, que ce soit en fantasy, Lovecraft et consorts et en chanson française...

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    1. C'est vrai que ce roman ne peut s'apprécier pleinement si on n'a pas toutes les références, ou au moins un minimum. J'insiste sur le "pleinement", car si on connaît l'histoire de Jeanne d'Arc, le contexte historique de son époque, qu'on aime le loufoque, et qu'on n'est pas allergique à l'imaginaire, on peut tout de même s'amuser de cette lecture.:)

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  5. D'accord, déjà comprendre le titre ;-). Ton billet est explicite, tu es bien plus aventurière que moi en lecture !

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    1. Ahaha, c'est ce que je me dis pour certaines de tes lectures, celles orientées poésie en particulier.;)

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  6. Oh oui il est dans ma PALalirelirevraiment....et lala tu me donnes encore plus envie de rajouter immediatement...;)

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    1. Ahaha, la PALalirelirevraiment ! Je pense que tu y trouveras ton compte. J'espère vraiment te lire à ce sujet !

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  7. Les citations me freinent un peu. j'ai une horreur prononcée pour les mots en anglais qui parsèment les articles et romans...c'est mon côté traductrice qui ne comprends pas qu'on ne trouve pas le bon mot en français. lire un magazine féminin est quasi impossible pour moi rien que pour ça (sans parler de la vacuité de certains articles)...

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    1. Ah le jargon contemporain en est truffé, surtout quand on veut faire genre, on est dans l'air du temps... Ça fait tellement Jean-Claude Vandamme, haha ! Je trouve ça pathétique parfois, surtout à l'oral, avec l'accent bien français.^^

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    2. ah ah!! complètement d'accord avec toi!! c'est insupportable!! et le pire c'est que certains parfois utilisent les termes totalement à mauvais escient!!

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    3. Clairement ils n'ont pas peur du ridicule.;)

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  8. A lire les citations, je sais que ce n'est pas pour moi. Dommage, plein de choses me plaisaient...

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    1. Oui, les extraits sont un bon indicateur pour savoir si on pourrait adhérer ou non.:) C'est vraiment le ton et l'esprit du roman.

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  9. Les retours sur ce roman pour le moins original sont généralement bons. Mais tu confirmes ce que je pressentais : ce n'est pas du tout pour moi. Je passe mon tour sans regret.

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    1. Oui, c'est vraiment le genre de roman où on sent tout de suite au ton si c'est pour soi ou non.:) Si oui, on peut adhérer sans réserves, si non, il y a, à mon avis, peu de chance d'une révélation. Mais je peux me tromper.^^

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  10. Toute la soirée hier, j'ai essayé de te laisser un com, mais en vain ! Impossible !
    Je ne connais pas, mais ce que tu en dis ne m'attire pas trop.

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    1. Ah, un petit bug passager peut-être. Ravie que ce soit résolu en tout cas. Et il me semblait bien qu'à l'inverse de moi, tu fuyais le déjanté.^^

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  11. Trop fantaisiste pour moi, et je crains d'être épuisée par le style et la recherche de toutes les références, dont je pense que je passerais souvent à côté ! je passe !

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    1. Ça pourrait en effet ne pas trop te convenir.;) Pour les références, on ne les cherche pas vraiment par contre. On les reconnaît ou non en cours de lecture, et si on ne les reconnaît pas, ben on ne sait pas qu'on est passé à côté.^^

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