KIMCHI BAGUETTE
JOURNAL DE BORD D'UNE CORÉENNE EN FRANCE !
J'ai toujours raffolé de ces témoignages d'étrangers en France (Paris souvent) qui soulignent, souvent avec humour, les différences culturelles entre les deux pays, et dans le sens inverse aussi (Français ou autres nationalités dans d'autres pays). Le choc des civilisations et la rencontre des cultures, c'est vraiment un de mes thèmes préférés !
J'ai principalement lu des témoignages de Japonais en France, car c'était ce qui était le plus en vogue jusqu'à encore récemment, aussi ai-je été agréablement surprise en tombant sur cette BD d'une Coréenne à Paris. Voilà qui changeait ! Il faut dire que la Corée est quasi aussi populaire que le Japon maintenant et prend de plus en plus le pas, que ce soit à travers les films et séries, la littérature, la cuisine, la K-Pop...
J'étais assez curieuse des différences de perception et de ton par rapport aux Japonais, même si la comparaison est facile, pas forcément légitime et tend à faire dans la généralisation, mais elle s'est imposée à moi, aussi c'est surtout sous cet angle quelque peu limité que j'ai abordé ces chroniques.
Alors voilà, premier constat : c'est moins drôle, même si ça reste dans la veine humoristique et divertissante. Avec les Japonais, je suis facilement en mode hyène hilare. Ici, j'ai souri principalement. Peut-être est-ce dû au format du journal digital Mâtin ! publié sur Instagram et dont est issu cet album. Leur slogan est : "une tartine, un café, un strip". Un strip court illustrant une anecdote, une réflexion, pour démarrer la journée. Un format qui oblige à tasser un peu les observations et à aller droit à l'essentiel peut-être.
Je n'ai pas toujours trouvé tout très fluide ni clair non plus. Certains strips se terminaient de façon abrupte ou sur une conclusion bateau. J'ai vraiment apprécié la grande variété des sujets abordés ceci dit, mais j'avais souvent l'impression de passer du coq à l'âne.
Ayant pas mal lu ou vu des vidéos sur le sujet, il n'y a pas eu non plus vraiment de surprises ou d'originalité dans les réflexions pour moi, même si ça reste très instructif. Globalement, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de similitudes avec les observations des Japonais. Il faut dire que culturellement, Coréens et Japonais sont assez proches (ils ont la même pratique du salut, les mêmes traditions à Noël et au nouvel an lunaire, les mêmes restrictions sur les congés).
Il y avait toutefois quelques spécificités bien coréennes mises en avant, surtout au niveau culinaire, avec leur fameux kimchi. J'ai été aussi fascinée par la façon de calculer l'âge en Corée bien que ce système soit obsolète depuis fin 2022 et qu'ils calculent maintenant l'âge selon le système international. On en apprend beaucoup aussi sur leurs rapports à l'avortement, la contraception, au véganisme, avec une évolution des mentalités assez étonnante entre 2016 et 2022. Ils sont aussi, d'une manière générale, bien moins guindés et stricts que les Japonais. Par exemple, le tutoiement et la bise ne sont pas aussi choquants pour eux, même si la familiarité bien française surprend toujours.
Les thèmes explorés sont assez riches en fait. Voici deux extraits pour une idée du style :
Malgré cette diversité, ce journal est aussi très centré (ça revient souvent dans les thèmes en tout cas) sur le racisme anti-asiatique auquel l'auteure, Silki, est régulièrement confrontée, comme un vrai message à faire passer, ou du vécu traumatisant. Il faut dire que le Covid est passé par là, et que toute personne asiatique était assimilée chinoise 🙄 et donc coupable 🙄, ce qui a marqué pas mal d'Asiatiques non-chinois en France. J'ai trouvé très intéressant toutes ces réflexions autour du racisme ordinaire et de la micro-agression, des stéréotypes injustifiés et des remarques discriminatoires qui démontrent une méconnaissance, une ignorance ou un total désintérêt de l'autre.
Quelques strips pour illustrer le sujet :
J'ai bien aimé sa conclusion finale : "À mon avis, la Corée est aussi cool et nulle que la France." 😆
L'auteure
Silki, née en Corée du Sud en 1993, vit depuis plus de sept ans en France après avoir passé huit années en Inde, durant lesquelles elle rejoint la section Illustration et Arts Appliqués à l'Université de Bombay. Ses chroniques légères et précises dans Kimchi Baguette nous livrent son rapport d'étonnement sur son pays d'accueil.
Et bin cela semble bon, oui c'est drole ces chocs des cultures....oh le racisme contre les asiatiques datent de bien avant le covid.....je me souviens de grandes manifs a Paris sur le faites qu'ils/elles mouraint dans l'indifference totale, https://www.lemonde.fr/societe/article/2016/09/04/manifestation-a-paris-de-la-communaute-chinoise-contre-le-racisme-envers-les-asiatiques_4992321_3224.html
RépondreSupprimerAh oui, bien sûr, le racisme anti-asiatique ne date pas d'hier.;) Je disais juste que si l'auteure en parlait autant dans cet album, c'est peut-être aussi que le covid a quelque peu exacerbé les tensions et que les Asiatiques ont pris encore plus cher que d'habitude pendant cette période.
SupprimerC'est tout à fait le sujet et le genre de BD qui peuvent me plaire (en dépit des petits bémols). Je n'ai rien contre le format numérique (j'ai une liseuse) mais j'ai vu sur le site de Dargaud qu'il existe aussi un format papier. Sur le même thème, il y a "Je ne suis pas d’ici" de YunBo. Tu connais ?
RépondreSupprimerOui, je l'ai même lu et chroniqué : https://lecture-sans-frontieres.blogspot.com/2019/08/je-ne-suis-pas-dici.html
SupprimerExcellente recommandation ! Si tu en as d'autres dans ce genre, je suis preneuse.
Quant à Kimchi Baguette, c'est bien l'album papier de Dargaud que j'ai lu (collection Mâtin). Je précisais juste que les strips qu'on y retrouvait étaient issus du compte Instagram du journal Mâtin.
Merci pour le lien. Je viens de lire ton billet sur "Je ne suis pas d'ici" et, dans la foulée, celui sur "Je suis encore là-bas" dont j'avais entendu parler. Je n'ai pas d'autres BD coréenne à te suggérer, d'autant que tu sembles avoir déjà tout lu sur le sujet de l'expatriation. Coté Japon, tu connais sans doute "J'aime le nattô" de Julie Blanchin Fujita. Décidément la nourriture est un sujet sensible pour les exilés !
SupprimerOui, lu aussi.^^ Tu as raison pour la nourriture. Tu me fais d'ailleurs penser qu'il y a un livre que j'avais noté chez Keisha et qu'il faut absolument que je lise, c'est La cuisine de l'exil. N'hésite pas si tu as d'autres titres qui te passent par la tête, Corée, Japon ou autres ! Je préfère avoir déjà lu que passer à côté d'un livre qui pourrait m'intéresser. Il y a tant de livres, on ne peut pas tous les repérer.
SupprimerJe connais ton goût pour ce genre d'histoires... Mais faut pas pousser, rien ici!
RépondreSupprimerBah ça alors ! Mais que font tes biblis habituellement parfaites !;)
SupprimerMerci d'avoir mis son lien insta, je vais la suivre... Jamais goûté du Kimchi, je n'aime pas trop les plats épicés...
RépondreSupprimerJe n'ai pas en mémoire que ce soit épicé, mais ça doit probablement l'être. Ce qui m'a marquée, c'est que ça a un goût très prononcé de fermenté, du coup je n'en raffole pas trop. Mais je n'ai peut-être pas goûté aux meilleures préparations.;)
SupprimerJ'adore aussi ce genre de témoignage... mais ça m'a l'air un peu simpliste, je me trompe?
RépondreSupprimerOn peut un peu rester sur sa faim, il est vrai, mais je pense que c'est dû au format original "strip". Certains sont plus consistants que d'autres, disons.^^
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