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AUTEURS ET THÈMES PAR PAYS

mardi 15 avril 2025

I WANT TO DIE BUT I WANT TO EAT TTEOKBOKKI

 
( JE VEUX MOURIR, MAIS JE MANGERAIS BIEN DU TTEOKBOKKI )

traduit du coréen par Anton Hur

D'habitude, je ne lis en anglais que les VO en anglais, autrement je préfère les traductions françaises, mais ici, l'édition française était traduite de l'anglais (!!). Ça me semblait trop éloigné de la langue originale pour que je lise cette version, même si, en réalité, comme ce n'est pas un roman, il n'y a pas vraiment de valeur ajoutée à le lire en anglais.
Mais ça, je ne l'ai découvert qu'en le lisant que ce n'était pas un roman ! 😅

Ça faisait un moment que ce titre me faisait de l'oeil et m'intriguait franchement : une autrice coréenne inconnue de mes services, un livre phénomène en Corée, un titre qui sonnait comico-dramatique (j'imaginais une drama queen qui allait me divertir, oops)... Bref, j'ai sorti la CB sans trop chercher à savoir de quoi il retournait et plutôt confiante.
Quand j'ai découvert qu'en plus de ne pas être un roman, cet ouvrage était la retranscription des séances de thérapie de l'autrice, suivie pendant dix ans pour dépression (dépression légère - ouf - quoique persistante - gnnn), j'ai vraiment déchanté, mais le livre était dans ma PAL, il était court, autant le lire donc (bon, au départ, une LC était prévue avec Sunalee😁). En plus - *mode "recherche d'arguments motivants" ON - ça pouvait quand même avoir un véritable intérêt culturel, l'autrice étant coréenne. 

Cette lecture, c'est comme écouter quelqu'un étaler son mal-être sur des pages et des pages... sans pouvoir rien dire. On se retrouve donc quasi à la place du psy. Et là, révélation ! Une chose est sûre, je ne suis pas passée à côté de ma vocation de psy. Ouf ! 
Notre autrice est en fait plus anxieuse et obsessive que déprimée, ce qui est un état assez commun à la plupart des gens en réalité, à des degrés plus ou moins élevés sûrement, selon qu'on soit plus ou moins hypersensible aussi sans doute, mais rien de vraiment alarmant en fin de compte. D'ailleurs, sa psy lui dit tout le long qu'elle va bien et qu'elle est normale (ce qui me rappelle à l'instant le titre d'une série télévisée, coréenne aussi, tiens, "It's okay not to be okay" (pas vue, mais j'adore ce titre !^^)). Sauf que cet état la déprime ponctuellement et qu'elle a besoin d'aide et de conseils pour se sortir d'un schéma de pensée dont elle ne peut s'extirper seule. 

Ce livre est destiné avant tout aux personnes comme elle qui pourraient trouver du réconfort dans son expérience. Le côté positif, c'est qu'on n'est pas dans la plainte. C'est une personne qui essaie de se comprendre et de se sortir de ce qu'elle subit comme une spirale infernale.
Ce n'est pas inintéressant, mais ce n'est pas le genre de lecture qui me passionne, clairement. Les mêmes questionnements et réalisations se répètent en plus sur plusieurs chapitres, donc il faut vraiment avoir la patience d'un psy.

Quant à la psy, justement, c'est une thérapeute plutôt sympathique, positive, sans jugement, à l'écoute, mais ses conseils me semblaient tellement de l'ordre de l'évidence ("tout est question de perspective" - "il faut arrêter d'être trop sévère avec vous-même, de dépendre du regard des autres", etc) qu'elle m'a un peu déçue, moi qui espérais, malgré mon scepticisme, au moins une révélation majeure qui aurait pu bousculer tout mon être (dix ans de thérapie quand même - et puis, tant qu'à lire jusqu'au bout...). 
Ça, c'est que j'ai pensé tout le long de ma lecture des séances de thérapie à proprement parler. En fait, ce livre se poursuit, après l'épilogue, par quelques autres considérations de l'autrice, mais aussi par une note de la psychiatre écrite après avoir lu le livre (!!) et j'ai adoré sa sorte d'autocritique qui exprimait son embarras à se lire et le regret de ses (mauvais) choix de conseils. J'ai apprécié cet aveu qui démontrait chez elle, honnêteté, humilité, lucidité, et me l'a rendue plutôt touchante.:)

"This is a record of a very ordinary, incomplete person who meets another very ordinary, incomplete person, the latter of whom happens to be a therapist. The therapist makes some mistakes and has a bit of room for improvement, but life has always been like that, which means everyone's life - our readers included - has the potential to become better."

J'ai aussi beaucoup aimé sa note de fin dont le titre est tiré.
"Because the human heart, even when it wants to die, quite often wants at the same time to eat some tteokbokki, too."

En fait, ça résume parfaitement tout ce qu'il y avait à dire sur le problème. J'aurais pu me contenter de ça.^^

Fun fact : j'ai testé le tteokbokki mais je n'en raffole pas. 

L'autrice
Née en 1990, Baek Sehee est une autrice sud-coréenne. Elle a étudié l'écriture créative à l'université avant de travailler pendant cinq ans dans une maison d'édition. Pendant dix ans, elle a été suivie par une psychiatre pour dysthymie. Ce trouble est devenu le sujet de ses essais, puis de son livre, tomes 1 et 2.

24 commentaires:

  1. Je ne sais pas si je le lirai, la répétition des pensées risquant par me lasser mais la démarche de l'autrice n'est pas inintéressante. Et le fait que la psy ait eu droit à une sorte de droit de réponse me plaît bien.

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    1. Oui, j'ai beaucoup aimé ce dernier aspect. C'est peut-être même la seule chose que j'ai véritablement apprécié.^^ Après, l'ensemble n'est effectivement pas inintéressant.;)

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  2. Mouais quand même, pas à la bibli, on va s'en passer ^_^

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    1. Sur ce coup-là, je ne vais pas insister.;)

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  3. Toi qui aimes bien la littérature coréenne, tu connais sans doute le site KLN Korean literature now https://kln.or.kr/issues/issuesView.do?volumeIdx=198#
    Il y un magazine très sympa, en anglais, qu'à un certain moment ils envoyaient gratuitement, je n'ai pas retrouvé cette offre...

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    1. Ah non, je ne connaissais pas. J'aime bien la littérature coréenne sans être experte ou sans faire de recherches trop poussées. Merci pour cette découverte !

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  4. C'était en effet censé être une lecture commune. Et puis je suis partie en voyage et à mon retour, il me restait 10 jours pour lire ce livre. Comme toi, je pensais que c'était un roman et j'ai été bien surprise en l'ouvrant et en lisant les premières lignes (on ne peut même pas dire pages dans mon cas). J'étais sur mon nuage suite au voyage qui était fantastique, je n'étais vraiment pas d'humeur à lire la dépression et les plaintes d'une Coréenne. J'en suis restée là, et je suis sûre que j'ai bien fait ! (Elle a même écrit une suite, depuis).
    Rendez-vous mi-mai pour la prochaine LC que je viens de commencer et que j'aime déjà beaucoup.

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    1. Ton message m'avait bien amusée !^^ Ta réaction était très exactement la mienne en découvrant que ce n'était pas un roman. Concernant la prochaine LC, je n'ai encore rien commencé, haha ! Le temps passe vite. J'espère être dans les temps.

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  5. Je trouve ça assez curieux de publier des compte rendus de sa thérapie, et le fait que la thérapeute fasse son mea culpa auprès de sa patiente et des lecteurs est intéressant mais un peu dérangeant aussi... Je ne suis pas du métier mais je ne suis pas sûre que ce soit très sain 🤔.

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    1. La démarche est étonnante en effet. Pour moi, ces thérapies sont du domaine de l'intime, mais bon, c'est son choix après tout et je pense que c'est une forme de thérapie aussi (retranscrire les séances et les rendre publiques en ayant la satisfaction de pouvoir aider les gens dans son cas). Ça reste aussi cohérent avec le caractère obsessionnel de son trouble. Ce qui était plus surprenant, c'est la note de la psy, mais on voit tout ça sous le prisme de notre culture aussi.

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  6. Un titre qui t'a permis de confirmer que tu ne vas pas te reconvertir en psychologue ;) Je ne suis pas sûre que j'aimerais lire ce type de livre. Je n'ai pas trop goûter de plat coréen, mais je ne commencerai pas par celui du livre, quand je te lis.

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    1. Ben je pensais avoir une certaine fibre dans le domaine 😆, mais je n'y consacrerais certainement pas des heures, des journées, des années... Quant au tteokbokki, c'est un plat très populaire chez les Coréens et les amoureux de cette culture. Je peux le comprendre, c'est une sorte de gâteau de riz en bâtonnets, imbibés de sauce. Ça a un côté réconfortant et c'est même plutôt bon, mais je m'attendais à plus extraordinaire la première fois que j'en ai mangé.:)

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  7. Bin euh pas vraiment pas moi...en plus, c'est le plat coreen que je n'apprecie pas, beaucoup trop ecoeurant...(heureusement qu'elle n'a pas parle de Japchae)....je passe en tout cas....;)

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    1. Je ne trouve pas ça fou non plus, mais bon, c'est un plat qui a ses adeptes. De la même façon, certains trouvent le (vrai) chocolat chaud réconfortant et d'autres le trouvent écoeurant. Les goûts et les couleurs...^^

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    2. Meme beaucoup d'adeptes.....mais contente de voir qu'on est au moins 2 a ne pas l'apprecier....lol

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    3. Peut-être qu'on n'a pas eu l'occasion de goûter à du vrai, bon tteokbokki aussi.;)

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    4. Pas convaincue...surtout cette sauce et ces trucs de riz (je les aime a petite dose).....je ne sais pas....

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    5. Oui, non, mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. 😆

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  8. Bon ben je vais passer hein ! Ayant fait moi même plus de 10 ans de thérapie pour me remettre de mes trauma médicaux entre autre, et que je trouve que franchement, ça de m'a pas servi à grand chose, je ne vais pas me mettre à lire les thérapies des autres !!!

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    1. Ahaha, tu as toujours une façon de dire les choses qui me fait rire !

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  9. je l'ai lu en anglais (ah oui je n'aime pas quand c'est traduit déjà d'une traduction) à sa sortie et j'avais beaucoup aimé, je savais par contre que ce n'était pas un roman et qu'elle a eu l'accord de sa psy pour retranscrire leurs échanges. Elle a publié un second livre depuis et c'est bien de lire en anglais !

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    1. Ah oui, tu t'étais lancée en toute connaissance de cause, ça change beaucoup de choses.:) Moi, le souci, c'est que je l'avais repéré en librairie rangé avec les autres romans, donc je ne me suis pas trop posé de questions... Mais quand j'y pense, en France, pour les livres en VO, il n'y a qu'un seul rayon et les libraires ne s'amusent pas à les classer par catégorie. Il faut dire qu'en VO, c'est 99% de fiction aussi. Arf, bon, tant pis, je sais au moins de quoi il retourne maintenant.;)

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