WILDERNESS

Il est très rare que j'enchaîne les livres d'un même auteur, voire que je les lise tous, mais là, force est de constater que j'ai commencé à lire Lance Weller en mai 2024 et que j'en suis à son troisième roman en l'espace de même pas un an. C'est assez dingue pour le souligner !

Wilderness est le premier roman de l'auteur (oui, par contre, je ne fais pas dans l'ordre^^) et également le seul à avoir été publié aux États-Unis, les deux autres ayant été directement traduits en français et publiés par Gallmeister. 

J'ai donc eu le plaisir de découvrir enfin la plume originelle de Lance Weller ici. Plaisir parce que ce qui fait entre autres la force de ses romans, c'est son écriture.❤️ Une écriture puissamment évocatrice, précise et fluide, belle et âpre à la fois, qui arrive à me bouleverser même quand elle est descriptive.

Cette fois-ci pourtant, elle ne m'a pas autant touchée que dans ses autres romans. Peut-être parce qu'elle était particulièrement descriptive justement, et surtout, le nature writing était plus prononcé, trop pour moi sans doute^^, avec des descriptions de paysages, de ciel, d'étoiles et d'états d'âme à n'en plus finir, assez répétitives. Lance est un sacré contemplatif en fin de compte. Peut-être aussi parce que dans ses autres romans, elle était au service de thématiques et de personnages qui me parlaient davantage, et comme je n'arrêtais pas de les comparer malgré moi, j'étais dans l'attente de retrouver ce qui m'avait bouleversée et conquise dans mes lectures précédentes, et je suis un peu restée sur ma faim.

Non seulement les personnages ne m'ont pas touchée tant que ça, mais j'attendais aussi une histoire plus forte et secouante suite au prologue qui, pour moi, était très prometteur. 

Une vieille dame aveugle, Jane Dao-Ming Poole, que la sensation du froid extérieur éveille à de lointains souvenirs, se remémore celui qui lui a tant transmis et qu'elle appelle son deuxième père, Abel Truman. Elle se souvient aussi de Glenn, celui qui l'a élevée par la suite, un Noir américain, qui lui a fait le récit de la vie d'Abel. 

C'est ce récit que l'on découvre dans ce roman, dans une alternance entre deux périodes, celle de la guerre de Sécession dans laquelle Abel était engagé aux côtés des Confédérés, une expérience violente et traumatisante comme on peut l'imaginer, et celle de ses vieux jours, trente ans plus tard, où il vivait quasi en ermite sur la côte du Pacifique Nord-Ouest avec ses démons intérieurs et son chien pour unique compagnon. Lorsqu'il décide de partir pour un ultime voyage vers l'est, une mauvaise rencontre change le cours de son existence, l'occasion pour Lance de faire le portrait de formidables salauds absolument mémorables.

Bien sûr, tout le long, j'attendais impatiemment la connexion entre le prologue et le reste de l'intrigue. Quand Abel allait-il croiser le chemin de Jane ? Que lui a-t-il appris qui l'ait autant marquée ? Et ce Glenn, dans quelles circonstances a-t-il connu Abel et comment sont-ils devenus proches ? C'est là où mes attentes ont quelque peu été déçues.

Beaucoup de choses sont restées en surface. Je pense notamment à la relation antérieure entre Glenn et Abel dont on ne sait finalement rien. D'autres personnages forts entrent et sortent de la vie d'Abel (et de la nôtre) en coup de vent, comme Hypatia. Il y avait quelque chose d'un peu frustrant dans l'ensemble, comme si on touchait quelque chose du bout des doigts qui disparaissait aussitôt. Ou qu'on tournait longuement autour de quelque chose d'assez déterminant pour finalement ne pas y aller.

Et ce final, si triste et si brutal...

Pas mon Lance préféré, on l'aura compris, mais il reste un auteur chouchou. C'est mon David Grann côté fiction. J'attends avec impatience son prochain roman !

LC avec Stéphanie dont c'était le premier Lance Weller et qui l'a aimé sans réserve.