BOOK TRIPS

AUTEURS ET THÈMES PAR PAYS

vendredi 23 décembre 2016

J'ENQUÊTE


J'ENQUÊTE

Il y a quelques auteurs comme ça, côté littérature française, qui sont pour moi une valeur sûre dans le sens où je sais que je trouverai chez eux un univers et un style qui me conviendront aussi bien qu'un refuge en pleine tempête. Je ne les lis pas systématiquement mais je me les garde sous le coude pour les moments panne de lecture, un entre-deux indécis, ou pour faire passer une lecture qu'on ne sent pas mais qu'on se challenge à lire.
Joël Egloff en fait partie. Je n'ai lu qu'un roman de lui, il y a 8 ans, mais il m'a convaincue que j'avais affaire là à un auteur précieux. Je devais d'ailleurs lire d'autres de ses romans depuis mais je l'avais un peu oublié, j'avoue. Ce sont les billets de Keisha et Sandrine qui me l'ont remis en tête, et après une expérience maltaise que je craignais traumatisante, le moment était venu de retrouver son écriture savoureuse, son sens de l'absurde, ses personnages décalés et  l'humour qui en découle inévitablement.

À l'époque où j'avais découvert Joël Egloff, je le mettais un peu sur le même piédestal que Raymond Devos pour son style et sa façon de relater une histoire, un événement, une situation, et son personnage principal me rappelait un peu Pierre Richard (dans "La Chèvre" par exemple). C'est encore le cas ici !

Dans J'enquête, notre "héros" est un détective privé tout frais dans la profession, qui prend son métier très à coeur et avec beaucoup de sérieux. Quand bien même il ne s'agirait que de la mystérieuse disparition d'une figurine de crèche dans une petite église de village, c'est avec le plus grand dévouement qu'il mènera l'enquête qui lui a été confiée. Pour son malheur (et notre plaisir), c'est un de ces timides qui n'aime pas déranger et qui ne veut pas faire de la peine, ce qui ne l'aide pas beaucoup dans ses relations aux autres, même pour obtenir sa rémunération alors qu'il n'a presque plus d'argent. Sans grande expérience du métier, il mène son enquête suivant les clichés de la profession, ce qui fait de lui une caricature irrésistiblement drôle.
C'est le genre de personnage totalement décalé socialement, qui n'a pas les mêmes codes sociaux que tout le monde, et qui, devant l'évidence de l'échec, est convaincu au contraire d'être sur la bonne voie. Pire encore, alors qu'on se rend compte qu'il se fait avoir et qu'on se moque même de lui, lui n'y verra que du feu et trouvera toujours des excuses aux autres, quitte à s'accepter responsable ou coupable d'une situation dont il est en fait victime.

Je me suis beaucoup amusée de ce personnage qui fait quand même pitié et j'ai bien aimé ce récit qui m'a arraché quelques rires, mais sur la longueur, ça finit par être un peu lassant et énervant malgré tout. Disons qu'une fois qu'on a compris le personnage, il n'y a plus vraiment de surprise. Il devient en effet très prévisible, ainsi que les événements, du coup l'humour ne prend plus comme au début. Ceci dit, c'était pile poil la bonne longueur et ça reste un bon moment de lecture.

Quelques extraits pour une idée du personnage et du style :

"... le plus difficile dans une enquête, ce ne sont pas les heures passées à attendre sous la pluie ou dans le froid l'apparition d'un suspect. Ce n'est pas non plus de réussir à mener une filature en toute discrétion. Le plus difficile, c'est bel et bien de découvrir qui il faut surveiller ou qui il faut suivre."

"Cependant, je ne m'inquiétais pas outre mesure. Il y a toujours, quelle que soit l'affaire, un moment où l'enquête piétine. Le tout c'est d'en être conscient et de ne pas s'en faire. C'est un passage obligé. Un temps qui permet de réfléchir et de prendre son élan. Il faut, en quelque sorte, savoir piétiner pour mieux sauter."

La petite pirouette de fin m'aura beaucoup amusée. J'ai bien aimé comment l'auteur a conclu son récit.

22 commentaires:

  1. Même si Egloff ne m'ennuie pas avec son humour, je peux comprendre car moi, c'est J.M. Erre qui finit généralement assez rapidement par tourner en rond et me lasser...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Aaah J.M. Erre ! Oui, lui aussi est dans mes petits carnets. Bon J.M. Erre, c'est plus dans le genre barré, délirant. À répétition, ça peut en effet lasser. Egloff est dans un humour plus fin, et surtout, il excelle dans l'absurde. Ce roman-ci m'a d'ailleurs un peu fait penser à "Epépé".

      Supprimer
  2. Le roman est court, Egloff sait terminer! Bon, c'est aussi pour moi une auteur que je suis fidèlement...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il me reste encore "L'étourdissement" à lire de lui. Je m'en réjouis !

      Supprimer
    2. J'ai lu deux fois L'étourdissement, je dis ça je dis rien... ^_^

      Supprimer
    3. Haha oui mais t'inquiète, je me le suis déjà prévu pour un entre-deux indécis, une panne de lecture, etc... ;-)

      Supprimer
  3. Jamais lu cet auteur mais je ne commencerais pas avec celui-là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Celui que j'ai lu précédemment était vraiment bon, sinon son livre de référence, "L'étourdissement", semble avoir soulevé pas mal d'enthousiasme.

      Supprimer
  4. Inconnu au bataillon cet auteur en ce qui me concerne, je vais me pencher sur la question...!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Penche-toi donc, c'est un auteur qui vaut franchement le détour.:-)

      Supprimer
  5. moi non plus je ne connais pas! Why not?
    Bonnes fêtes de Noël!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai qu'il a le succès discret ce monsieur. La blogo lui donnera peut-être un peu plus de visibilité un de ces 4.:-)
      Bonnes fêtes à toi également !

      Supprimer
  6. Bonjour A_girl, je note ce roman. Je n'ai encore rien lu cet auteur. J'aime bien les histoires avec un détective privé. J'en profite pour te souhaiter un joyeux Noël.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Dasola, je guette ton avis alors, sans trop d'appréhension. Je pense que tu sauras apprécier cet auteur et son univers.
      Joyeux Noël à toi également, et belles fêtes de fin d'année !

      Supprimer
  7. Du coup, tu le retires de tes auteurs "en cas d'urgence"?
    Ça a l'air sympa, on verra si je tombe dessus un jour à la bib'! (enfin, pour ça, il faut bien sûr que j'y retourne... haha!)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non non je le maintiens dans mes petits carnets. J'ai quand même passé un bon moment de lecture ici, malgré mon petit bémol. C'est un auteur qui reste idéal pour les "cas d'urgence".:-) Et peut-être que ses autres romans que je n'ai pas lus sont encore meilleurs.

      Supprimer
  8. Rien qu'en citant Raymond Devos, tu m'as harponnée !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas visionné ses sketches quand j'y pense. Tiens, tu m'as donné envie de m'y replonger, haha !

      Supprimer
  9. Nous avons tous ces auteurs "en cas de panne de lectures". Je ne connais pas celui-ci mais merci pour la belle découverte! Même si à la longue celui-ci était un peu lassant, il aura eu le mérite de te faire rire :-)
    Bisous et belle année à toi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est le propre de ces auteurs, je crois. Comme on est un peu habitué à leur style, leur humour, leurs recettes littéraires, ça peut finir par lasser un peu sur la longueur. C'est pourquoi je ne reviens vers eux que de temps à autre. Mais je sais que ce sera toujours un moment de lecture plutôt agréable.:-)
      Bonne année à toi, bisous.

      Supprimer

Merci pour votre petit mot. Les commentaires sont modérés par défaut, mais j'y réponds toujours.