DOOMSDAY BOOK
( LE GRAND LIVRE )
Vous avez vu le film "Misery" ? Vous vous souvenez de cette scène où Annie Wilkes, fan invétérée de l'écrivain Paul Sheldon, est confortablement assise devant lui et s'apprête à savourer son dernier manuscrit (qu'elle l'a un peu contraint à finir), sourire de joie sauvage sur les lèvres, excitation dans les yeux (ça, c'était moi en ouvrant Le Grand Livre) ? Très vite cependant, l'incrédulité et le mécontentement se lisent sur son visage, et elle poursuit sa lecture, sourcils de plus en plus froncés et indignation type WTF dans les yeux (ça, c'était moi quelques pages plus loin et au fur et à mesure que j'avançais).
Bon, moi, comme je n'ai pas séquestré Connie Willis, c'est sur FB que je me suis défoulée tellement j'étais colère :
"Punaise, chui vénère avec le Connie Willis !! Ça fait plus de 200 pages qu'un des personnages dit qu'il a truc important à révéler, et bien sûr, à chaque fois il en est empêché pour x ou y raison. Le procédé commence à me lasser sévère !"
Quelques pages plus tôt, je m'en étais déjà plainte à Keisha qui pressentait un abandon imminent :
"Connie Willis, pour l'instant, je poursuis, mais franchement, je m'ennuie un peu. Je ne retrouve pas la fraîcheur de Sans parler du chien... Le suspense du début est agaçant en plus. Quelque chose cloche mais quoi ? On tourne en rond et l'auteur fait exprès de faire traîner les révélations. Ça m'énerve !"
Ce qui m'énervait par-dessus tout, c'est que le personnage avait le temps de répéter plusieurs fois, "j'ai quelque chose d'important à dire", "il y a un problème", alors que tout ce temps de parole, il aurait largement pu révéler ce qui le tourmentait.
Je suis allée vérifier quelques avis sur Goodreads pour voir si c'était moi qui étais juste impatiente ou mal lunée car l'appréciation générale autour de ce roman est plutôt extrêmement positive, mais certains ont souligné ces longueurs et suspense inutiles et énervants, doutant même qu'il y ait eu un vrai travail d'éditeur derrière. C'était rassurant mais ça ne changeait pas le problème.
D'habitude, je déplore ces facilités d'auteur où tout se résout étrangement vite, tout trouve une solution en un clin d'oeil, comme de par hasard, mais là c'est tout l'inverse. Connie Willis complique et prolonge son intrigue de manière terriblement et grossièrement artificielle, ce qui a vraiment eu le don de m'exaspérer tout le long.
Qu'on était loin de Sans parler du chien que j'avais trouvé captivant, truculent, désopilant, fluide, malgré un début un peu tâtonnant également, mais bien plus vite oublié.
Et pourtant, ce premier tome de la série des "Oxford Time Travel" était extrêmement prometteur ! Rien que le titre déjà, qui rappelle ce grand inventaire de l'Angleterre terminé en 1086 et réalisé par Guillaume le Conquérant et qui annonçait donc un saut dans le temps à l'époque médiévale, mais j'en jubilais d'avance ! Voilà qui laissait augurer un sacré choc des moeurs, des coutumes et des modes de vie, un grand écart technologique et un gouffre linguistique délectables, une sorte de "Visiteurs" en somme, mais dans le sens inverse. Le tout pouvait être franchement très amusant. Connie Willis m'avait déjà prouvée qu'elle savait y faire.
Et de fait, elle sait y faire en réalité. Toute cette partie de l'intrigue m'a véritablement captivée et presque passionnée, malgré, encore une fois, quelques longueurs et complications sans finesse, mais bien moindre que dans la partie contemporaine à Oxford (enfin, futur puisqu'on est en 2054 en Angleterre).
Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue que l'auteure s'est (maladroitement) appliquée à ne pas dévoiler sur 2/3 du livre (même si c'était évident au bout d'un moment que les événements allaient prendre cette tournure) mais quand même, j'ai envie de dire attention SPOILER sa retranscription de la période de la peste noire était juste formidable, d'un réalisme saisissant et éprouvant, mais aussi très intéressante et très instructive.
Ma dernière réaction FB à ce stade :
"Quel cauchemar ce livre ! Là je ne parle plus des teasers interminables, ça, ça y est, c'est passé, mais des événements. Tellement tragique tout ça...
Dans Le Grand livre, on est assez loin finalement de la comédie loufoque de Sans parler du chien. Ici, le comique de situation est lourd, et quand l'auteure n'en use plus, le récit est cauchemardesque à souhait. Que de tragédies et d'événements tristes et lugubres ! Il n'y a que la petite Agnes qui a égayé ma lecture en réalité. Par contre, le dernier tiers du livre m'a franchement bouleversée et secouée. J'ai mieux compris l'ambition de Connie Willis à travers cette fin que j'ai trouvée très forte et qui m'a rendu cette histoire cohérente (j'ai même fini par (quasi) excuser et justifier ces longueurs dont je me plaignais), presque belle, très émouvante en tout cas (ah le père Roche, et Agnes... Agnes...💗), à travers entre autres les conclusions de Kivrin sur son expérience, mais bon sang, il devait bien y avoir moyen d'écourter ce roman de bien 200 pages au moins en squeezant certains épisodes à Oxford, voire certains personnages parfaitement inutiles dans l'intrigue, tels ces "bellringers" américains.
Mon commentaire Goodreads pour conclure :
Des longueurs, de l'énervement, mais au final, j'ai quand même bien aimé l'intrigue.:-)
Je pense que je m'arrêterai là tout de même avec Connie Willis et je m'en tiendrai à l'excellent souvenir de Sans parler du chien et un souvenir plus mitigé du Grand Livre que je recommande malgré tout si on est particulièrement féru de l'époque médiévale.
LC avec Keisha.
bref ce livre serait nettement meilleur avec des pages en moins...beaucoup de pages...;)
RépondreSupprimerVoire quelques personnages en moins aussi.:-) En tout cas, c'est bien l'esprit.;-)
SupprimerHé oui on est 100 % raccord sur l'avis (à force je lisais vite les pages où on devait avoir des informations puisque je savais qu'il n'y en aurait pas...) Pour tout te dire, j'envisage de donner ou vendre mon bouquin, je ne le relirai pas.
RépondreSupprimerJe n'ai pas trop survolé la partie Oxford mais je n'étais pas forcément attentive à ce qui s'y déroulait. C'était vraiment n'importe quoi. Tous ces gens qui passaient leur temps à se chercher les uns les autres, comme je disais chez toi, pfiou, zéro intérêt. Heureusement qu'il y avait la partie médiévale !
SupprimerBon, je ne regrette pas cette lecture, elle me trottait en tête depuis des années. C'était même ce roman que je devais lire avant "Sans parler du chien". Ohlala, heureusement que j'ai fait l'inverse car vraiment, sûr et certain que je n'y embarquais pas si j'avais lu "Le Grand Livre" en premier. Et là, ça aurait été vraiment dommage que je ne lise pas "Sans parler du chien".^^
Tout à fait. Et aussi Trois hommes dans un bateau. Là, c'est fait.
SupprimerVoilà !^^
SupprimerJ'aime beaucoup ton billet... et je passe mon tour !
RépondreSupprimerMerci pour ton appréciation. C'est un peu de la récup' de commentaires en "live", mais au moins, ça illustre bien mon ressenti de lecture.;-)
Supprimerje vais passer alors et retenir Sans parler du chien...
RépondreSupprimerOh oui, retiens "Sans parler du chien" pour une de tes incursions SF.;-)
SupprimerJe ferai attention si je rencontre "Sans parler du chien"...
RépondreSupprimerÇa pourrait te plaire, oui.:-)
SupprimerTu sais quoi? "j'ai quelque chose d'important à te dire" ptdrrrrrrrr
RépondreSupprimerJ'te le dirai demain... Mouah ha ha ha ha
Celui-ci j'éviterai donc de le lire! ^^
Bisousssss
Hahahaha ! J'en rigole là mais je t'assure, je ne rigolais pas du tout quand je lisais ce livre. Oui, tu peux passer ton chemin (quoique la période médiévale se déroule en hiver ;-) ).
SupprimerBisousss