TERRE DES OUBLIS
traduit du vietnamien par Phan Huy Duong
Il y a 12 ans, je découvrais la plume de l'auteure, Duong Thu Huong, à travers un court roman qui avait a priori peu de chance de me séduire et qui, contre tout attente, m'avait complètement charmée. Je m'étais alors exclamée "je confirme d'ores et déjà Terre des oublis dans mes prochaines lectures !". La notion de "prochain" est chez moi toute relative en ce qui concerne les livres (en atteste ma PAL constituée au 3/4 d'envies de lectures urgentes qui s'entassent depuis des lustres...) mais ce fameux "un jour" finit (presque) toujours par arriver.
Particulièrement motivée par le souvenir de cette lecture qui m'avait enchantée, par l'envie d'un dépaysement livresque, par l'avis très enthousiaste d'une collègue, confirmé par ma libraire qui le classait dans son top des tops, et par la perspective d'une LC sympathique, je plongeais enfin dans cette "Terre des oublis" !
Là encore, j'ai apprécié le style de l'auteure, une écriture sobre et fluide, précise et raffinée, quoique teintée d'un souffle plus poétique que dans mon souvenir, qui vous immerge dans l'âme et le coeur du Vietnam. Les envolées poétiques, ce n'est pas trop mon truc, mais ici ça se fondait assez bien dans la narration pour que je tourne les pages sans même m'en rendre compte.
L'histoire se développe autour d'un tragique triangle amoureux du type A aime B qui aime A, et C (qui aime A), qu'on croyait mort en héros, revient réclamer A de plein droit après avoir été porté disparu pendant 14 ans. Une équation des plus épineuses que l'auteure va soumettre à notre entendement en nous plongeant dans le passé de ces trois personnages, et à laquelle l'intervention d'un personnage X va apporter un peu de lumière et d'humour (plus que bienvenus dans ce contexte).
Nous sommes dans le Vietnam de l'après-guerre, au coeur d'un village de montagne, et à travers cette petite communauté, l'auteure dépeint la réalité d'un pays qui subit encore les séquelles de la guerre et où la pression de la société, pétrie de principes moraux et politiques, est telle qu'elle laisse peu de choix à l'individu.
Ici aussi, Duong Thu Huong retranscrit à merveille les réflexions et sentiments de ses protagonistes confrontés à une situation complexe telle qu'il est difficile de prendre parti pour l'un ou pour l'autre, et de savoir avec certitude quelles décisions on aurait pris à leur place. On s'attache tout autant qu'on s'agace des personnages, jusqu'à même les détester, pour compatir de nouveau à leur sort et revoir leur actions sous un autre angle. Ce n'était pas les montagnes russes d'émotions ici mais c'était tout aussi secouant.
J'ai beaucoup aimé aussi les évocations de nourriture (mon grand dada dans les lectures) même s'il n'y avait pas de nems, qu'il y avait quelques concoctions et mets peu ragoutants et que j'ai fini par me lasser du riz gluant. J'ai aimé le fait que les hommes apprécient boire du thé comme d'autres la bière. Tout cet aspect culturel m'a vraiment beaucoup plu et bien dépaysée comme je l'espérais.
J'ai été très surprise en revanche par la quasi-obsession de l'auteure pour le sexe. Ça reste toutefois relativement soft mais c'est très présent.
Les gros bémols :
- quelques longueurs ressenties, j'en ai parfois frôlé l'ennui et j'ai même dû lire quelques passages en diagonale. On est très loin du palpitant, l'action se déroule en plus principalement dans un petit village de montagne assez mort en terme d'activité.
- le côté répétitif des questionnements de nos personnages (avec toujours les mêmes réflexions à quelques variantes près).
- malgré tout son intérêt et sa tragique beauté, l'intrigue est bien trop loin de l'esprit de Noël pour une lecture de décembre, et ça a un peu joué dans mon plaisir de lecture.
D'ailleurs une fois la dernière page tournée, j'ai cherché avidement un petit livre léger et comico-comique pour me rebooster le moral.
En relisant mon billet sur Histoire d'amour racontée avant l'aube, le court roman de l'auteure que j'avais lu il y a 12 ans, je me suis rendu compte que les histoires d'amour sur fond de tragédie semblent être des thèmes de prédilection de l'auteure. J'avais vraiment trouvé ce roman superbe, sans réserve. Si je devais la relire, je pense que je privilégierais ses romans courts.
Un extrait parmi d'autres qui m'a amusée :
"Sa peau scintille dans la lumière des chandelles, blanche comme le lard gelé ou la coquille des oeufs."
(j'adore ces comparaisons totalement exotiques et inattendues ! 😁)
Une des chouchous de ma bibliothécaire (qui évoquait Martin Guerre), je pensais en emprunter un pour la coupure des fêtes de cette bibli, mais là j'hésite.
RépondreSupprimerAh oui, non, ce n'est pas une lecture idéale en cette période.;) En revanche, tu as éveillé ma curiosité avec Martin Guerre, et je suis du coup tombée sur un Dumas... aïe aïe...^^
SupprimerJe l'ai lu il y a longtemps et beaucoup aimé. Tu 'as bien remis le scénario en mémoire mais ça reste juste un souvenir (c'est terrible comme tout fout l'camp ! ;-) )
RépondreSupprimerMoi c'est son autre roman lu il y a 12 ans dont j'avais tout oublié. Heureusement que je blogue depuis aussi longtemps, j'ai pu ainsi me remettre l'intrigue en mémoire.:)
SupprimerAlire les différents avis, ça ne me donne aucune envie de le lire...
RépondreSupprimerTout ne peut pas plaire à tout le monde.;)
SupprimerMalgré les longueurs ( sur 600 pages, ce n'est pas étonnant), je pourrais être tentée mais pour l'instant, je suis plongée dans les romans coréens ( si j'arrive à lire quelque chose, je trouve que les périodes des fêtes, c'est la période la plus difficile pour lire...)
RépondreSupprimerOoh j'ai hâte de découvrir tes trouvailles au rayon coréen ! Je suis aussi férue de culture et littérature coréennes que japonaises ! Et c'est vrai que ce n'est pas la meilleure période pour dévorer les livres.^^
SupprimerBof, pas convaincue, tu as trop de bémols... Rien à voir mais j'ai enfin récupéré aujourd'hui Aventures d'un romancier atonal (commande fin octobre, quand même, une rareté, ce titre, mais ça le rend encore plus désirable !!!)... Je le garde au chaud pour le Mois latino-américain, mais rien que l'objet... Je m'en régale d'avance !
RépondreSupprimerOouuh j'ai hâte de te lire à ce sujet ! Oui, le livre en lui-même mérite sa place sur nos étagères de bibliothèque. J'espère que tu ne seras pas déçue par le contenu.:)
SupprimerSi tu parles de longueurs, je passe directement. Je n'aime pas ça !
RépondreSupprimerBonne soirée.
Ah mais tous les prétextes sont bons avec toi !^^ Bonne soirée.
SupprimerJ'ai lu Les collines d'eucalyptus, qui m'a plutôt plu, mais je ne suis pas sûre de récidiver...
RépondreSupprimerPas très bon signe, ça !^^ Mais si c'est la même ambiance un peu dramatique, avec des personnages aux destins tragiques, je peux comprendre. Même si ce sont de bons romans, ce n'est pas forcément le genre d'atmosphère qu'on aime retrouver de si tôt. Ou alors en court roman.:)
SupprimerVa pour "Histoire d'amour racontée avant l'aube" alors !
RépondreSupprimerOui, celui-là m'a vraiment marquée très positivement. Et il est court.:)
SupprimerIl m'avait marquée à l'époque mais aujourd'hui je n'en garde pas de souvenir précis, c'est dommage...!
RépondreSupprimerJe crains qu'il n'en soit de même pour tant de livres, me concernant.^^ C'est vrai que c'est dommage...
SupprimerUn titre que j'ai envie de lire mais... plus tard !
RépondreSupprimerPasse de bonnes fêtes !
Merci ! Bonnes fêtes à toi !
Supprimerben écoute, pour moi, ça fait 10 ans... En mars 2010, j'avais lu et adoré "Itinéraire d'enfance" du même auteur, que j'avais adoré... Et je m'étais promise de poursuivre son oeuvre... Le temps a passé... Je remarque que tes bémols pour ton titre sont sans doute rédhibitoires pour moi. Joyeux Noël tout de même :)
RépondreSupprimerMerci, Noël s'est bien passé, ce fut même véritablement joyeux.:)
SupprimerAaah je note "Itinéraire d'enfance" alors si l'envie me prend de revenir à cette auteure un jour ! J'ai vu que c'était à mi-chemin entre le roman court et le pavé.;)
je l'avais commencé mais pas accroché au style. Je l'ai toujours dans ma pal, pour un jour peut-être retenter la lecture...mais je ne suis pas ultra pressée!
RépondreSupprimerSi tu n'as pas accroché dès le départ, je comprends que ce soit difficile d'y retourner. Ça vaut quand même le coup d'insister un peu mais sans urgence effectivement.
Supprimer