mercredi 27 août 2008

HISTOIRE D'AMOUR RACONTÉE AVANT L'AUBE


HISTOIRE D'AMOUR RACONTÉE AVANT L'AUBE

traduit du vietnamien par Kim Lefèvre

Présentation de l'éditeur
"Voici l'histoire d'un homme et d'une femme unis en 1949 et qui, peu à peu, se rendent compte qu'ils sont "mal mariés" et se séparent d'un commun accord.
Le Parti, lui, en juge autrement et fait appel du jugement de divorce, considérant que l'épouse a été défavorisée.
Derrière une histoire d'amour avec ses passions et ses questions, est mise en exergue l'intervention du Parti dans la vie privée, autorisant à son gré mariages et divorces.
Une grande histoire d'amour à trois : elle, lui et le Parti."

Un titre qui m'avait fait sourciller quand une amie me l'a mis entre les mains. C'est quand même de notoriété publique (public restreint à mon entourage, c'est vrai) que je n'aime pas les histoires d'amour (en livres en tout cas, et ça dépend de la façon dont elles sont traitées). Et quand c'est le thème principal et que le titre ne s'en cache pas, double frémissement, triple doute !!

Je me lance quand même (après deux ans de résistance), intriguée depuis toujours par cette auteur mais pas assez motivée pour la découvrir à travers Terre des oublis, et là... surprise... j'aime ! Le style déjà, très agréable, une écriture sobre et fluide, précise et raffinée, les premières pages m'enchantent tout de suite - et puis, l'histoire ! une histoire d'amour contrariée pour résumer, un truc somme toute assez classique, mais rien à voir avec un truc à l'eau de rose.

Sous la plume de Duong Thu Huong et placée dans le contexte socio-politique du Vietnam post années 50, cette histoire prend une toute autre dimension. L'auteur s'en sert comme prétexte à une critique subtile du régime de l'époque, son interférence dans la vie privée des gens qui entrave les libertés et confère plus d'importance au groupe qu'à l'individu.

Les sentiments et les réflexions sur l'amour, vraiment bien retranscrits, restent toutefois universels, c'est aussi ce qui est assez troublant et fascinant, le fait de réaliser que malgré la distance et les différences culturelles, l'humain aspire plus ou moins à la même chose, que l'on traverse tous les mêmes doutes, que l'on se pose les mêmes questions...

Cela peut paraître naïf dit comme ça, mais c'est vraiment ce qui a fait écho en moi, l'universalité de cette histoire, le fait que l'on puisse si facilement s'y identifier, et ce, malgré les enjeux qui diffèrent d'une culture à l'autre. Et Duong Thu Huong expose tout cela tellement bien, avec en fond, une peinture vivante du Vietnam des années 50 aux années 80, que l'on passe vraiment un moment de lecture très agréable.

Je comprends maintenant que cette auteur fasse l'unanimité si ses autres ouvrages sont de la même trempe. Je confirme d'ores et déjà Terre des oublis dans mes prochaines lectures !

L'auteure
Duong Thu Huong est née en 1947 au Vietnam. Militante, elle n'a cessé de défendre vigoureusement ses engagements démocratiques, au point finalement d'être exclue du parti communiste en 1990, avant d'être arrêtée et emprisonnée sans procès. Aujourd'hui, elle vit en résidence surveillée à Hanoi.

2 commentaires:

  1. Catherine Lefeuvre19 décembre, 2020

    Je viens de découvrir votre blog et... ses richesses. J'ai découvert Duong Thu Huong à l'occasion d'un voyage au Vietnam. J'ai eu un vrai coup de foudre pour cet auteur. Elle m'a aidé à comprendre le fardeau que représente l'Histoire pour les vietnamiens, ce qu'est vraiment un régime totalitaire, dans ce cas le communisme. Elle fait de superbes portraits de ses héroïnes aux destins tragiques.

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    1. Quelle chance! Duong Thu Huong m'apparait comme une personne vraiment intéressante et intelligente, un témoin vivant d'une réalité tragique dont elle parle avec beaucoup d'élégance.
      Lors de mon séjour au Vietnam, j'ai bien ressenti l'atmosphère oppressive qui régnait dans l'air, et en discutant avec quelques Vietnamiens, je me suis rendu compte qu'il y avait certains sujets difficiles, dont ils n'aimaient (ou n'osaient) pas trop parler de vive voix. Ca m'avait vraiment mise mal à l'aise ce sentiment très vif d'être dans un pays où l'on n'est pas vraiment libre.

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