CLOUD CUCKOO LAND

CLOUD CUCKOO LAND

( LA CITÉ DES NUAGES ET DES OISEAUX )

J'avoue, je n'avais pas prévu de lire Anthony Doerr avant un bon moment, voire jamais (ou un jour, comme je dis souvent quand je sens bien que je n'obtiendrai pas de dérogation de ma PAL^^). Son soudain succès, alors que son précédent roman, Toute la lumière que nous ne pouvons voir, envahissait toutes les tables des librairies, m'avait laissée indifférente. Pour moi, c'était un auteur sorti de nulle part qu'on mettait subitement en avant, et il me semblait qu'il y en avait déjà tant que je n'arrivais pas à caser que je n'ai pas cherché à creuser plus loin. Il faut dire que son titre ne m'attirait pas - ça sonnait trop feel-good ou roman bourré de bons sentiments - ce qui n'aide pas à s'intéresser à un livre ou à son auteur.

La Cité des nuages et des oiseaux est ensuite paru et l'engouement général m'a de nouveau laissée de marbre. Là aussi, le titre y était pour beaucoup et j'avais presque décidé que cet auteur n'était sûrement pas pour moi. On préserve sa PAL comme on peut.^^ Et puis il y a eu l'enthousiasme de trop qui a fini par éveiller ma curiosité. J'ai senti une vague envie de le lire, mais sans grande conviction. Il a suffi d'une proposition de LC que je n'ai pas su refuser, et voilà, cette lecture est devenue une de mes priorités du début d'année.

Malgré tout le bien dont j'en avais entendu parler, j'embarquais toutefois sans trop savoir dans quoi... et pendant un long moment, je n'avais aucune idée de là où l'auteur m'emmenait, mais je prenais beaucoup de plaisir dans ma lecture et ça, c'était un signe indéniable que, ça y est, moi aussi j'étais prise dans ses filets. Rien à voir avec mes préjugés de départ. 😆Anthony Doerr a un formidable talent de conteur qui vous accroche à sa plume et ne cesse de vous surprendre par son imagination, vous amenant là où vous ne l'attendiez pas.

Dans ce roman, plusieurs intrigues se déroulant à différentes époques et dans différents lieux, liées par un mystérieux texte ancien dont l'histoire en est le fil rouge, s'alternent de chapitre en chapitre. Nous voilà donc "entraînés de la Constantinople du XVe siècle jusqu'à un futur lointain où l'humanité joue sa survie à bord d'un étrange vaisseau spatial en passant par l'Amérique des années 1950 à nos jours", dans des histoires qui ne semblent n'avoir aucun lien entre elles si ce n'est cet étrange récit d'un berger de la Grèce antique qui rêve d'être transformé en oiseau pour pouvoir rejoindre la Cité des nuages et des oiseaux. C'est totalement improbable comme base d'intrigue, il faut le dire, et pourtant Anthony Doerr a osé se lancer dans ce projet d'écriture ambitieux et périlleux en le menant à terme avec brio et j'en suis encore soufflée.

Si j'ai apprécié suivre ces histoires et leur développement, j'ai quand même fini par ronger mon frein vers la moitié du livre alors que le mystère s'épaississait quant à ce fameux lien entre elles et que ça commençait à devenir longuet à ce stade. Mais quand tout a fini par se rejoindre, se recouper, s'éclairer, j'ai trouvé ce livre franchement épatant dans sa construction et son imagination. Je me doutais évidemment que tout finirait par se rejoindre, mais je n'avais pas visualisé clairement comment, et je ne me suis certainement pas attendue à ce développement de l'intrigue. Je ne pensais pas non plus que je me serais attachée à ces personnages au point d'être touchée par leur évolution à certains moments. C'est ce qui m'a beaucoup plus aussi chez Anthony Doerr, son aptitude à émouvoir sans en faire des caisses.

Grosse réserve toutefois sur la toute fin qui m'a semblé un peu vite expédiée, mais cela n'a pas entaché mon plaisir ni mon admiration pour ce livre dans son ensemble.

Mon avis Goodreads

Allez, j'arrondis à 5/5 étoiles parce que, quel livre formidable et dingue quand même ! Épatant dans sa conception et sa structure narrative ! C'est vraiment bien fichu et même la folie quand on y pense bien. Audacieux et réussi. On frôle la perfection si ce n'est pour un ou deux bémols. L'histoire en elle-même et les sous-intrigues sont extra, toutes développées avec soin, toutes captivantes, mais j'ai quand même ressenti quelques longueurs en cours de lecture. L'impatience que tout cela se rejoigne, fusionne et se dénoue sans doute. Et la toute fin m'a laissée un peu dans la frustration. J'aurais aimé qu'elle soit un poil - juste une ou deux pages à peine - plus développée, pour ne pas laisser quelques questions en suspens.

Cela n'en reste pas moins un roman admirable qui célèbre le pouvoir des histoires et des livres comme rarement. J'ai des frissons quand je repense à certains passages de ce livre et à leurs connexions.

Lu dans le cadre du Défi imaginaire (1/42) => catégorie M6C2 (lire le premier livre acheté en 2023)

Intègre le Défi lecture 2023 (2/30/100) => catégorie 97 (un roman en lien avec le théâtre)

L'auteur

Anthony Doerr, né en 1973, est un écrivain américain, romancier et nouvelliste. Son roman Toute la lumière que nous ne pouvons voir lui vaut le prix Pulitzer en 2015.