EMPIRE FALLS

( LE DÉCLIN DE L'EMPIRE WHITING )

Quatrième de couv :

"Bienvenue à Empire Falls, autrefois puissant centre industriel du Maine, à présent livré à la faillite et à l'ennui. Miles Roby est gérant d'un snack. Sa femme l'a quitté, leur fille fait sa crise d'adolescence, Max, son père, est un profiteur excentrique, et Mrs Whiting, sa patronne, le tyrannise. Coincé dans cette vie misérable, hanté par le souvenir d'une mère dévouée, Miles veut comprendre."

"Faillite, "ennui", "crise", "coincé", "vie misérable"... Rien de très réjouissant à première vue, et pour peu que vous ne soyez pas d'humeur, cette atmosphère de fin fond de l'Amérique pourrait vous achever.

Heureusement, j'avais déjà expérimenté l'auteur, Richard Russo, avec À malin, malin et demi, et je savais qu'avec lui, on était plutôt dans le rythme tranquille des relations humaines (pour résumer vite fait), mais ce que j'aime particulièrement chez lui, c'est qu'il a l'art de la formule et une belle compréhension de la psychologie humaine. 

Ses intrigues se construisent autour de petites communautés avec leurs petits travers et leurs failles, un bel échantillon représentatif de l'humanité décrit avec beaucoup de lucidité et de justesse, et c'est la façon dont il parle des relations entre les personnages, avec un humour assez caustique entre les lignes, mais aussi une certaine empathie, qui me porte. J'aime aussi ce sentiment de proximité qu'on ressent avec les personnages, comme si on faisait partie intégrante de la ville et de la vie de la communauté. J'ai retrouvé tout cela avec plaisir dans ce roman.

J'ai bien aimé ici comment après une longue (oui, il faut l'admettre) mise en place des personnages, les petits détails de l'histoire finissent par prendre vraiment sens et à former une image d'ensemble, beaucoup plus nette, faisant apparaître des liens entre eux qu'on n'avait pas vus au départ.

Quelle construction narrative assez bluffante en fin de compte ! Sur la fin, je me disais que ça s'accélérait avec des dénouements étrangement un peu rapides et simples, et puis le dernier chapitre et l'épilogue remettent les points sur les i !

Ce roman, c'est un peu comme un Polaroid, ou des dessins à l'encre invisible qui, plongés dans l'eau, se révèlent petit à petit. Au début, on ne voit pas grand-chose, il ne se passe rien, mais on reste fasciné par l'image en formation, et quand elle se révèle enfin, avec tous ses détails en place, c'est BAM !

J'ai trouvé ce roman quand même particulièrement dramatique globalement, le coeur de l'intrigue assez tragique même, et j'ai préféré À malin, malin et demi qui m'a semblé plus "léger" et vraiment drôle en comparaison.

LC avec Stéphanie (abandon), Sarah (coup de coeur), Keisha et Je lis je blogue.

Intègre le Défi lecture 2023 (37/40/100) => catégorie 9 (livre lu dans sa version originale)