LES SEPT DIVINITÉS DU BONHEUR

LES SEPT DIVINITÉS DU BONHEUR

traduit du japonais par Sophie Refle

Une nouvelle enquête de l'Inspecteur Kaga ? Bien que je lui préfère la série avec le physicien, j'ai gardé un si bon souvenir de l'opus précédent, Le Nouveau, que je n'ai pas résisté longtemps au dernier Keigo Higashino, un de mes auteurs japonais chouchous (malgré une déception, mais la perfection n'est pas de ce monde^^).

Cette fois-ci, un homme d'une cinquantaine d'années est retrouvé poignardé au pied de la statue du dragon ailé qui orne le pont de Nihonbashi, à Tokyo. C'est Matsumiya, le cousin de Kaga, qui est chargé de l'enquête, mais très vite, le jeune inspecteur est intégré à ses côtés pour résoudre cette affaire. Tout se complique en effet quand il s'avère que le meurtrier présumé pourrait bien être innocent. Pas d'autres suspects franchement flagrants en vue.

J'ai trouvé que l'intrigue et le ton du récit n'étaient pas aussi "rafraîchissants" que dans Le Nouveau, qui tenait presque davantage de la vie de quartier que du polar, même s'il y avait bien un meurtre à résoudre. Les thèmes ici m'ont paru plus sérieux, plus glauques aussi, plus tragiques disons. On ne ressort pas vraiment le moral au beau fixe avec ce genre d'histoires, et on est vraiment immergé dans une ambiance typique d'intrigue policière. 

Cela n'empêche que j'ai bien aimé la façon dont Kaga menait son enquête avec son cousin, Matsumiya, deux policiers aux modes opératoires à l'opposé. L'un est très protocolaire et l'autre, Kaga, fonctionne à l'instinct. Ses méthodes très personnelles et ses intuitions qui semblent le mener loin de l'affaire en cours ont un côté très divertissant et amusant qui allègent un peu la tension de l'intrigue, sans parler de sa personnalité, un peu en décalage avec celle des autres. 

La progression de l'enquête était vraiment bien développée jusqu'à son dénouement, avec fausses pistes et retournements de situation qui maintiennent le mystère et le suspense à son comble. En tant que lectrice, je me suis sentie impliquée dans l'intrigue, je cherchais moi aussi à résoudre l'affaire (en vain).

Un polar efficace et rondement mené donc. Dommage juste pour les thématiques qui m'ont un peu minée, de même pour les motifs du meurtre et les conséquences. Tout se tenait, tout était parfaitement cohérent, jusqu'à la conclusion de l'enquête, mais j'ai trouvé cette histoire bien tragique.

Et comme toujours, j'ai vraiment apprécié ce roman d'un point de vue culturel alors que l'auteur nous balade  cette fois-ci à travers le folklore japonais, le vieux Tokyo et ses temples. J'adore aussi ces petits détails si propres à la culture nipponne, comme cette histoire de chaussettes trouées, qui rendent les romans de Keigo Higashino toujours aussi fraîchement dépaysants et culturellement instructifs.

"Je me suis dit que s'il s'était donné du mal pour trouver une paire de chaussettes qui ne soient pas trouées, ce devait être qu'il comptait aller quelque part où il aurait à se déchausser. Par exemple dans un endroit où il y avait des tatamis. Alors que si c'était pour rencontrer M. Aoyagi, ce n'était pas nécessaire."

Extrait

"Tu sais, Matsumiya, si tu te maries un jour et que tu as une fille, il faut que tu saches qu'elle te quittera non pas le jour de son mariage mais au moment où elle entrera au collège."

Intègre le Défi lecture 2023 (9/30/100) => catégorie 73 (livre avec un duo d'enquêteurs).