Paraît-il (sources fiables) que Presqu'îles du même auteur, Yan Lespoux, est un pur régal. Je ne l'ai pas lu, mais étant plus roman que nouvelles, je me suis risquée laissée aller à la curiosité de ce nouveau talent confirmé sur la scène littéraire française en commençant par son roman. Je n'avais aucune idée du thème quand on se l'est programmé en LC avec Stéphanie quelques semaines avant ma lubie du Book trip en mer, mais finalement, c'est très bien tombé !^^
Le titre au départ ne m'inspirait rien, il me rebutait même, c'est donc plutôt inquiète que j'ai embarqué, mais éclairé par le poème en exergue et remis dans ce contexte, je l'ai finalement trouvé très beau et on ne peut mieux choisi !
Rapidement, j'ai été gagnée par l'esprit d'aventures en mer porté par ce roman historique qui nous ancre sur la côte du Médoc au 17e siècle, ce que j'ai trouvé particulièrement original, d'autant plus qu'à l'époque, la région n'était pas moins dépaysante, sauvage, primitive même, et déconcertante (autres temps, autres moeurs) que certaines contrées exotiques que nous aurons également l'occasion d'explorer dans cette épopée pleine de détours et de surprises.
Tout commence par le naufrage, sur la côte landaise, d'une caraque portugaise de retour des Indes, chargée d'épices et autres richesses, un fait divers historique datant de 1627 qui n'a pas manqué inspirer et entraîner Yan Lespoux dans une intrigue romanesque rythmée et magnétique qui m'a happée dès les premières pages. Fernando Teixeira, un des rares rescapés du naufrage, tente de s'orienter sur cette côte peu hospitalière tout en prenant soin de ne pas se faire repérer par les pilleurs d'épaves particulièrement brutaux envers les survivants. Son chemin croise celui de Marie, une jeune femme du coin qui a l'air aussi rustre et peu commode que les autres, et on ne sait si c'est pour le meilleur ou pour le pire. Fernando a toujours eu la poisse. Le récit remonte alors en 1616 pour dérouler le fil des événements qui ont conduit à ce moment critique et se développe en trois arcs narratifs où l'on suit les (més)aventures de Fernando, Marie, mais aussi Diogo, pour qui tout commence au Brésil, navigant ainsi entre la côte médocaine, Goa et Salvador de Bahia.
J'ai adoré retrouver l'ambiance des Naufragés du Wager, le côté aventures en mer (que je trouve de plus en plus fascinant) et historique (très intéressant cette plongée dans l'Inde et le Brésil du 17e siècle aussi, avec tous les enjeux économiques et politiques de l'époque). Les romans d'aventures maritimes, c'est clairement devenu une de mes nouvelles thématiques de prédilection.😆
J'ai été très impressionnée aussi par la plume Lespoux et par son sens de la narration. L'écriture est maîtrisée et précise tout en étant fluide, rien de démonstratif, juste, talent ! Dans le paysage du roman français actuel, il mérite vraiment sa place. Un vrai régal de le lire ! Après, je trouve qu'il abuse des descriptions, ce qui m'a marquée sur la longueur. Cela dit, elles sont très bien faites et s'intègrent très naturellement au récit, rien de pesant. Je les lisais (incroyablement) sans ennui, sans passer en mode diagonale (mais ça m'a frappée tout de même 😅).
Ses personnages sont bien campés, pas forcément attachants, mais mémorables, chacun à leur manière. Ce qui les forge, c'est la brutalité de leur monde, que ce soit sur la côte médocaine, en Inde, au Brésil ou à bord d'un navire en pleine mer, un monde où hommes et femmes n'ont pas intérêt à être faiblards pour survivre. J'ai particulièrement adoré le capitaine Dom Manuel de Meneses, une sacrée personnalité à l'égo surdimensionné, un brin tordu dans son jusqu'au-boutisme, très intéressant psychologiquement. Il a visiblement inspiré l'auteur qui m'a semblé bien s'amuser avec lui, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Au dernier quart du livre, j'étais toute en tension. Suspense insoutenable sur attention mini-spoiler le sort final des diamants (et de celui qui les détenait). Aucune idée de ce que l'auteur nous réservait. J'ai dévoré les dernières pages pendant ma pause déj' pour avoir le fin mot de l'histoire.
La fin m'a justement laissé quelques interrogations. Je n'ai pas détesté son côté ouvert, libre d'interprétation, mais ce flou volontaire sur ce qu'il advient de certains personnages m'a turlupinée tout de même. En en discutant avec mes co-lectrices sur Insta, j'ai l'impression que chacune a lu la fin qu'elle espérait, privilégiant un dénouement heureux sur tous les plans. Pas moi.😅 Mon côté sombre a parlé, mais en même temps, c'est une histoire dure dès les premières pages, un monde violent, ça ne m'aurait pas satisfaite un pur happy end. Mais qui est dans le vrai ? 🤔
Également commenté par Ingannmic.
et le Défi lecture 2024 (6/30/100) => catégorie 20 (livre comportant un nombre de pages compris entre 400 et 450 pages).
L'auteur
Yan Lespoux, né en 1977 dans le Médoc, est historien. Il enseigne la civilisation occitane à l'université Paul Valéry-Montpellier 3. Après le succès de son premier recueil de nouvelles Presqu'îles en 2021, il livre aujourd'hui avec Pour mourir, le monde un premier roman de haute volée.
Ah oui que roman, ça souffle!! (je ne sais plus trop où j'en suis dans mes comptes, mais ça doit aller au grade mousse maintenant)
RépondreSupprimerEn fouinant sur internet j'ai même trouvé une source historique, le Menendes a existé, le naufrage aussi!
(côté Wager, calme plat, ça va faire un mois que le bouquin est échoué ou en cale sèche, pas emprunté, quoi. J'attends que les usagers précédents qui l'ont réservé se réveillent -ou la bili)
Oui, c'est un roman qui décoiffe pas mal, on était en pleine brise marine, sans parler des tempêtes.^^ Et je confirme, tu es à un point de devenir matelot.:) J'ai vu aussi pour le naufrage et Meneses. J'aurais bien aimé lire son journal de bord à ce dernier, ça devait être quelque chose !
SupprimerMais c'est dingue pour le Wager ! Les réservations devraient sauter au bout d'un moment si les gens ne se manifestent pas.
La résa a sauté hier, j'ai vérifié. Plus de trois semaines en cale sèche quand même. Le suivant est prévenu, espérons que ça ira vite.
SupprimerJ'n profite pour te dire que j'ai mis Trust le 7 mars car j'ai une autre LC le 10. Pour le book trip, j'ai encore Nord nord ouest de Sylvain Coher, une truc de dingue. Mais pas sur que j'atteigne le grade d'amiral. J'ai fouiné dans ta liste...
J'espère que tu es la prochaine après la résa suivante. Bon, ce n'est pas plus mal d'espacer un peu entre Lespoux et le Wager.;) Ce ne sont pas du tout les mêmes histoires ni la même approche, mais on revit les thèmes des tempêtes en mer, naufrages, le côté historique...
SupprimerAah Sylvain Coher, je l'avais repéré récemment pour un autre titre.:)
OK pour Trust le 7 mars.
Il y a une personne avant moi!!! Mais la bonne nouvelle c'est que cet usager, contrairement au précédent qui n'a pas daigné signaler qu'il ne le voulait plus (ou alors n'a pas pu?), était au taquet et l'a tout de suite emprunté. M'enfin! Je le suis son étrave... ^_^
SupprimerOui, lui lâche pas la poupe !^^ L'autre a pu aussi oublier qu'il l'avait réservé si ça fait un moment.
SupprimerMerci de m'avoir entraînée dans cette lecture. Je me suis autant régalée que Keisha et toi. Je n'ai pas ressenti ce goût d'inachevée dont tu parles concernant la fin du roman. Peut-être ai-je extrapolé selon mon bon vouloir comme les lectrices d'Insta ! J'étais si bien embarquée dans toutes ces aventures que je n'ai pas été gênée non plus par des longueurs. Bref, c'est une très belle découverte pour moi voire même un coup de coeur.
RépondreSupprimerRavie que la traversée se soit si bien passée ! Ce n'est pas vraiment un goût d'inachevé que j'ai ressenti, c'est plutôt que, pour moi, le sort de Diogo et Fernando a complètement été passé sous silence. À nous de décider si l'un est passé à l'acte ou non (dernière phrase de l'avant-dernier chapitre). Et je n'ai pas souffert de longueurs non plus, c'est juste qu'au bout d'un moment, je me suis rendu compte que l'auteur aimait vraiment (un peu trop) les descriptions.^^ Mais comme tu dis, embarqués dans l'aventure, on ne se rend pas vraiment compte de tout ça et pour moi aussi, cette lecture a été un régal.
SupprimerSi tu as été impressionnée après la lecture des Naufragés du Wager, c'est bon signe, je suis dedans, et qu'est-ce que c'est bien écrit ! Je lirai celui-ci plus tard, il est à la médiathèque.
RépondreSupprimerAaah je suis ravie que tu sois sous le charme du Wager ! Franchement, je n'aurais pas pensé que j'arriverais à un plaisir de lecture presque équivalent avec un autre récit maritime autour de thèmes communs (naufrage, aventures en mer, historique), mais ça a bien été le cas avec ce roman.
SupprimerJe confirme que Presqu'îles est un super recueil de nouvelles ( et presque un roman, d'ailleurs ... ). Et pour savoir qui est dans le vrai, et bien, il va falloir que je sorte ce titre de mes étagères, quand j'aurais le temps de le savourer ( ce qui n'aurait pas été le cas pour la lecture commune ... )
RépondreSupprimerTu as bien fait d'attendre si tu ne te sentais pas prête pour la LC. Il vaut mieux prendre plaisir à ses lectures en prenant son temps que se mettre la pression avec des échéances courtes.;) Tu auras peut-être l'occasion de faire une LC de ce livre avec d'autres lectrices plus tard d'ailleurs.
SupprimerJ'ai Presqu'îles dans ma PAL et je me réjouis d'avance de sa lecture !
Ravie de l'enthousiasme porté par cette LC, un grand coup de cœur pour moi, que ce roman qui a du souffle !
RépondreSupprimerOui, je me souviens de ton billet qui m'a confortée dans l'idée que j'avais bien fait de l'acheter.:)
SupprimerEncore un beau succès pour cette LC maritime. Il va y avoir tout un tas d'amiraux à l'arrivée !
RépondreSupprimerAhaha oui, ça ne me semble pas impossible si on arrive à se coordonner pour caser quelques LC en cours de route, même avec des romans courts.
SupprimerOOOhh oh tu donnes divinement envie de le lire didonc....
RépondreSupprimerN'hésite pas, le plaisir de lecture est garanti !
SupprimerJ'ai lu vos critiques, ça m'a donné envie de le lire. Et j'ai aussi rajouté à ma liste de livres à lire un bouquin d'histoire qui sort demain sur des voyages en mer par des marins français au 16e siècle.
RépondreSupprimerOh, c'est quel titre ? J'ai récemment regardé un documentaire Arte (sur Youtube) sur le périple de Magellan, c'était absolument fascinant. Très curieuse de ton avis sur le Lespoux si tu le lis !
SupprimerLes grandes déconvenues: https://www.seuil.com/ouvrage/les-grandes-deconvenues-romain-bertrand/9782021545319
Supprimer(je t'ai envoyé un mail à propos d'une éventuelle lecture commune de The Goodbye Cat, tu l'as vu ?)
Merci pour le lien ! Tu n'as pas dû être insensible à la référence à Sumatra.^^ J'ai feuilleté l'extrait, ça a l'air super intéressant, mais très ouvrage historique pas forcément accessible au tout venant.
Supprimer(je t'ai répondu pour la LC, merci de m'avoir signalé le mail !)
Moi, le titre m'a tapé dans l'oeil au contraire de toi :-D En revanche, j'ai un préjugé contre les épopées maritimes, qui peuvent être dans une veine truculente qui m'agace vite. Mais je relève dans vos billets à toutes les 3 que vous n'étiez pas acquise à la cause de ce roman et qu'il vous a beaucoup plus. Ce serait donc un bon candidat pour tenter l'aventure quand même.
RépondreSupprimerJe crois que je vois ce que tu veux dire. Je ne sais plus si je suis objective, ayant été totalement convertie à la cause des épopées maritimes^^, mais jusqu'à l'année dernière, on aurait pu me dire que tel récit maritime était génial, je n'y aurais pas posé un oeil.;) Je ne peux que t'inciter à lire ce roman qui pourrait en effet te faire changer d'avis sur ces livres.:)
SupprimerUn titre qui pose question en tout cas. Encore un livre qui m'est inconnu. J'en découvre chez toi !
RépondreSupprimerJ'ai perdu tous mes liens sur Canalblog. Je dois donc rechercher les URL !
J'ai découvert aussi cet auteur tout récemment et je ne cesse d'en découvrir sur les réseaux sociaux.;) Courage avec ces changements sur Canalblog !
SupprimerA part ta perplexité sur la fin, vous êtes toutes d'accord sur l'intérêt de ce livre. Je note le nom de cet auteur, ses romans précédents ont l'air très bien aussi.
RépondreSupprimerOui, c'est un livre qui vaut le détour, et l'auteur aussi par extension.:)
SupprimerCelui-là, je veux le lire !
RépondreSupprimerJ'espère que tu l'apprécieras autant que nous.:)
SupprimerEffectivement, le titre n'est pas des plus attirant ! Comment ça, tu es plutôt pessimiste sur les fins de livres ?!! Bon , à priori ce roman ne me tente pas plus que ça, mais va savoir, si je le croise en bib... vu que je suis inscrite à un certain challenge, tout pourrait arriver !!!
RépondreSupprimerJ'aime les fins heureuses quand c'est cohérent avec tout ce qui précède.^^ Si jamais tu le lis, je serais très curieuse de ta version de la fin.;)
SupprimerUn roman qui m'est malheureusement tombé des mains : je n'aime pas les romans d'aventures.
RépondreSupprimerIntéressant ! Je recherchais justement s'il y avait des avis négatifs et en voilà (enfin 😆) un. Bon, l'argument est imparable.:)
SupprimerVoilà, je l'ai fini. j'ai beaucoup aimé. J e publie mon billet demain.
RépondreSupprimerFinalement, ce que l'on sait de sûr, c'est que Marie s'est mariée avec Ignacio et a eu des enfants, puisque Claude Masse rencontre leur petit-fils. Manifestement ils sont restés pauvres donc n'ont pas utilisé les diamants. Personnellement, je pense que Diogo et Fernando se sont entretués car si Diogo était vivant, Ignacio ne serait pas resté avec Marie ??? ou deuxième hypothèse, Fernando a tué Diogo et est parti avec les diamants. Ignacio est resté avec marie. Et que te dit ton côté sombre ?
Aaah merci ! On est d'accord que le doute subsiste quant au sort de Diogo et Fernando ! Mes co-lectrices ont décidé qu'une vie nouvelle s'ouvrait à eux et l'une a même imaginé une fin heureuse où ils étaient réunis tous les quatre (avec Marie et Ignacio). Moi j'étais encore dans le suspense de l'avant-dernier chapitre, quand Diogo s'est avancé vers Fernando avec sa dague. Mon côté sombre a décidé qu'il l'avait tué - ou qu'ils s'étaient entretués en effet. Le roman est assez dur et leur monde assez violent pour qu'une telle fin soit envisagée.
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