vendredi 31 juillet 2020

THE GOOD LORD BIRD


THE GOOD LORD BIRD

( L'OISEAU DU BON DIEU )

La couverture est trompeuse, c'est bien du roman dont je vais parler. Ceci dit, c'est l'annonce de la sortie prochaine de la série télévisée adaptée de ce roman de James McBride, avec Ethan Hawkes en tête d'affiche, qui m'a motivée à enfin le sortir de ma PAL.

Milieu du 19e siècle. États-Unis. D'ici quatre ans, il aura 60 ans. Il se fait vieux, son visage est marqué, il n'a pas la carrure type du héros américain mais il a le charisme d'un chef... un poil illuminé ceci dit 😂. Il ne vit que pour une cause, l'abolition de l'esclavage, et mettra tout en oeuvre pour accomplir sa mission, animé par sa foi inébranlable en Dieu. Il n'entend pas de voix mais n'est pas loin d'être une sorte de véritable Jeanne d'Arc à l'américaine. Ses méthodes violentes et répréhensibles ainsi que sa propension au fanatisme ne lui gagnent pas l'adhésion ni l'affection de tous mais il a tout de même quelques partisans (plus ou moins frileux tout de même 😂).
Convaincu que cela ne peut que se solder en succès, il décide de s'emparer, avec à peine une vingtaine d'hommes, de l'arsenal fédéral situé à Harpers Ferry, avec rien moins en tête que de lancer ainsi l'insurrection des esclaves et leur ouvrir les portes de la liberté.
Ça pourrait ressembler à un mythe, à un bon scénario de film, à une histoire quelque peu idéalisée mais les faits sont historiquement réels. Ce raid de 1859 fut l'un des éléments déclencheurs de la Guerre de Sécession.
"Il", c'est John Brown, légendaire abolitionniste à la personnalité très controversée.

Avec une telle trame et dans un tel contexte, on pourrait s'attendre à un récit sérieux, traité sur un ton grave, ou légèrement dans la revendication comme c'est parfois le cas dans la littérature afro-américaine, aussi quelle ne fut ma surprise de me retrouver, dès les premières pages, embarquée dans un récit totalement burlesque et décalé. D'emblée j'ai adoré le style, savoureux, l'humour, cocasse et grinçant, les personnages, hauts en couleur. J'y étais totalement à mon aise et j'ai ricané sous cape bien des fois tout au long de ma lecture.

Les éléments et faits a priori moins avérés mais indubitablement plus farfelus de ce récit sont apportés par la présence du narrateur, Henry Shackleford, alias Onion, un jeune adolescent et ancien esclave, qui rejoint la famille hétéroclite et déjantée des Brown, et qui, à la suite d'un fâcheux (mais désopilant) quiproquo, est pris pour une jeune fille (Henrietta 😂) devant dorénavant porter robe et bonnet. 

Mais quelle tornade ce roman ! Ébouriffant ! Décoiffant ! Et le personnage de John Brown ! Tout bonnement hallucinant ! Admirable et inquiétant à la fois ! Absolument fascinant en tout cas ! Ce que j'ai beaucoup aimé chez cet homme, c'est que même s'il semble un peu fou dans sa tête et qu'il est lui-même très déterminé, il n'oblige jamais ses hommes à le suivre ni à se battre pour sa cause qui, il faut l'avouer, paraît plus désespérée que gagnée d'avance.
J'ai adoré aussi le traitement des thématiques autour de l'esclavage car même si ce roman paraît déluré au premier abord, il n'en est pas moins sensible, lucide et intelligent. J'ai trouvé entre autres intéressant le fait que les esclaves ne souhaitaient pas forcément tous être libérés. Pas suivant les plans de John Brown (ou non-plans devrais-je dire 😅) ni dans l'incertitude de leur avenir en tout cas. On aura aussi le plaisir de croiser, entre autres personnages historiques, Frederick Douglass et Harriet Tubman (Quel régal ce passage ! Cette femme ! Quelle verve !).

Une belle histoire, drôle, tragique et émouvante à la fois.

Mon avis Goodreads
Mon premier et très certainement pas mon dernier McBride ! Réussir à être cocasse et complètement déluré sur un tel sujet (l'esclavage) qui ne prête pourtant pas à sourire, tout en offrant un roman sensible et intelligent, c'est très fort vraiment ! Quel personnage fascinant que ce John Brown tout de même !

Vraiment très très curieuse de la série télévisée qui semble assez prometteuse au vu de la bande-annonce :

Très curieuse aussi des autres oeuvres de James McBride qui a été, plus que le roman (que j'ai adoré pourtant), une véritable révélation, un coup de coeur pour moi. J'aimerais beaucoup lire La Couleur de l'eau ! Et comme on parle souvent de l'Underground Railroad dans L'Oiseau du bon dieu, cela m'a motivée aussi à enfin lire le fameux roman de Colson Whitehead.

LC avec Sabrina et Suzette.

Intègre le challenge À l'assaut des pavés. Hors catégorie (moins de 600 pages).

L'auteur
James McBride, né en 1957 à New York, est un écrivain, scénariste, journaliste et musicien américain. Il publie son premier livre en 1995, The Color of Water, un récit autobiographique devenu aujourd'hui un classique aux États-Unis.

14 commentaires:

  1. Hé ben voilà,tu l'as terminé! J'ai vérifié, il est à ma bibli.
    D'ici là, penche toi sur les textes de Thoreau, tiens.
    Et quel enthousiasme, dis donc!

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    1. Et encore, je n'ai pas parlé de mes heures de recherches parallèles sur les faits et personnages historiques sur le net, ou encore sur mon visionnage des interviews de l'auteur sur youtube. Généralement, ça c'est quand je suis vraiment enthousiasmée par un roman et ses thèmes.:)
      Oui, le Thoreau est bien noté.;)

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  2. Je n'ai lu de lui que Miracle à Santa Anna, que j'ai beaucoup aimé. Le décor y est tout à fait différent, tu verras.

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    1. Je viens de lire le résumé. En effet, ça a l'air d'être une toute autre ambiance mais je sens que ça pourrait bien me plaire aussi.:)

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  3. Tu donnes bien envie de lire ce roman, ça fait plaisir !

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    1. C'est un vrai plaisir de tomber sur d'aussi surprenantes découvertes.:)

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  4. Oh voilà qui parait très intéressant. Je ne connaissais pas cet auteur, un de plus !

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  5. Ah, je l'avais noté, puis barré (suite à un avis mitigé d'Athalie, peut-être ?.. je ne sais plus)... je le re-note alors (comme je suis faible et influençable !)

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    1. Haha, le mieux c'est que tu te fasses ton avis.;) C'est sûr qu'il faut aimer le burlesque et le déluré, mais je pense que tu sauras apprécier.

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  6. J'ai beaucoup aimé ce roman qui traite d'un sujet pour le moins sérieux (et de façon bien documentée) avec un humour touchant. Apprendre des choses en s'amusant, le rêve !

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    1. Mais oui, ça devrait toujours être comme ça !:)

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  7. Je ne connaissais ni l'Histoire, ni le roman, ni le projet de roman. Mais j'avoue que tu te fais bien intrigante là, avec ce côté burlesque ajouté à l'Histoire, ce qui doit bien certainement en faciliter la lecture !

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    1. La faciliter, pas forcément, mais la rendre franchement plus savoureuse, oui.:)

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