vendredi 20 septembre 2013

LES CHINOIS SONT DES HOMMES COMME LES AUTRES


LES CHINOIS SONT DES HOMMES COMME LES AUTRES

Le monde comprend mal les Chinois, surtout dans cette ère de grande mutation économique et sociale. Qui sont-ils exactement ? À quoi aspirent-ils ?

Une des réponses de l'auteur, Zheng Ruolin, correspondant permanent en France d'un quotidien de Shanghai, illustre assez bien le fait qu'éclairer notre lanterne n'est pas une mince affaire (malgré le titre ^^).
"Il faut toujours garder à l'esprit le fait que le peuple chinois forme, avec ses histoires et ses géographies multiples, infiniment variées, une sorte de puzzle gigantesque et mouvant. Un puzzle qu'il convient de recomposer en permanence si l'on veut finir par découvrir le visage authentique de la Chine et de ses populations."

J'avoue que lire ce livre m'a fait le plus grand bien. Je n'ai jamais été vraiment été fascinée par la Chine pour ma part. Une indifférence peut-être liée au fait que, finalement, en étant bien implantés partout, les Chinois se sont complètement fondus dans notre paysage quotidien.
Ce livre a beaucoup changé mon regard. J'ai réalisé beaucoup de choses sur la Chine et les Chinois (bien sûr, plusieurs zones d'ombre subsistent), mais surtout, j'ai découvert que je ne connaissais pas vraiment les Chinois d'aujourd'hui en réalité, tellement leur société a évolué à une vitesse vertigineuse sur ces dernières décennies. 

"Trois processus en cours se conjuguent pour changer le pays jusque dans ses profondeurs : l'industrialisation, l'urbanisation et la démocratisation. Les façons de s'informer, de s'amuser, de se distraire des Chinois, surtout des jeunes dits "d'après 80 et 90", sont inévitablement bouleversées par ces trois processus."

"La culture chinoise, elle, reste ouverte et flexible, en transformation permanente sous un vernis faussement traditionnel. Ce qui n'empêche pas de brèves périodes de radicalisation violente."

J'avais bien remarqué que c'était un peuple qui s'adaptait vite, travailleur, réactif. Toutefois, ce que j'ai noté ici, entre autres, c'est que c'est un peuple ouvert, désireux d'avoir sa place dans le monde, mais également complexé et surtout marqué par son histoire des deux derniers siècles dans ses rapports à l'Occident.
J'ai été assez frappée de découvrir que les Chinois se souciaient à se point du regard de l'autre, entendre par là, de la façon dont les Occidentaux les voyaient, que la curiosité était réelle, jusqu'à lire tous les livres les concernant, écrits par des étrangers, comme écrits par des Chinois.

J'étais particulièrement intéressée par les chapitres sociologiques et culturels, ceux axés sur l'humain à proprement parler, ceux sur la cuisine (j'ai adoré ce chapitre, comme de par hasard !), sur les relations humaines (famille, couple, fiancés, amour), les comportements sociaux de la nouvelle génération, les niveaux et modes de vie, mais j'étais bien moins captivée dès qu'il s'agissait de politique...

J'ai beaucoup souri, à la fin, car je me suis faite la réflexion que l'auteur était plein de contradictions. D'un côté, il défend mordicus cette idée que "les Chinois sont des hommes comme les autres", en démontrant que les Chinois ont finalement les mêmes aspirations que tout homme et sont profondément humains dans leurs qualités comme leurs défauts, s'agaçant de l'expression "c'est du chinois" qui sous-entend que le Chinois, doté d'une "mentalité et (de) comportements difficiles à décrypter", est complexe, et d'un autre côté, il souligne la "singularité irréductible" de la Chine, en confirmant la complexité de la mentalité chinoise qui ne saurait se comprendre en un seul livre...
En réalité, c'est ce que voulait l'auteur, qui "considère avoir réussi sa "mission" si le lecteur fermait ce livre avec deux sentiments qui ne sont contradictoires qu'en apparence".
Mission accomplie donc ! ^^
J'ai enfin été très touchée par son témoignage sur "sa révolution culturelle" qui clôture cet ouvrage.

Un livre très accessible, vraiment très intéressant, et très instructif, bien que chaque chapitre se termine en points de suspension ou en point d'interrogation, comme pour souligner l'idée que personne ne saurait dire ce que sera la Chine dans quelques années.

"La culture chinoise se caractérise donc, dès l'origine, par sa tolérance et une capacité peu commune à absorber les différentes formes de pensée pour son plus grand profit. Mais cette fascination traditionnelle pour tout ce qui vient de l'étranger, dans quelle direction va-t-elle orienter demain la Chine ? [...] Il n'y a pas qu'en Occident qu'on peut d'inquiéter des effets de la mondialisation !"

L'auteur
Zheng Ruolin, journaliste, écrivain et traducteur, est depuis de nombreuses années le correspondant à Paris du Wen Hui Bao, quotidien national édité à Shanghai, et du Wen Wei Po, quotidien publié à Hong Kong. Il tient également un blog très lu dans son pays natal. Francophone, marié avec une écrivaine chinoise, souvent invité dans les médias (Taddeï, Calvi, etc.), il est le fils du traducteur de Balzac et d'autres auteurs français en Chine.

14 commentaires:

  1. Après le Japon, la Chine? Je n'ai guère de chinois dans mon environnement (pas de Chinatown ici) mais j'y suis allée deux fosi, et, oui, les Chinois sont nombreux! mais fort divers dans leurs coutumes (et même la cuisine)
    A propos de japon 1) mon billet t'est dédié, et vite fonce à la bibliothèque
    2 )hier j'ai vu deux japonais originaires de Fukushima, évacués puis ayant choisi de revenir dans le coin (pas tout près bien sûr, c'est interdit). Des photos de leur ville quand ils ont pu y refaire une visite, les animaux redevenus sauvages, en pleine rue. Biazrre impression.
    Et tu sais que la radioactivité, c'est comme les taches de léopard, tu peux avoir un coup ici (dans des feuilles) et rien à côté. Et .... m^me à tokyo (là rétrospectivement je te fais peur...)

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    1. La Chine ne me fascinera jamais autant que le Japon je crois, même si je m'y intéresse de plus en plus. D'ailleurs je crois qu'aucun pays, aucun peuple ne me fascinera autant que le Japon et les Japonais.^^
      Yep, j'ai vu ton billet, noté et renoté !
      Quant à la radioactivité, bah, j'ai fait le voyage au Japon consciente du risque, et ça valait vraiment le coup (d'ailleurs j'ai envie d'y retourner !!)^^. Bon de toute façon, on est à l'abri nulle part (qu'on va dire)...

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    2. Exactement! Quant tu es chez moi, tu es à moins de 100 km de DEUX centrales... et tout près des limaces oranges...(aucun lien de cause à effet, of course)

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    3. A mon avis, si elles sont oranges les limaces, c'est qu'il y a effectivement un lien de cause à effet.^_^ Un orange vif et fluo comme ça, ce n'est tout de même pas naturel !

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  2. Bonjour A Girl, j'aime autant la Chine que le Japon ou la Corée ou l'Inde par exemple, je veux dire au niveau curiosité, littérature, langue, musique, cinéma, Arts, Histoire, gastrononomie, etc. donc ce livre m'intéresse énormément (merci pour la découverte !) mais je ne connais que le Japon. Je rêve d'y retourner, c'est sûr, mais les problèmes liés à Fukushima font quand même peur... Bon weekend.

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    1. Bonsoir Coccinelle, disons que je m'intéresse à la Chine culturellement, tout comme je m'intéresse aux autres pays de ce point de vue, mais je n'ai pas cette même fascination et attrait qu'avec le Japon et quelques autres pays qui me parlent particulièrement. Cela dit, l'idée d'un voyage en Chine commence à me traverser l'esprit de plus en plus sérieusement !:) Bon week-end.

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  3. Je suis comme toi, pas spécialement fasciné par la Chine et les chinois mais je suis preneur d'un ouvrage qui pourrait quelque peu éclairer ma lanterne sur le sujet.

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    1. Il ne l'éclairera pas complètement mais il y jettera quelques lumières plus qu'intéressantes.:)

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  4. Moi ça ne m'étonne pas que le chapitre cuisine t'ai autant accroché. Un livre qu'il me plairait bien lire car c'est vrai que là-bas ça bouge beaucoup. Au fait il y a quelque chose qui t'attend sur mon blog. Mais tu en fais ce que tu veux.

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    1. Je crois savoir ce que c'est.;) J'avais déjà passé mon tour car le sujet des "5/6/7/8 trucs sur soi" ne m'amuse pas mais merci pour l'attention et la pensée, ça me touche tout de même.:)
      Quant au livre, oui, je pense que tu apprécieras. Il n'y avait pas la recette de la patte d'ours mais c'est normal, on parle de la Chine d'aujourd'hui.;)

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    2. Elle nous aura bien marquée cette patte d'ours. Pour le tag, je vais en inventer un spécial.

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    3. Oui, j'avais bien aimé cette découverte.:)
      Pour le tag, je suis ouverte s'il n'y a pas 36.000 choses à révéler sur soi (sauf si c'est spécifiquement lié aux livres) et s'il ne faut pas taguer 15.000 personnes.;)

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  5. Ca le tente bien. Effectivement, on ne sait des chinois que ce que les journaux télévisés nous disent, globalement. Manifestement, ce livre remet les idées préconçues à leur place mais n'en impose aucune, c'est ce qui me parait intéressant.

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    1. C'est tout à fait ça ! Dis donc, tu as presque fait un billet-éclair du livre sans le lire, c'est épatant !!^_^

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