dimanche 18 février 2018

LE DERNIER DES YAKUZAS


LE DERNIER DES YAKUZAS

traduit de l'anglais (États-Unis) par Cyril Gay

Il y a un an et demi, je découvrais Tokyo Vice de Jake Adelstein et ce fut un quasi coup de coeur. Le livre-témoignage d'un journaliste américain "sur le terrain de la police japonaise", qui a infiltré le milieu des yakuzas. Une formidable aventure humaine avant tout ! Un récit qui m'a fascinée tout le long, absorbée, surprise, épatée, secouée, émue.

Forcément, quand j'ai appris que l'auteur avait écrit "la suite" de ce récit, je me suis ruée dessus à sa parution. Je me frottais les mains à l'avance de l'excellent moment de lecture que j'étais convaincue que j'allais vivre.

Las ! (copyright Keisha) Oui, annonçons la couleur de suite. Alors que dans Tokyo Vice, l'auteur nous livrait en quelque sorte le récit de sa propre expérience hors normes en tant que journaliste d'investigation au Japon, un métier qui ne manque pas de palpitant, un point de vue fascinant et inédit sur le Japon, ici, Jake Adelstein ne parle plus de lui mais d'un yakuza auprès duquel il s'était engagé à écrire sa biographie. Première déception car le milieu mafieux n'a jamais été ma tasse de thé, et le récit de la vie d'un yakuza... ben bof, quoi (même si je suis férue de l'univers nippon). Ceci dit, j'aurais dû m'en douter puisque le sous-titre est "Splendeur et décadence d'un hors-la-loi au pays du soleil-levant".

Enfin, soit, acceptons de lire la biographie d'un yakuza, me suis-je dit. Après tout, on n'est jamais à l'abri des surprises, surtout côté Japon, et ça pouvait bien se révéler passionnant au final. Surtout qu'en y pensant bien, j'étais pleine d'a priori mais je ne connaissais pas grand-chose à ce milieu en fin de compte. Et effectivement, ce livre a le mérite de décrire dans le détail ce milieu et son histoire de façon très instructive et pas désagréable, un véritable "Les yakuzas pour les nuls" pour ceux que ça intéresserait, et même quand on ne s'y intéresse pas à la base, on est étonnamment entraîné dans ce récit et subjugué par leur univers et leurs codes d'honneur.

Pour un peu, ça me passionnait. Ah oui, car, tout comme dans Tokyo Vice, même si on ne peut parler de style littéraire magistral, je trouve que Jake Adelstein a tout de même l'art de narrer les événements de façon efficace, avec une certaine âme dans l'écriture.
Sauf que, deuxième déception : le petit hic, c'est que ce yakuza sur lequel se focalisait notre auteur n'avait, lui, rien de particulièrement fascinant ou excitant. Il m'a paru un type tout à fait ordinaire (malgré son destin de yakuza), qui n'avait pas vraiment l'étoffe d'un "héros" de récit. Comparé même à d'autres yakuzas de ce livre qui auraient pu, eux, faire des personnages fascinants et intrigants, il n'avait pas vraiment une personnalité intéressante, surprenante ou attachante, ni n'a eu aucune pensée révolutionnaire. Rien de particulier chez ce yakuza presque lambda, quoi. Du coup, ce livre m'a manqué un peu de saveur de ce point de vue-là.

Mais comme je le disais plus haut (et je le répète car ça m'étonne moi-même), j'ai quand même dévoré ce livre qui dresse un portrait assez étonnant du milieu des yakuzas, de leur histoire, de leur organisation et de l'évolution de leur pouvoirs dans la société nippone.
En fait, en lisant ce livre, j'avais l'impression que Jake Adelstein avait accompli un devoir. On lui a fait promettre, dans certaines circonstances, d'écrire la biographie d'un yakuza (demande de l'intéressé lui-même), et il s'est exécuté, sans passion, mais avec le professionnalisme et la précision d'un très bon journaliste.

8 commentaires:

  1. Une déception, alors. Ce yakuza est retiré ou en activité?
    ("las", je devrais l'ajouter dans mon billet d'aujourd'hui, tiens)

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    1. Retiré. En fait, il a accepté d'être le garde du corps de l'auteur parce qu'il n'avait plus de boulot.
      (aah, ce las, bien placé, je ne m'en lasse pas^^)

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  2. Je n'ai déjà pas été emballée par Tokyo vice, je passe sans remords !

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    1. Oui, je me souviens qu'il n'y a pas eu grand enthousiasme pour Tokyo Vice sur la blogo (du moins, des quelques rares avis que j'ai vu passer). Dans mon entourage de lecteurs hors blogo, il a eu plus de succès, je me suis sentie moins seule.;-)

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  3. Je vais me contenter de Tokyo Vice. Et encore, sans en faire une priorité.

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    1. Arf, tu devrais ! Je serais en plus très très curieuse de ton avis !

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  4. ton billet me fait penser à une interview écoutée à la radio d'une journaliste/photographe qui a fait une docu sur les femmes des Yakusa. C'était super intéressant.

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    1. Ah oui, ça devait l'être ! Ce n'est pas un sujet très exploré en plus.^^ J'aurais bien aimé l'écouter aussi.

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