samedi 6 février 2016

ARRÊTEZ-MOI LÀ !


THE CAB DRIVER

( ARRÊTEZ-MOI LÀ ! )

traduit de l'anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzalez Batlle


Ça faisait longtemps que je voulais me replonger dans l'univers de l'auteur, Iain Levison, dont j'avais lu et adoré l'excellent Tribulations d'un précaire qui m'avait tiré des rires de hyène hilare. Ce qui a retardé ces retrouvailles, c'est entre autres la quasi impossibilité de trouver ses livres en VO, à part un ou deux titres, ce qui me minait parce que j'avais commencé à le lire en anglais. Son dernier, Ils savent tout de vous (Mindreader), qui me tentait bien, est d'ailleurs paru directement en français.
Pas apprécié par le lectorat ou les éditeurs anglophones ? Je ne sais pas. J'avoue que ça me laisse complètement sur le cul parce que des nouveautés, et pas des plus rentables, sortent par centaines par an. Je ne comprends pas cette forme de censure ou de boycott. Certes, Iain Levison n'est visiblement pas du genre à brosser le système américain dans le sens du poil, il semble même se mettre en devoir d'en souligner l'absurdité, mais est-il le seul ?

Avec ce roman, Arrêtez-moi là !, l'auteur s'attelle cette fois-ci à pointer du doigt les aberrations du système judiciaire américain. Je me suis finalement résignée à le lire en français, sortie du film oblige. J'étais très excitée de cette adaptation (il y en aura une deuxième en cours d'année, celle d'Un petit boulot, avec Romain Duris) car ça me donnait l'impression d'une reconnaissance du talent d'Iain Levison, enfin ! Bon, ça reste en France où il a déjà un lectorat qui l'apprécie, mais c'est déjà ça !

Comme j'étais restée sur l'humour et l'autodérision de l'auteur avec Tribulations d'un précaire, j'avoue avoir été un peu déçue de ne pas vraiment retrouver cet aspect ici. Si on rit, c'est jaune. Certes, il y a eu des passages drôles, très drôles même, mais ce n'était clairement pas le ton principal. J'étais plutôt prise de malaises parfois, d'une forte envie de sortir de ce cauchemar, de ne pas être le témoin de la descente aux enfers de ce chauffeur de taxi, de toute l'injustice dont il est victime, de façon de plus en plus aberrante au fur et à mesure que l'intrigue évolue.
Il faut dire que Iain Levison charge la barque là. Tout y passe dans les plus grossières invraisemblances. Des policiers qui s'acharnent, d'une bêtise affligeante et d'une cruauté sans nom, un avocat pitoyable, médiocre, incompétent (forcément). Le pire, c'était, lors du procès, la mort subite de sa vieille voisine, la seule qui aurait pu apporter un témoignage positif...
Bref, on se dit, tout ça n'est quand même pas crédible, arrêtons-là (taxi) (pour reprendre le titre français). Et pourtant, ce récit est inspiré de faits réels et à été écrit en hommage à Richard Ricci, condamné et mort en prison suite à une (grosse) erreur judiciaire. Voilà qui ne rassure pas.

Heureusement, nous sommes dans la fiction, et après ces moments éprouvants et pleins de frustration, l'auteur nous accorde un moment de grâce. J'ai beaucoup aimé ce que j'appelle la deuxième partie de l'histoire, parce que voilà, nous sommes dans le soulagement, l'impression que le monde n'est pas si pourri, qu'il y a quand même un facteur chance qui peut aller en notre faveur, même si côté justice, on continuera de se poser des questions. Un moment un peu conte de fées qui pourra toutefois déconcerter parce que bon, là aussi l'auteur charge la barque. la faisant presque chavirer dans l'autre extrême.

Et puis, la fin, la dernière phrase du livre qui m'a foutu une méga claque, wouf !
Si tout le long de ma lecture, j'avais le sentiment d'une lecture qui se lit bien sans que ce soit non plus les grandes retrouvailles avec le Levinson de mon souvenir, j'avoue que cette pirouette finale a failli faire basculer ce roman en "magistral !" Ceci dit, il faut quand même arriver à ce dénouement de la fin pour apprécier toute la saveur, la subtilité et la force de ce récit. 

Je comptais aller voir le film mais paraît-il qu'il part sur une autre fin. Je crains d'imaginer laquelle, ça m'intéresse moins du coup.

Dernier mot sur la traduction, elle était juste parfaite, fluide, la lecture coulait toute seule sans accroche ! Du coup, je poursuivrai mes lectures de Iain Levison en français sans souci.

14 commentaires:

  1. Oh là j'ai eu peur! J'adore tous ses romans à ce jour, et je ne me souviens plus trop de la fin (chic, je vais pouvoir relire ^_^). Je l'avais lu en 2011 juste avant l'histoire DSK, donc j'étais bien en mode justice américaine, là.
    Sur mes étagères j'ai son dernier (une LC se profilerait? ^_^)demandé à la bibli et servi sur un plateau quand j'arrive (j'aime ce côté star là bas)(c'est chouette aussi quand j'arrive à la caisse -euh, la sortie- disant j'ai un peu dépassé le quota, et qu'on me dit 'oh pas de problème' remarque, ils font ça aux gros lecteurs, autant ne pas les décourager, l'espèce se raréfie)

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    1. Haha, oui, une belle occasion de relecture ! Cette fin, c'est le sel du livre ! Le dernier Levison est dans mes bib mais je pense que je lirai "Un petit boulot" avant (sortie du film oblige, là aussi).
      Ouais, t'es vraiment la star de ta bib' ! Manque plus que le tapis rouge !^^ Passage chez Gibert hier en fin de journée, j'étais épatée du nombre de clients furetant dans les rayons, on se gênait presque. Il y a encore de l'espoir.;-)

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  2. Il faudrait que je fasse une petite place à cet auteur...

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  3. Ca ne me donne pas trop envie... Car si je me lasse avant la phrase finale...

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    1. Pour ma part, pas de sentiment de lassitude, c'est juste que pendant une bonne partie du récit, l'atmosphère est oppressante, on vit le cauchemar que traverse ce chauffeur de taxi, on a envie de hurler contre la bêtise humaine, on se sent juste impuissant et c'est assez éprouvant. On sent que c'est tout à fait de l'ordre du possible ce genre de cauchemar judiciaire (c'est ça qui est terrible), même si on a l'impression parfois que c'est un peu exagéré.
      Et cette fin, c'est la cerise sur le gâteau, mais on peut tout à fait apprécier le récit sans (c'est une toute autre saveur cela dit). Je crois que c'est l'option choisie pour le film d'ailleurs.

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  4. Un auteur que j'aime beaucoup. Je pense que tu apprécierais "Trois hommes, deux chiens et une langouste".

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    1. Je pense aussi. Rien que le titre, très prometteur !:-)

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  5. Je ne connais pas du tout.
    Un "z", c'est bien, mais ce n'est pas suffisant, je le remarque à mes dépens !
    Bonne semaine à toi.

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    1. Là je viens de commencer un 3è livre pour cette session, avec 3 "Z"!! Mais bon, c'est un titre à un mot et pas grand-chose d'intéressant en dehors des "Z"...
      Bonne semaine à toi également.

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  6. Bonjour A_girl_from_earth, il semble en effet que le film soit moins réussi que le roman que j'ai beaucoup aimé même s'il est vrai que c'est moins amusant que Tribulation d'un précaire ou Un petit boulot ou même une Canaille et demie. Si Arrêtez-moi là n'a peut-être pas eu beaucoup de succès on peut le comprendre, vu le sujet. Bonne après-midi.

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    1. Bonsoir Dasola, bon je suis ravie d'apprendre que ses autres livres sont plus dans lignée de Tribulations d'un précaire en ce qui concerne l'humour, parce que Iain Levison est quand même très fort dans ce domaine, et ça m'a un peu manqué ici. Mais bon, ça reste un très bon livre, dans un registre plus noir. Bonne semaine.

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  7. J'ai A Working Stiff's Manifesto dans ma LAL depuis sa sortie (j'avais repéré la couverture à la bibliothèque) mais il y est resté enfoui. Quel dommage en effet que ses derniers romans ne soient disponibles qu'en français (je ne lis pas les traductions anglais-français). Avec un peu de chance, je n'aimerais pas le premier que je lirai. ;-)

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    1. Ohlala à lire, A Working Stiff's Manifesto ! Je serais très curieuse de ton avis en tout cas. Et si tu aimes, je t'assure que tu peux te risquer dans la lecture de ses oeuvres directement traduites en français (celle que j'ai lue en tout cas !). ;-)

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