jeudi 25 août 2016

TOKYO VICE


TOKYO VICE

traduit de l'anglais (États-Unis) par Cyril Gay

J'ai a-do-ré ce livre ! Une formidable aventure humaine avant tout ! Ce n'est pas un ouvrage que je qualifierais de coup de coeur mais c'est un récit qui m'a fascinée tout le long, absorbée, surprise, épatée, secouée, émue.

Un livre-témoignage d'un journaliste américain "sur le terrain de la police japonaise" qui a infiltré le milieu des yakuzas, et qui se lit comme un thriller. Ça ne paraît pas sexy comme ça mais c'est :
- un livre qui m'a fait réaliser que j'aurais trop aimé être journaliste d'investigation ! Il a redoré à mes yeux le blason du journalisme qui, je trouve, a un peu perdu de son feu sacré et de sa dignité.
- un livre qui m'a fascinée sur le milieu des yakuzas alors que, même si je suis férue de l'univers nippon, le milieu mafieux n'a jamais été ma tasse de thé et je ne pensais pas être aussi captivée par leur univers, leur fonctionnement, leur organisation et leurs codes d'honneur.
- un livre qui m'a franchement surprise de bout en bout en me révélant encore des pans entiers de la culture et des traditions japonaises, moi qui pensais en connaître déjà un sacré rayon depuis le temps...

Dès le prologue, il y a une atmosphère étrange qui est établie et un suspense instauré. Notre journaliste est dans une pièce avec un yakuza qui le menace de mort, lui et sa famille, s'il publie son article. Dans cette pièce, un flic, ami de notre journaliste, qui ne dit mot, et qui plus tard, lui recommande même de faire profil bas pendant un temps. Quelle scène surréaliste ! Quel monde aux règles inquiétantes où le yakuza semble avoir plus de pouvoir que la police. Bien sûr, on a envie de savoir comment tout cela se termine !
Ensuite, le récit remonte une dizaine d'années plus tôt, alors que notre journaliste est encore un jeune étudiant américain au Japon et qu'il essaie d'y décrocher un boulot dans le milieu du journalisme. La compétition est rude, il est encore naïf et a tout à apprendre du métier, entre autres les rapports qu'il faut entretenir avec la police pour avoir des informations. Les galères de tout jeune débutant dans le journalisme en somme, sauf que lui, en plus, est étranger.
J'ai adoré cette partie rencontre des civilisations, choc des cultures et apprentissage des ficelles du métier. Pour illustrer son quotidien, diverses affaires nous sont relatées, puis, petit à petit, on atteint le coeur du récit quand une des affaires l'amène à rentrer en contact avec les yakuzas. Et là... on nage tellement en plein surréalisme que ça en est fascinant et thrillant !

Il y a quelque chose aussi qui m'a véritablement remuée dans ce récit. Au-delà de son expérience de journalisme au Japon, en particulier sur le crime organisé, c'est une grande aventure humaine, une expérience humaine forte qu'a vécu ce journaliste, à travers ses rencontres dans le milieu de la presse, de la police, des yakuzas, et de tout le réseau qu'il s'est constitué au fur et à mesure de ses investigations. On s'attache à certains personnages et c'est d'autant plus troublant qu'on se dit qu'ils existent ou ont existé...
Cette impression d'humanité qui ressort de ce récit malgré son contexte est peut-être un des aspects qui le rend si fort et bouleversant.

J'ai beaucoup aimé l'écriture également, fluide et agréable, et j'ai trouvé que l'auteur avait un véritable talent de conteur. Il a l'art de narrer les événements de façon efficace. Certes, son style n'est pas littérairement magistral mais ce n'est pas non plus le style journalistique un peu brut et sans âme. Littérature du réel, ai-je lu sur le bandeau qui orne maintenant les couvertures de ce livre en librairie. Une qualification qui lui sied à merveille !

Mon petit bémol qui n'en est pas vraiment un, c'est que, si j'ai particulièrement aimé la partie où notre journaliste était frais et neuf dans le métier, quand il commence à prendre de la bouteille et à être rôdé, c'est forcément nettement moins amusant, plus routinier, plus classique, moins palpitant donc. Ceci dit, tout l'univers dans lequel il évolue n'en reste pas moins fascinant, et surtout, on est toujours tenu par ce suspense du prologue.

Un incontournable pour moi !

Tokyo Vice est le premier ouvrage des éditions Marchialy, une maison d'édition extra, qui sort des sentiers battus, et qui a, elle aussi, ce feu sacré qu'on ne retrouve plus partout. Rien que l'originalité de la mise en page participe au plaisir de lecture. Je pense en particulier aux notes de bas de page transformées en notes de côté de page (j'adore !), mais toute la conception du livre est assez fascinante. Et leur teaser (cf la vidéo ci-dessous), franchement je le trouve dément !

J'ai adoré cette petite mention en fin de livre :
"Ce livre est le premier ouvrage édité par la famille Marchialy. Il a été élaboré avec passion et application, en grande partie dans le salon familial et sur notre comptoir de cuisine qui fait office de bureau."




À noter qu'une adaptation en série télé est en cours, avec Daniel Radcliffe dans le rôle principal.

À noter bis que leur troisième ouvrage paraît en septembre. C'est sur un boxeur colombien, Kid Pambelé, une légende vivante dans son pays, dont le titre est L'Or et l'Obscurité d'Alberto Salcedo Ramos, et étrangement, ça me tente bien. Ouais, une histoire de boxe. Pas très sexy ni ma tasse de thé encore une fois, et pourtant, je le sens bien ! :-)

L'auteur
Jake Adelstein, né en 1969 à Columbia dans le Missouri est un journaliste d'investigation américain. Il est le seul étranger à avoir intégré la rédaction d'un des plus grands quotidiens japonais, le Yomiuri Shinbun. Pendant plus de dix ans, il couvre le trafic d'êtres humains et le crime organisé. À la suite de son enquête sur les yakuzas, sa famille est placée sous protection du FBI pendant plusieurs années.

14 commentaires:

  1. J'aime aussi ces mentions en fin de livre...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça donne une idée de l'esprit général de la maison d'édition, j'aime beaucoup.

      Supprimer
  2. Ce n'est pas un sujet qui me tente. Pourtant, tu as l'air emballée !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Malgré la thématique Japon, ce n'était pas un sujet pour moi non plus à vue de nez comme ça, mais il m'a véritablement conquise, oui.:-)

      Supprimer
  3. Ton enthousiasme est particulièrement communicatif sur ce coup-là. Très envie de le lire ce bouquin !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un livre qui vaut vraiment le détour. J'adorerais te lire à ce sujet !

      Supprimer
  4. je suis d'accord avec Jérôme, tu donnes vraiment envie ! Merci de m'avoir cédé ta place chez Noukette :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tant mieux si j'ai pu faire une heureuse.;-)

      Supprimer
  5. Ton avis donne vraiment envie de découvrir ce roman !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Franchement, n'hésite pas si la curiosité te prend.;-)

      Supprimer
  6. Bien tentée aussi dis donc ! Pour le côté journalisme d'investigation ! Et si je peux apprendre un peu sur le japon, dont je ne connais presque rien, ça ne peut être qu'enrichissant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oooh alors là, je suis convaincue que ça te plairait, oui !
      J'ai d'ailleurs pensé à toi en cours de lecture, pour le côté journalisme d'investigation et thriller. Je me suis dit, "mais voilà un livre sur le Japon qui conviendrait complètement à Géraldine !".;-)

      Supprimer
  7. Belle critique ! Et je te rejoins sur un point (malgré mes bémols) : on est avec ce titre dans du véritable journalisme d'investigation. C'est vrai que l'engagement, la prise de risques, et l'entêtement, même, de Jake Adelstein, sont tout à son honneur..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'avoue que sur le coup, il m'a véritablement passionnée pour son métier et absorbée dans son univers.:-)

      Supprimer

Merci pour votre petit mot. Les commentaires sont modérés par défaut, mais j'y réponds toujours.