samedi 26 avril 2014

COMMENT J'AI APPRIS À LIRE


COMMENT J'AI APPRIS À LIRE

En lisant ce livre, j'espérais un certain processus d'identification, mais j'ai trouvé l'auteure tellement torturée dans son autoanalyse que je m'y suis un peu perdue parfois. Beaucoup d'observations et de remarques intéressantes en ressortent toutefois autour de notre éducation littéraire, du chemin de croix de l'auteure pour apprécier la lecture depuis sa plus tendre enfance jusqu'à ses années étudiante, en passant par l'adolescence et ses découvertes littéraires.

Le bémol, elle intellectualise trop... Le texte est trop soigné, trop propre sur lui. Certes, elle a l'art de la formule mais ses propos me semblaient parfois tellement entortillés qu'ils en perdaient leur charme.
Exemple : "accéder enfin et encore à la lecture, qui est à la fois le lieu de l'altérité apaisée et celui de la résolution, jamais achevée, de l'énigme que constitue pour chacun sa propre histoire" - J'ai envie de dire : "seriously ??"

Quelques "incohérences" également m'ont agacée dans l'analyse de son parcours d'apprenti lectrice. Petite, elle aimait assumer le fait qu'elle n'aimait pas lire (elle parle même de "librophobie"), ou ne savait pas lire (correctement, s'entend), alors qu'en réalité, elle avait de nombreuses lectures avancées pour son âge, plus de curiosité que ceux qui n'aiment vraiment pas lire.
En parlant de jeux d'enfance où l'on prétend être un autre:
"Nous mettons une conviction remarquable dans nos interprétations. Il y a un moment délicieux de décollement au cours duquel notre être réel disparaît, se dissout, se fond au personnage inventé. C'est une transe, un shoot, c'est très exactement ce que je ne trouve pas dans la lecture."

Il y avait quelques points où on se retrouvait cependant, où je comprenais parfaitement ce qu'elle voulait dire, ce qui induisait un sentiment très agréable d'identification et d'amusement.
En parlant de Madame Bovary (que j'avais adoré à 15 ans cela dit)
"Je considère, à l'époque, que ce genre d'histoires devraient être interdites aux moins de dix-huit ans. Non parce qu'elles sont immorales ou choquantes, mais parce qu'elles ne nous intéressent pas. [...] Je ne comprends pas que l'on nous invite à commenter les amours d'Emma et de Rodolphe."

Cela dit, il n'y a que quand elle a abordé le chapitre de la traduction que je l'ai trouvée véritablement passionnante et que je m'y suis retrouvée, mais pour en arriver là, il fallait qu'elle explique comment elle a appris à lire (!!!). Car pour traduire, "il est nécessaire, avant toute chose, de savoir lire".

"Alors que j'essayais, un jour, de décrire ce qui se passait en moi lorsque je traduisais, j'ai fini par joindre le geste à la parole et par déclarer : "Voilà, ça fait comme ça", en remuant la tête de gauche à droite comme le font les danseuses indiennes et orientales. "Imaginez qu'il y a un tamis horizontal en travers de mon crâne, disons au niveau des oreilles. L'anglais est au-dessus. Je déplace légèrement ma tête en prenant soin de la garder bien droite, et le texte se dépose naturellement en français dans la partie basse."

"Le premier geste du traducteur est donc de se prendre la tête dans les mains, celui d'après de s'arracher les cheveux."

Au final, une lecture qui me laisse mitigée, dont j'attendais peut-être autre chose, mais que j'ai trouvée malgré tout très intéressante. Il y a par ailleurs des moments où je trouvais l'auteure drôle, malgré elle ou consciemment, ce qui rendait ces passages-là plutôt savoureux.

Repéré chez Flo, également commenté par Keisha.

L'auteure
Agnès Desarthe est née en 1966 à Paris, où elle habite. Son père, né en Lybie, a grandi en Algérie, sa mère est née en France de parents émigrés de Bessarabie dans les années 1930. Agrégée d'anglais, elle est aussi traductrice et a cosigné avec Geneviève Brisac un essai sur Virginia Woolf, V.W. ou le Mélange des genres en 2004. Romancière, elle publie son premier roman, Quelques minutes de bonheur absolu, aux Éditions de l'Olivier en 1993. Un secret sans importance obtient le prix du Livre Inter 1996, Le Remplaçant le prix Version Femina Virgin Megastore 2009.

10 commentaires:

  1. L'auteur peut se révéler "à claquer", c'est un fait, je n'accroche pas aux explications psycho machins , mais je lui pardonne car c'est la soeur d'un chanteur lyrique (n'iiiiiiiiimporte quoi ^_^), que j'ai dévoré son livre cependant, et que les passages sur la traductions sont géniaux!

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    1. Hahaha ! J'adooore le coup de la soeur du chanteur lyrique !!^^

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    2. Tu sais que je peux faire des kilomètres pour un spectacle lyrique... ^_^

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    3. Je n'en doute pas une seconde. ;-)

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  2. J'étais assez tentée au départ mais j'avoue que tes bémols me refroidissent un peu...

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    1. Bah, c'est un ressenti très personnel. Je n'en garderai pas un mauvais souvenir.;-)

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  3. Mouais... pas très tentée...

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  4. "accéder enfin et encore à la lecture, qui est à la fois le lieu de l'altérité apaisée et celui de la résolution, jamais achevée, de l'énigme que constitue pour chacun sa propre histoire....
    Euh, moi y'en avoir pas compris !
    Ce n'est pas le premier avis très mitigé que je lis sur ce bouquin, dont je me passerais donc !

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    1. ^_^ La phrase est un peu sortie de son contexte mais bon, c'était pour donner une idée du style.;-)
      J'avoue ne pas avoir lu tous les avis sur lesquels j'étais tombée avant de lire cet ouvrage car j'étais persuadée qu'un livre avec un titre pareil ne pourrait que me parler. Cela dit, malgré mes bémols, je ne regrette pas cette lecture.

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