dimanche 28 juin 2015

FAR FROM THE MADDING CROWD


FAR FROM THE MADDING CROWD

( LOIN DE LA FOULE DÉCHAÎNÉE )

S'il y avait un classique que je n'avais pas prévu de lire cette année, c'était celui-là. Cette année ou une autre d'ailleurs, car à vrai dire, l'existence de ce titre pourtant affriolant et intrigant parmi les oeuvres de Thomas Hardy m'avait échappé (ouioui, c'est possible). Le Mois anglais n'aurait pas suffi d'ailleurs à me motiver pour caser un Hardy dans le lot de mes sélections - autres priorités et tentations obligent, bien que j'ai eu un coup de coeur (qui date ouhla) pour Tess d'Urberville - et si je l'avais fait, ça aurait été pour Jude l'Obscur, l'autre grande référence Hardy. Mais voilà, comme de par hasard, en mai s'annonçait la sortie de l'adaptation cinématographique de ce classique de Thomas Hardy, "Loin de la foule déchaînée". Le 3 juin exactement (en plein mois anglais, quelle étrange coïncidence).

Dans les extraits, on y voyait une jeune femme indépendante, à forte personnalité, à la tête d'une ferme, courtisée à ne plus savoir où donner de la tête par trois hommes aux tempéraments et aux statuts sociaux très différents. Mais que voilà une intrigue qui m'avait l'air fort intéressante ! J'étais particulièrement subjuguée et épatée par l'idée que Thomas Hardy ait imaginé une femme fort en avance sur son temps, hors des conventions sociales de l'époque, et cela m'intriguait grandement. 
Sans compter, dans le casting, la présence de l'acteur qui joue Gabriel Oak, qui vaut le détour à lui seul (mouahaha je ne suis pas du tout influencée). Me voilà donc motivée à fond pour caser un gros imprévu dans mes lectures du mois, c'était de toute façon irrésistible, indiscutable, il fallait que je lise ce roman avant la sortie du film que je comptais bien sûr aller voir (Gabriel Oak !).

Tout ceci remonte un peu maintenant alors ce que j'en dirai paraîtra un peu faiblard, je commence en plus à mélanger roman et film (pour lesquels je n'ai pas éprouvé du tout le même enthousiasme), du coup c'est un peu dérangeant... Je n'ai pas eu le temps de rédiger mon billet juste après lecture et visionnage du film, et pourtant il s'en est pensé des choses (ce récit m'avait fortement enthousiasmée, transportée, énervée, émue, révoltée - on prend forcément parti, on ne peut s'empêcher de juger les personnages, leurs attitudes, leurs choix), il s'en est dit sur le mur FB du groupe Mois anglais, il s'en est échangé des sms avec Cryssilda sur les personnages (cette conne de Bathsheba, ce bâtard de Troy, Mr Oak, gros coeur), et sur cette fin - aah cette fin ! :-).
Voilà, c'est le souvenir que je garderai de cette lecture. Quelque chose de passionné, d'enthousiaste, de fou dans ma réaction et mon ressenti pour ce roman, des échanges excités sur l'intrigue et les personnages, bref, un grand moment d'agitation pendant-lecture et après-lecture comme j'aimerais tant qu'il y en ait davantage !

Pourtant, qu'on ne s'y trompe pas, ce roman est loin d'être un coup de coeur pour moi. Une certaine lenteur peut-être dans l'action, bien que cela ne manque pas de rythme et d'événements (à moins que je ne confonde avec le film...), et puis, peu sensible à la nature, j'étais de fait condamnée à m'ennuyer pendant les longs descriptifs de la campagne anglaise, ça n'a pas raté, j'ai quelque peu survolé ces passages. Quelques autres passages dénués d'intérêt pour moi ont un peu diminué mon plaisir de lecture, notamment ceux où le personnel de Bathsheba blablate. Bref, une ambiance champêtre et paysanne qui n'a pas su me charmer.

Non, le gros intérêt de ce récit pour moi, c'était le personnage de Bathsheba, ses courtisans et leur interaction. Quelle imagination ce Thomas Hardy ! Que d'audace dans sa vision des rapports humains, homme/femme en particulier, quelle finesse d'analyse dans les tourments de l'âme humaine, et que de justesse dans le portrait psychologique de ses personnages ! Bluffant ! Bathsheba, indépendante mais encore jeune, et compliquée dans sa tête, comme seules les femmes savent l'être. Cela lui jouera des tours. 

"I don't see why a maid should take a husband when she's bold enough to fight her own battles, and don't want a home; for 'tis keeping another woman out."

"What a fool she must have been ever to have had anything to do with the man ! She is so self-willed and independent too, that one is more minded to say it serves her right than pity her."

Par moment, je trouvais Bathsheba même encore plus femme moderne que nos contemporaines les plus indépendantes et libérées dans sa façon de penser et voir les choses ! Fascinant !

"She took out her purse and was insisting to Boldwood on paying for her tea for herself [...]."
(aujourd'hui même, je me suis laissée payer un verre...)^^

Je poursuis mon tour d'horizon des personnages clés de ce récit, les hommes cette fois :
Gabriel Oak, l'homme idéal quelque part, à l'écoute de la femme, respectueux des hommes, de la nature, altruiste, doux, une perle d'homme en somme, mais trop en  retrait en la laissant libre de ses sentiments. Je trouve que des fois il faut être un peu offensif. Pas lourdingue mais offensif. Sinon on n'est pas clair. Peut-être un peu trop parfait, lisse, sans défaut. Il évoque un peu la figure du Christ. Il y a d'ailleurs beaucoup de références bibliques dans ce récit, de quoi faire de beaux commentaires et analyses de texte assurément ! Ensuite Boldwood, fermier bourge, un peu coincé, que la vie aura rendu solitaire et qui, suite à un quiproquo, se retrouve fou amoureux de Bathsheba. Pauvre homme. Enfin le sergent Troy, séducteur, arriviste, opportuniste, profiteur, aucune morale, égoïste, le méchant, quoi.

La fin se termine un peu platement, un peu vite, après la montée d'adrénaline sur les dernières pages. Il y avait de très beaux passages toutefois sur le final, c'est juste que attention SPOILER le mariage entre Oak et Bathsheba est amené un peu à la va vite, hop c'est fait ! 

Un petit mot sur le film qui pour moi est la version Harlequin du roman, relativement fidèle pourtant, avec des scènes en moins (ça il fallait s'y attendre - évidemment, des scènes qu'on estime clé - ça c'est rageant et frustrant), et des scènes en plus (ça, j'ai moins apprécié - comme par exemple la scène de la bande-annonce où Bathsheba, par défi, rejoint Oak pour laver les moutons - too much too much, inutile, il y avait tant de scènes dans le livre déjà pour dépeindre à merveille la relation de ces deux là, ou mettre en lumière le caractère impétueux de Bathsheba - mais bon, bref).

Je suis maintenant tentée par Une femme d'imagination et autres contes, un recueil de nouvelles de Thomas Hardy (ouioui, recueil de nouvelles) (ouioui, tentée !).

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12 commentaires:

  1. Quand je lisais Hardy, il y a une bonne vingtaine d'année, j'étais aussi "enthousiasmée, transportée, énervée, émue, révoltée" : quel écrivain ! Et ce titre-là, je ne l'ai pas lu, je n'ai même pas vu l'adaptation. Par contre, je me dis que mon enthousiasme tenait peut-être à mon jeune âge, va savoir, j'en ai lu des choses depuis...

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    1. Moi j'ai un souvenir fort de Tess, le seul que j'ai lu de l'auteur avant celui-ci. Ça remonte tellement que je ne m'en souviens pas dans les détails mais j'ai encore en mémoire les émotions fortes que cette lecture m'avait procuré, surtout vers la fin. J'ai l'impression que si je le relisais, je serais aussi enthousiaste qu'il y a une bonne dizaine d'années, mais comme tu dis, va savoir...:-)

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  2. Mais oui, je pensais hier ou avant hier, 'mais, ce Hardy, il y a eu le billet ou pas?'. Voilà la réponse. Cela ne m'étonne pas que le bouquin soit meilleur que le film. Mais j'aurais iamé voir vos remarques au cours de la lecture.
    Je réalise qu'il y a Ceux de July à lire (en juillet, tiens donc, fait exprès?^_^)
    A part ça j'ai englouti deux BD, j'ai adoré le Mazas (encore plus que le tome 1) et le grand méchant renard (complètement barré, ce truc là) et je lis Camping California (un poil trop de nature pour toi? mais des séquoias)

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    1. Ohlala je suis à la bourre, à la bourre, à la bourre ! Déjà je n'ai pas pu avancer d'une page dans ton roumain alors que j'y suis plutôt bien, et le Gordimer, ouille aïe aïe, m'est d'avis que je ne serai pas à l'heure... Bref, ça fait deux semaines que je ne lis pas vraiment, pas une panne de lecture mais prise par diverses activités et pas très concentrée du coup. Je n'ai jamais eu autant de retard dans les réponses aux com' non plus... Je crains le tour par la blogo, je tremble de tes tentations.^^
      Oui le Mazas 2 est meilleur aussi à mon avis, et le grand méchant renard, excellent ! Camping California ? Hmmm...

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  3. Jamais lu Hardy mais tu ne me donnes pas particulièrement envie de me jeter dessus ;)

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    1. J'avoue, j'ai du mal à dire si tu aimerais l'univers de cet auteur. Tu devrais essayer son recueil de nouvelles, tiens, celui que je compte lire prochainement (avant la fin de l'année, sisi ! ^^).

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  4. J'ai effectivement beaucoup moins aimé que "les forestiers", même si ce dernier aussi souffrait de quelques défauts. Je suis heureuse néanmoins d'avoir découvert ce classique grâce au mois anglais !

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    1. C'est drôle mais quand j'avais entamé "Loin de la foule déchaînée", Cryssilda me parlait des "Forestiers" qu'elle venait de commencer, et bizarrement, j'avais l'impression que cette intrigue me plairait encore davantage que celle que je lisais. Maintenant j'hésite parce que les avis ne sont pas si dithyrambiques, et je suis par contre particulièrement motivée par "Une femme d'imagination et autres contes". Puis il y a Jude l'Obscur aussi qu'il faudrait absolument que je lise !

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  5. J'ai Tess en VO dans ma PAL depuis des années, alors celui-là pourra bien attendre (des années aussi sans doute!)

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    1. Oh oui, commence par Tess ! Ma lecture en est lointaine mais j'en garde un souvenir tellement fort que je me dis que tu pourrais bien être conquise toi aussi.:-)

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  6. Intéressant ça : la scène des moutons n'est pas dans le bouquin... Ça veut tout dire ! Cette scène m'avait fait pousser un soupir mega bruyant dans la salle de ciné (au point que certains spectateurs me regardaient bizarrement XD) mais ça m'avait dépassé ;) Je ne pense pas que je le lirais dans l'immédiat (moi traumatisé par le film ? Non pas du tout :D). Mais je tenterai Tess d'Uberville c'est certain ^^

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    1. Hahahaha j'imagine bien la scène au cinéma ! Moi j'ai souffert en silence.^^ A la sortie, j'ai entendu un mec dire à son amie "pfiou, c'est le film le plus ennuyeux que j'ai jamais vu de ma vie" hahaha ! Enfin, non, pas hahaha parce que franchement, le film ne rend pas justice au roman. Pas dit que j'aurais tenté le roman si j'avais vu le film avant. Et surtout, je n'y aurais pas reconnu la patte Hardy, ce qui m'aurait déconcertée. Mais ayant lu le roman, même si ça ne vaut pas le Tess de mes souvenirs, je suis rassurée.:-)

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