traduit de l'italien par Lise Caillat
D'Alessandro Baricco, je garde le souvenir d'un auteur complètement déluré, barge, inattendu, à travers des intrigues et des dialogues un peu surréels et déroutants. Je pense notamment à City, mon roman a priori préféré de l'auteur à ce jour (a priori si j'en juge par mes vieux billets, mes lectures de ses romans datant et ne m'ayant laissé qu'une vague trace atmosphérique), suivi d'Océan Mer, moins jubilatoire dans le déjanté, et plus poétique aussi (toujours d'après mes anciens billets), mais j'ai eu toutefois une petite déception avec Soie, moins déluré, plus poétique, plus doux, qui ne m'avait pas convaincue plus que ça à l'époque.
Un auteur a priori pour moi donc, et que je cite volontiers parmi les auteurs que j'aime beaucoup, mais comme l'expérience m'a appris que je pouvais tout autant adorer ses romans qu'être un poil déçue, j'ai toujours eu une certaine crainte de ses autres romans.
La thématique de Mr Gwyn a fini par me convaincre de replonger dans son univers. Une histoire d'écrivain, j'ai toujours du mal à résister, et puis il était temps que je renoue avec l'auteur. À part savoir que le récit tournait autour d'un écrivain anglais, je n'avais aucune idée de l'intrigue. Et c'est aussi bien ainsi.
D'ailleurs, ce roman est irrésumable. Si j'essayais, je dirais que c'est l'histoire d'un écrivain qui a décidé d'arrêter d'écrire, et qui finit par écrire des portraits de gens. Mais écrire, pas dans le sens de décrire le portrait des gens ! Et en même temps, précisément en les décrivant mieux qu'ils n'auraient pu se retrouver dans leur description littérale. Les ramener chez soi. Les faire se retrouver en quelque sorte.
Il faut lire ce livre pour comprendre ce dont il s'agit. C'est un concept de génie, quelque chose de totalement fou mais d'indubitablement cohérent en même temps. Et ça, ce n'est que la partie visible de l'iceberg, car l'intrigue prend des tournures qui ne cesseront de surprendre jusqu'au point final de l'histoire.
D'ailleurs, ce roman est irrésumable. Si j'essayais, je dirais que c'est l'histoire d'un écrivain qui a décidé d'arrêter d'écrire, et qui finit par écrire des portraits de gens. Mais écrire, pas dans le sens de décrire le portrait des gens ! Et en même temps, précisément en les décrivant mieux qu'ils n'auraient pu se retrouver dans leur description littérale. Les ramener chez soi. Les faire se retrouver en quelque sorte.
Il faut lire ce livre pour comprendre ce dont il s'agit. C'est un concept de génie, quelque chose de totalement fou mais d'indubitablement cohérent en même temps. Et ça, ce n'est que la partie visible de l'iceberg, car l'intrigue prend des tournures qui ne cesseront de surprendre jusqu'au point final de l'histoire.
J'ai retrouvé ici un Baricco déroutant, étonnant, inattendu, un peu barge, avec des idées totalement délirantes, pas dans le sens hilarant du terme, mais plutôt dans le sens "mais où va-t-il chercher tout ça !! ?? Il est complètement fou !" Génial, original, incroyable, il fallait oser imaginer ça, c'est du pur délire ! Il y a dans son récit quelque chose de totalement surréel, voire impossible, ancré dans tout ce qu'il y a de plus réaliste.
Et son écriture ! Mais quel régal ! Dès les premières pages, c'était bingo ! J'ai été envoûtée par son style hypnotique, ses tournures de phrases délicieuses, qui mélangent malice, élégance et délicatesse, ses idées originales, folles et inattendues, alliées à une vraie profondeur dans les réflexions égrainées. J'étais vraiment ravie de retrouver Baricco. Un Baricco différent de City, Soie et Océan Mer, un peu à la croisée de ces trois romans, mais un Baricco familier, et peut-être meilleur, avec la même magie alliant déluré et poésie, qui est parvenu à écrire un livre qui m'a bousculé le coeur, à le serrer parfois, et qui m'a vrillé la tête.
"Un jour je me suis aperçu que plus rien ne m'importait, et que tout me blessait mortellement."
"Jasper Gwyn n'en était pas aussi sûr, mais il la suivit dans sa chambre d'hôtel. Puis, mystérieusement, il ne s'avéra pas compliqué de conjuguer dans un lit andalou sa hâte à elle et sa prudence à lui."
Une petite anecdote en passant. Alors que je le lisais, Cryssilda finissait tout juste son dernier recueil de nouvelles Trois fois dès l'aube. On en parle et elle m'apprend qu'il y a un lien entre Mr Gwyn et ces nouvelles, que l'auteur s'y référait. Et ô surprise, à un moment dans mon récit, vla-ti pas qu'il est fait mention de Trois fois dès l'aube comme un livre écrit par un des protagonistes !
Me voilà fortement intriguée par ce recueil que je compte lire prochainement ! Non mais quand je disais que cet auteur était follement inattendu !
Me voilà fortement intriguée par ce recueil que je compte lire prochainement ! Non mais quand je disais que cet auteur était follement inattendu !
Italie => 11/28
Ah je comprends pourquoi Soie m'avait laissé un souvenir assez bof bof! Ce n'est pas le genre habituel! De toute façon je veux Mr Gwyn depuis longtemps (seulement en VO à la bibli, grr) mais je peux voir d'autres titres, sur ta recommandation (le décalé, tu connais)
RépondreSupprimerTu as lu Tristram Shandy? Je suppose que oui, tu as fait des études plus littéraires que les miennes.En tout cas je suis dedans (pavé de l'été) et j'adore ce grand n'importe quoi...
Pour Soie, je ne dirais pas que ce n'est pas le genre habituel mais ce n'est pas ce que je préfère chez Baricco. Un peu comme chez Chouchou Murakami qui des fois peut se laisser aller dans des expériences assez déconcertantes mais que je continue de vénérer.^^
SupprimerEuh ta bib' a Mr Gwyn en italien et pas en français ? Mais c'est quoi cette gestion des stocks ?? Bon sinon je te recommande City ou Océan Mer. Peut-être plus Océan Mer car bizarrement, malgré mes billets (enfin, avis très succints), je garde un meilleur souvenir d'Océan mer que de City.
Aaah Tristam Shandy, dans ma LAL depuis des lustres. Je devais le lire à la fac d'ailleurs mais déjà à l'époque, je ne pouvais pas tout lire.^^ Plus tard, je m'y suis essayé mais la liseuse n'existait pas encore et j'avais une édition anglaise mini-police de caractères qui m'a découragée, surtout quand je n'arrivais pas à rentrer dans le récit au bout de deux pages. Faut que je retente ça. Via ebook !^^
Je le veux, je le veux, je le veux.
RépondreSupprimerJ'ai lu Océan Mer il y a 13 ans (en 2002 je crois je venais de déménager) et je l'ai adoré, les autres m'ont moins convaincue, mais vu ton billet a girl, je vais me jeter dessus sans hésiter, car tout me plaît (et en général nos enthousiasmes se rejoignent), allez hop, je vais me jeter dessus puisque le mois anglais va durer pendant un an.
Super billet délectable ;-)
Belle journée
Oh oui, il faut lire Mr Gwyn ! Et je pense qu'il te plaira ! Jette-toi dessus, oui, hahaha ! Aaah mais c'est vrai, le mois anglais, enfin l'année anglaise maintenant, c'est aussi des récits qui se déroulent en Angleterre, pas uniquement des auteurs anglais ! Parfait, parfait ! :-D
SupprimerJ'ai bcp aimé Novecento, je crois que celui là me plairait ! Noté!
RépondreSupprimerOooh mais j'avais oublié qu'il y avait eu Novecento aussi entre-temps ! A lire aussi pour moi !
SupprimerIl est dans ma pal depuis sa sortie et tu l'as lu avant moi, misère !!!!
RépondreSupprimerEn plus tu me donnes drôlement envie de m'y plonger au plus vite, misère !!!!
Hahaha, une fois n'est pas coutume ! Mais bon, tu as un bon rythme de lecture, ce roman-ci ne devrait pas bouleverser ton programme de lecture éventuel. C'est un roman bien moins pavéesque que Confiteor par exemple, et tellement délectable !:-)
SupprimerAlors, là, je ne connais pas du tout. Jamais entendu parler de cet auteur ou alors j'ai oublié...!!!
RépondreSupprimerOooh alors à découvrir absolument ! Absolument !
SupprimerSur mes étagères, il prend la poussière le pauvre... Honte à moi !!
RépondreSupprimerÀ dépoussiérer au plus tôt ! Ça ferait un de moins dans la PAL en plus, pour une lecture savoureuse !:-)
SupprimerUn petit régal, ce roman... et je l'ai fait lire à d'autres qui ont aimé aussi !
RépondreSupprimerN'est-ce pas ? Excellent moment de lecture, oui ! A partager autour de soi, je suis bien d'accord.
SupprimerUn coup de coeur pour moi !
RépondreSupprimerJe crois que je peux dire pareil ! Rien à jeter, que du bon !
Supprimermais que d'éloges!!! Comment résister? non, on ne résiste pas. Merci pour cette découverte!
RépondreSupprimerJ'espère que tu apprécieras autant que moi.;-)
SupprimerJ'ai lu quelque chose sur ce titre (c'était positif de mémoire), mais je ne me souviens plus où ! Mis à part ce vague souvenir, je ne connais pas du tout cet auteur. Je vais de ce pas noter son nom. ;-)
RépondreSupprimerOh oui, note ! C'est un auteur assez épatant, qui sort un peu de l'ordinaire sans être trop foufou/décalé/déjanté. Sur les livres que j'ai lus de lui, je recommanderais volontiers celui-ci.
SupprimerC'est marrant, pour moi, Baricco c'est Novecento, Soie, des lectures plutôt émouvantes et pas vraiment déjantée... Pas sûre d'autant accrocher à cette autre facette de l'auteur mais je veux bien tenter le coup.
RépondreSupprimerQuand il est déjanté, ça reste cadré, cohérent, fin, subtil. Rien de barré dans le sens lourdingue, ou au point de s'y perdre, ou de se lasser. En tout cas, tu peux te lancer dans Mr Gwyn sans crainte, c'est vraiment un petit bijou bariccoesque. :-) Émotions au rendez-vous !
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