vendredi 3 juin 2022

LES 7 ROSES DE TÔKYÔ


LES 7 ROSES DE TÔKYÔ

traduit du japonais par Jacques Lalloz

Ce petit pavé, qui s'est retrouvé dans ma PAL simplement parce qu'il est japonais et que je trouvais le titre joli, est en fait un roman historique évoquant une période sombre de l'histoire japonaise, celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de l'occupation américaine. 
Ça peut paraître plombant décrit ainsi mais il est rédigé sous la forme d'un journal tenu par un fabricant d'éventails d'un quartier de Tôkyô, et ce choix narratif insuffle beaucoup de fraîcheur et de "légèreté" au récit malgré le contexte. 
C'est d'ailleurs ce qui m'a plu dès les premières pages, le ton du journal, l'évocation, du point de vue d'un simple civil japonais, des réalités de la guerre et de la vie des petites gens, avec leur sens de la débrouillardise, les combines du marché noir, les tracasseries administratives, mais aussi leurs difficiles conditions de survie.
Le tout est retranscrit avec beaucoup de calme et une dignité toute japonaise, et même un humour entre rafraîchissant, cocasse et mordant par moment, du coup l'atmosphère n'est pas à la tragédie ou tendue comme ça pourrait l'être, ou du moins notre fabricant d'éventails ne s'applique pas à nous le faire ressentir même dans les moments les plus stressants, notamment lors des multiples alertes de raids aériens.

J'ai toutefois préféré la partie après-guerre, la période de l'occupation américaine, parce que cet épisode de l'histoire japonaise, avec la présence des Américains au Japon et l'organisation de la vie des Japonais après leur défaite, m'était assez inconnu, et j'ai trouvé cette partie du journal franchement passionnante et savoureuse dans ses détails ! Le passage sur les guides de conversation en anglais m'a bien amusée, avec les exemples de retranscription phonétique japonaise.
J'ai trouvé très intéressant aussi l'évocation des dissidents japonais, ceux qui trouvaient anormal que les Américains ne soient pas condamnés pour leurs crimes de guerre, notamment les bombardements sur les civils et les bombes atomiques en particulier. Très intéressant également le fait que la plupart des Japonais aient accepté leur sort de perdants sans véritable rancoeur, estimant qu'eux aussi se sont comportés comme les Américains vis-à-vis des Coréens et que ce sont en quelque sorte les règles du "jeu". C'était d'ailleurs assez déconcertant ce retournement de situation où, alors qu'ils insultaient les Américains pendant la guerre, après-guerre, c'était limite si les Américains n'étaient pas géniaux. Tous ces paradoxes liés au contexte de guerre et d'après-guerre étaient vraiment très intéressants à observer.

Et les 7 Roses de Tôkyô dans tout ça ? Eh bien ce sont en fait sept femmes de l'entourage de notre fabricant d'éventails qui s'organisent et se consacrent espionnes pour contrecarrer les projets de l'occupant, entre autres celui de la romanisation du japonais, projet visant à imposer l'alphabet latin pour écrire le japonais.
Cet aspect de l'histoire autour de ces sept femmes était rocambolesque à souhait mais je l'ai trouvé assez survolée sur l'ensemble de l'intrigue alors que le titre laissait entendre qu'elles étaient le coeur de l'histoire. En réalité, elles n'occupent que le dernier quart du livre ! 

Malgré cette petite contrariété, j'ai trouvé ce roman savoureux tout le long... mais tout de même bien copieux !^^

à noter que l'auteur, Inoue Hisashi, a mis 17 ans à écrire ce roman ! 

2ème pavé de l'année (976 pages) !

L'auteur
Né dans une modeste famille du Nord du Japon, Inoue Hisashi (1934-2010) suit des études dans des établissements chrétiens jusqu'à l'université, où il apprend le français. Il se fait connaître en rédigeant des saynètes et contes comiques pour la radio et le théâtre et devient un auteur dramatique à succès. Il met souvent la virtuosité de sa verve satirique au service de son engagement pour la paix et nombre de ses écrits sont une critique mordante de la société. 

22 commentaires:

  1. Je ne doute pas qu'il soit intéressant, mais presque 1000 pages ... ouch !

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    1. J'avoue que des fois je transpire aussi face à l'épaisseur des livres mais une fois lancée, pour beaucoup, ça se lit très bien finalement, mieux même que certains livres bien plus courts.;)

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  2. 976 pages? Oui, ça avait intérêt à être passionnant! Bravo.
    Sur le fond, oui, je pense qu'on en apprend beaucoup.

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    1. Oui, et la forme rend le tout vraiment très accessible et fluide. Bon, toi, 976 pages, ça ne devrait pas te faire peur.;)

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  3. Oui il est dans ma PAL.....vraiment un jour, je le lirais....j'avais touche cette periode apres-guerre avec "le point zero"....oui cela reste assez interessant a decouvrir....

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    1. Ah oui, je vois très bien ce livre, chez l'atelier Akatombo, mais j'ignorais qu'on y parlait de l'après-guerre. Intéressant, je note donc !^^

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    2. Oh oui....mais malheureusement je t'ai spoilee....il le fallait bien....un bien bon polar....

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    3. Ah mince alors ! Ça semblait si anodin comme "spoil".

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    4. Bin plus qu'a le lire...pour me le dire.....;)

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    5. Oui, à la file d'attente, comme tout le reste.;)

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  4. ça fait quand même beaucoup de pages ! Je ne suis pas sûre d'avoir envie de me plonger dans cette période, je me contenterai des films que j'ai vus.

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    1. Ah j'ai parfois recours aussi à cette "facilité" pour certains thèmes.^^ C'est vrai que les films ou documentaires peuvent très bien faire l'affaire aussi.;)

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  5. Oups la taille du pavé... ça me refroidit un peu...

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  6. Oh, celui-ci, j'ai tourné autour longtemps, attirée par le sujet, calmée par l'épaisseur. Ce que tu en dis est très intéressant, mais d'autres titres japonais attendent depuis au moins aussi longtemps ^^

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    1. J'ai longtemps tourné autour aussi pour celui-là^^ mais je suis bien contente d'avoir fini par sauter le pas car c'est le genre de pavés qui peuvent attendre très très longtemps.^^

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  7. Cela a l'air intéressant et en plus c'est écrit à la manière d'un journal, du coup, je le rajoute à ma liste de mes envies :)

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    1. Aah enfin quelqu'un qui n'a pas peur des pavés !^^
      En passant, je t'avais signalé ici que mes commentaires sur ton blog ne remontaient pas. Peut-être sont-ils dans les spams ?

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  8. 976 pages !!!! Ce n'est plus un pavé, c'est un rocher, que dis-je une péninsule !!!

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    1. Ahaha, oui, c'est un beau morceau de livre.;)

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  9. Je suis sûre que ça me plairait ! Je note pour mon prochain mois du Japon... je risque de mettre du temps pour le lire, je m'y prends en avance lol

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    1. Ça se laisse lire vraiment bien mais c'est vrai qu'il faut prévoir un peu de temps.;)

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