lundi 23 juin 2025

VERS LES ÎLES ÉPARSES


Un petit craquage en librairie en début d'année, intriguée par ces îles Éparses de l'océan Indien dont je découvrais l'existence. Un court récit de voyage en mer, aux éditions Verdier, gage de qualité pour moi, quelques croquis semés au gré des pages, j'ai été instantanément séduite par ce petit livre. 

La quatrième de couv m'a également laissé entrevoir l'écriture de l'auteur, Olivier Rolin, dont j'ai immédiatement apprécié le style, et j'ai aimé aussi l'esprit du livre qui, au-delà du classique récit de voyage descriptif de la géographie et de la magnificence des lieux, proposait un voyage plus intérieur, celui d'un homme qui fait le constat effaré des années qui filent également vers l'horizon, avec une certaine dérision :
"[...] Intérieur et ironique, moins exaltant, l'autre voyage est presque le contraire du premier : passager insolite à bord d'un bateau dont les marins ont l'âge parfois d'être mes petits-enfants, ce n'est pas seulement vers les îles que je navigue, mais vers l'état fragile et un peu ridicule de vieux. Habitué à mon apparence, je ne me suis pas vu me transformer en cet être de papier mâché en qui les autres identifient immédiatement un semi-vivant. L'océan Indien sera pour moi la mer de la Sénilité... Parfois cela m'amuse, pas toujours - j'espère en tout cas en faire sourire le lecteur."

Pour le repérage géographique, les îles Éparses sont situées dans le canal de Mozambique près de Madagascar et sont constituées des îles Europa, Juan de Nova, Glorieuses, Tromelin (ooh je la connais celle-là !) et l'atoll de Bassas da India.
L'auteur se retrouve embarqué sur un bateau de la Marine nationale, en expédition vers ces îles en rétribution d'une préface rédigée pour un éditeur qui ne pouvait le rémunérer autrement. C'était plutôt tout bénéf pour l'auteur qui s'est bien accommodé de cet arrangement. Le but de l'expédition qui durera environ un mois : ravitailler les minuscules garnisons que la France y entretient. 

À bord, l'équipage composé d'une vingtaine de membres et Olivier Rolin, le cheveu sur la soupe, quelque peu en décalage avec les autres parce que Parisien, citadin, écrivain et cinq décennies de plus. On n'attend de toute façon pas grand-chose de lui sur le bateau. Il n'a pas de mission particulière, même pas le devoir de rédiger un rapport sur cette expédition, c'est un accompagnant accepté à bord. 
Il lit, beaucoup, prend des notes, rédige ses carnets, dessine, parcourt les lieux en solitaire lors d'escales. On lui fait parfois corriger quelques rapports tout de même ou on lui confie le soin de faire la "diffusion" (sorte de journal parlé), mais guère plus. 
Rien d'excitant non plus côté équipage. C'est une vie de routine, presque monotone, quelques menus incidents qui pimentent le quotidien, quelques alertes cyclone qui contrarient les prévisions de route ou d'escale, sinon ça file droit. L'équipage et l'auteur s'apprivoisent petit à petit, sans effusion démesurée toutefois. 

Ah le mythe s'effondre ! On est loin de l'idée qu'on pourrait se faire de l'aventure en mer. Malgré tout, rien d'ennuyeux dans ce récit car l'auteur s'attache à décrire l'ambiance du bateau, l'équipage et le quotidien avec une certaine dérision, ce qui rend la lecture plutôt savoureuse. Ses observations, ses états d'âmes et réflexions intérieures, souvent désabusées et ironiques, rendent ce récit plus animé que le voyage en lui-même.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur. Un style soigné, mais sans effort. Une langue vive, moderne. Une écriture fluide qui ne cherche pas d'effets mais en crée tout de même. Des phrases sans détours et bien tournées, qui disent les choses telles qu'elles sont, avec une pointe d'humour tranquille et de poésie légère. Un récit vraiment très agréable et confortable à la lecture.

Une idée de lecture piochée dans ce livre, Les Naufragés de l'autocar de Steinbeck. Ça me tente vraiment bien !

LC avec Keisha.

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Total à date => 10 points (96 pages + LC)
⛵ Pas trop cher payé, cette vue sur mer. 😎

L'auteur
Olivier Rolin est né en 1947. Il écrit des romans, des carnets de voyage, des récits, et a pratiqué, avec modération, les métiers du journalisme et de l'édition.

7 commentaires:

  1. Pour le book trop je te laisse faire les calculs, là je navigue en passagère (mais je suis dans une lecture actuellement)
    Dis donc, Olivier n'a pas cinquante décennies de plus. ^_^Déjà qu'il chouine (un peu) sur son grand âge..;
    Mon premier OLIVIER Rolin, sans doute pas le dernier (le frère JEAN m'avait déjà prise dans ses filets)

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  2. Une aventure en mer sans trop de péripéties, ça pourrait être pour moi dans la vraie vie. Le récit qu'en fait Olivier Rolin semble plutôt chouette. Il y a des illustrations si j'ai bien compris ? Cette lecture a l'air à la fois dépaysante et apaisante.

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  3. ça a l'air pas mal.... et c'est court !

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  4. Je découvre ces îles (vraiment des confettis !) mais pas Olivier Rolin que j'ai déjà suivi à Bakou ou en Russie. Il est toujours agréable à lire !

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  5. Connaissant un peu l'auteur, ( je me suis retrouvée à faire son "guide" lors d'une rencontre ...) je le vois très bien déambulant sur le pont avec son humour tranquille en bandoulière ! J'aime bien son style détaché et je le lirai sûrement encore .

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  6. Je ne connaissais pas les îles Eparses (maintenant si grâce à toi !), à part bien sûr Tromelin...
    Un voyage marin assez simple, qui montre le quotidien à bord.

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  7. Moi qui n'aime pas tellement les récits de traversée, celui-ci pourrait me plaire pour ses réflexions sur l'âge pleines d'humour et de lucidité.

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