LA PRINCESSE ET LE CROQUE-MONSIEUR

(THE PRINCESS AND THE GRILLED CHEESE SANDWICH)

traduit de l'anglais (États-Unis) par Charlotte Faraday

Un titre aux airs de contes de notre enfance, avec une allusion culinaire, cela ne pouvait qu'attiser ma curiosité ! 

Un coup d'oeil aux premières lignes du résumé et là, j'étais ferrée :

"La jeune Lady Camembert veut vivre sa vie comme elle l'entend et refuse de se marier. Ou plutôt, d'épouser un homme. Or la loi du royaume de Fromage stipule que les femmes ne peuvent pas hériter. À la mort de son père, elle n'a pas d'autre choix que de se déguiser en homme et s'installer dans la capitale où personne ne la connaît, pour prendre un nouveau départ en tant que Comte Camembert. [...]"

Une jeune lady rebelle qui refuse de se plier aux conventions et de céder à la pression sociale, des noms de lieux et des titres de noblesse qui tournent autour de l'univers des fromages - nous avons ainsi le royaume de Fromage, sa capitale, la ville de Fondue, Gougère, le domaine du Comte Camembert, la princesse Brie, une Lady Ricotta, et j'en passe - un contexte qui avait tout pour me plaire donc.

Ce que je n'avais pas noté, c'est que c'est un roman graphique (une BD, quoi), mais ce n'était pas pour me déplaire, et c'est catégorie "conte de fées queer", un genre qui ne me tente pas habituellement, mais pourquoi pas ?

Notre Lady/Comte Camembert (Cam pour les intimes) doit donc se faire discrète au royaume de Fromage, mais c'est sans compter le destin qui lui fait croiser le chemin de la princesse Brie, une militante passionnée à la pointe de la mode. Cam tombe sous son charme, mais alors qu'elles se rapprochent, son secret pourra-t-il être préservé ?

Une BD pétillante, toute à la fois drôle, décalée, tendre et dramatique, à la croisée des Disney et des mangas shojo, qui porte des combats féministes et explore des thèmes dans l'air du temps, tels l'identité, le genre, l'homosexualité, l'acceptation de soi, la liberté d'aimer qui l'on veut, et pose une question essentielle : l'amour que l'on porte à une personne dépend-elle de son genre ?

Je me figurais du léger, hautement divertissant, cocasse et un peu convenu dans le traitement des thèmes, les cases sont cochées, mais ça a franchement plus de corps, c'est plus subtil et encore plus drôle que je ne m'y attendais. J'ai adoré cette histoire et son traitement qui m'ont très agréablement surprise et convaincue à plus d'un titre ! Je l'ai lue d'une traite, impossible à lâcher tant il y a de rebondissements ! 

Je ne suis vraiment pas loin du 5 étoiles (sur Goodreads). La petite réticence à le valider, c'est peut-être au niveau du graphisme, les traits des personnages un peu trop angulaires à mon goût, ce n'est pas ce que je préfère dans le genre, mais c'est tatillonner, surtout que certaines planches étaient franchement sublimes (les couleurs en particulier) et collaient bien au genre qui flirte avec le manga et les Disney. 

L'auteurice, comme elle (je devrais écrire "iel") tient à être qualifiée, a en tout cas indéniablement une patte stylistique bien distincte. Je la lirais bien volontiers sur d'autres oeuvres.

Également commenté par Audrey.

L'auteurice

Deya Muniz est un.e créateurice qui est né.e et a grandi à Rio de Janeiro, au Brésil, entouré.e de livres et de mangas shojo. En 2017, iel emménage aux États-Unis pour poursuivre un master en art séquentiel au Savannah College of Arts and Designs où iel rencontre sa femme, Emily, une personne merveilleuse qui fait de délicieux sandwichs au fromage grillé.