mardi 21 octobre 2025

MIGRATIONS


Repéré chez Violette qui l'a qualifié de lecture claque, j'ai été intriguée par ce roman dont je ne voyais pas comment une histoire autour des sternes arctiques pouvait être captivant et arriver au rang de coup de coeur. Il me fallait donc le lire.^^

Franny Stone a un objectif singulier : suivre la dernière colonie de sternes arctiques dans ce qui pourrait être leur dernière migration vers l'Antarctique. Le roman s'ancre en effet dans un monde au bord de l'effondrement où le réchauffement climatique a déjà causé l'extinction de nombreuses espèces animales, dont les singes, chimpanzés, gorilles, lions, ours polaires, loups, pour n'en citer que quelques-unes. 
Arrivée au Groenland, elle parvient à convaincre le capitaine Ennis Malone de la prendre à bord du Saghani, promettant, à lui et à son équipage, que les oiseaux les mèneront à des poissons devenus rares. À bord, elle devra prendre part aux tâches les plus dures pour assurer la bonne avancée du bateau, mais qu'importe, tout ce qui compte pour elle, ce sont ces sternes.
Seulement voilà, au cours de la traversée et au fil de retours en arrière éclairant sa vie passée, on se rend compte que Franny n'est peut-être pas tout à fait celle qu'elle prétend être et ce mystère ne nous sera évidemment pas dévoilé avant la fin (et là, le choc, je ne m'attendais pas à cette tournure des événements !).

Cette structure narrative qui alterne moment présent et vie passée de Franny, récit d'un monde au bord de la catastrophe et récit centré sur un personnage, lui-même au bord de l'effondrement (sans parler de ses interactions avec les membres de l'équipage, eux-mêmes un peu abîmés), peut donner l'impression de thèmes très dispersés dont on peine un peu à savoir quel fil suivre au début, mais tout finit par se rejoindre et prendre sens. Magnifiquement. Tragiquement.

J'ai trouvé très triste l'image de cette dernière migration, d'une dernière colonie d'oiseaux, sans parler de toutes ces espèces en voie de disparition, cette idée d'arriver à ce stade où il ne nous restera plus que le souvenir de ce que c'était que "d'aimer des créatures qui n'étaient pas humaines", la solitude que l'on éprouvera quand il n'y aura plus que nous. Quel électrochoc cette lecture, par moment ! J'ai beaucoup aimé la fin qui m'a mis une petite claque quand même.

Plus qu'une dystopie, c'est la description d'un monde au bord de la catastrophe, et ça correspond bien (hélas) à l'état actuel du nôtre. En fait, c'est notre monde, en réalité augmentée, si je puis dire. C'est plus réaliste qu'imaginaire. Vraiment, je n'avais pas l'impression d'un monde futuriste, plus ou moins proche. Il faut dire que notre monde reflète actuellement tellement d'éléments dystopiques que ça en est déjà désespérant.

Pour finir, j'ai beaucoup aimé l'écriture de l'autrice, Charlotte McConaghy, une écriture sobre, concise mais précise, évocatrice et atmosphérique, entraînante et hypnotique tout à la fois.

Un roman beau, troublant, touchant et tragique à la fois. Magnifiquement désespéré ! Une autrice à suivre de près. Je trouve la poésie de son autre titre, Je pleure encore la beauté du monde, à l'image de ce roman et de son style, même s'il s'agit d'une traduction finalement éloignée, le titre en VO étant Once There Where Wolves, tout aussi évocateur, cela dit.

Quasi LC avec Cath L.^^

Intègre le et, sur le fil
Total à date BTEM => 25 points (272 pages en VO + Australie + LC)
⛵ Et bim, me voici très confortablement installée en suite de luxe, toujours avec vue sur mer, bien sûr. 😎

L'autrice
Née en 1988, Charlotte McConaghy est romancière et vit à Sydney. Elle est titulaire d'un master en écriture de scénario de la Australian Film Television and Radio School. Ovationné par la critique, Migrations, son premier roman, est en cours de traduction dans plus de vingt pays.

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