dimanche 14 mai 2006

LE PROCÈS


LE PROCÈS

traduit de l'allemand par Alexandre Vialatte

Et dans mon retour aux classiques, j'ai enchaîné avec Le Procès de Kafka, et là, je dois dire, rien à voir avec Malraux, j'ai été bluffée par le talent de Kafka et je dois dire que je n'ai jamais rien lu de pareil (et pourtant j'en ai lu des romans et des genres différents).

J'ai un souvenir très vague de La métamorphose que j'ai lu il y a environ 15 ans (rraargh), un souvenir pas désagréable mais pas assez précis pour savoir quoi en dire, j'avais dû aimer sans plus, mais là dans Le procès, je le trouve véritablement ingénieux, original, talentueux (il a un style très agréable à lire, du moins la traduction est bien rendue), il a un univers très particulier (celui du fantastique en fait...) dans lequel il embarque tout naturellement son lecteur sans que celui-ci ne soit vraiment gêné par l'absurdité du thème du récit et de tous les événements qui s'y déroulent.

On est dans le flou, dans l'incertitude de ce qui se passe, mais c'est comme si on évoluait dans un rêve, on avance tout naturellement dans un univers dénué de fondement, sans avant, sans après, tout est vécu dans le moment présent, et l'anormal est vécu comme la norme même du rêve (on peut voler sans avoir d'ailes dans un rêve, c'est totalement normal sur le moment), tout est d'une logique qui n'admet pas le questionnement et qui est pourtant totalement absurde, et tout est dépeint avec un réalisme étonnant.

C'est vraiment singulier comme sensation en fait, l'effet que provoque en soi ce récit, à partir d'un thème tout simple : un homme, Joseph K., est arrêté un beau matin sans aucune raison. Et c'est à partir de cet événement que se déroule le récit fantastique et qu'on est nous-même embarqué dans une sorte de quête qui ne nous concerne même pas au départ.

Ici, je cite quelques lignes de la préface :
"Le Procès est un roman sans héros et sans progrès. [...] C'est également un roman sans passé : le récit ne revient jamais sur les événements qui ont précédé l'arrestation de Joseph K.; celle-ci est un commencement absolu, l'unique sujet du livre. Il est difficile d'imaginer une simplification plus radicale, un dénuement plus grand. Kafka renonce à tous les agréments ordinaires du récit; il fixe obstinément l'attention du lecteur sur une situation scandaleusement opaque, qui conservera jusqu'à la fin la même opacité. Le narrateur, qui entièrement s'efface, ne l'aide pas à comprendre; il n'explique pas l'inexplicable. Le lecteur partage le sort de Joseph K.; il est affecté de la même cécité. Ce qui, à la rigueur, peut piquer parfois sa curiosité, c'est l'aspect énigmatique du récit; mais l'énigme est à peine un artifice de l'auteur, c'est la forme naturelle de l'opacité. En 1914, quand Kafka écrit Le procès, aucun écrivain sans doute n'a pratiqué encore une pareille ascèse littéraire."

On ne sait pas trop non plus où Kafka veut en venir exactement avec ce récit, on peut y voir plusieurs niveaux de lecture, le voir sous des angles différents, lui donner diverses interprétations, c'est vraiment très intéressant.

Il est à noté aussi que Le Procès est une oeuvre inachevée, ce qui est encore plus fascinant, dans le sens où le contenu de ce livre est déjà si dense à partir de presque rien qu'on se demande ce que ça aurait donné une fois "achevé".

4 commentaires:

  1. Ce livre m'a impressionné ! Il est opressant...
    Je l'ai aussi étudié au lycée en parallèle avec l'adaptation cinématographique d'Orson Welles... à voir !

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    1. Ah oui? Je ne savais même pas qu'il existait une adaptation cinématographique de ce livre... et d'Orson Welles qui plus est... je note! Merci! :)

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  2. Sandrine Andrieux23 février, 2014

    je fais un petit tour par chez toi alors je laisse des commentaires par ci par là. Ici ça sera : allez, 1 de + sur la pile !

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Merci pour votre petit mot. Les commentaires sont modérés par défaut, mais j'y réponds toujours.