samedi 15 septembre 2012

VOYAGE À TRULALA


VOYAGE À TRULALA

traduit de l'allemand par Jeanne Etoré-Lortholary


J'ai hésité à classer ce livre en non-fiction car il semble y avoir une bonne dose d'imagination loufoque là-dedans. Disons que c'est un mixte entre souvenirs de voyages réels, fantasmés, semi-inventés, semi-exagérés, parfois irréalistes, rêvés, mais parfois rêvés si fort que c'est comme si c'était du vécu. Pafois la délimitation est claire, parfois il est "difficile de démêler le vrai du faux".

"Rétrospectivement, je doutais moi-même que nous soyons vraiment allés au Danemark. [...] Il faut préciser que nous n'avions vu nulle part écrit le nom du pays."

Et ce qui fait leur charme à chaque fois, c'est que c'est toujours un brin cocasse et burlesque !

L'auteur, Wladimir Kaminer, un Russe émigré à Berlin depuis plusieurs années, nous raconte ici le fantasme russe à l'époque où il n'était pas facile pour le citoyen russe de sortir des frontières du communisme, même pour aller en ex-RDA.
Après la chute du mur, le rêve de l'escapade et du voyage plus facilement réalisable donne lieu à divers projets qui aboutissent ou non, mais dans la tête des Russes, et du narrateur en particulier, ils aboutissent toujours, même si la réalité est parfois plus brutale que dans l'imaginaire !

J'ai beaucoup aimé le récit du voyage à Paris, celui en Crimée aussi, le récit du Danemark (excellent !), et les rencontres et aventures humaines de l'auteur avec d'autres voyageurs, aussi fortes et cocasses les unes que les autres.

"... l'auto-stop n'était pas une pratique très répandue au Danemark.
- Ça n'a pas pris, ici. Les Danois sont tout à fait hospitaliers et serviables, mais leur cerveau fonctionne bien trop lentement, nous expliqua Peter, l'ethnologue. Avant qu'ils remarquent la présence de quelqu'un au bord de la route, ils sont deux kilomètres plus loin. A ce moment-là, bien sûr, ils se demandent si la personne qui était au bord de la route aurait bien aimé qu'on la prenne, mais là, ils ont encore fait cinq kilomètres."

"- Tu ne dois jamais dire en Russie : "Chère madame, est-ce que je peux passer la nuit chez vous." Il faut que tu t'exprimes de façon claire et concise. Dans un village, tu cherches une vieille femme, pauvre, et tu lui dis : "Hé, sorcière, tu veux gagner cinq dollars ?" Point."

J'ai bien aimé cet extrait aussi, comparant le livre à de la vodka intellectuelle !
"Les femmes en manteau de fourrure roulent comme de grosses boules laineuses dans les souterrains du métro de Moscou; elles remplissent les trains. [...] Les pauvres, qui ne peuvent pas s'offrir de fourrure, lisent aussi pendant le trajet. Le livre est la vodka intellectuelle de la femme russe, un moyen de se distraire du froid et du désespoir généralisés [...]."

Ce livre est par ailleurs une bonne incursion dans la communauté russe de Berlin, et très instructif sur la vie et les mentalités en ex-URSS et ex-RDA.    
Les récits dans l'ensemble sont donc cocasses, mais plus amusants que hilarants. J'avais le sourire aux lèvres mais pas de francs éclats de rire. C'est peut-être une question d'humeur cela dit, car en relisant certains passages pour reprendre les citations, et en retombant sur certains épisodes, je les ai trouvés plus drôles, limite gravos en y repensant bien, du grand n'importe quoi en fait !


L'auteur
Wladimir Kaminer est né à Moscou en 1967. Depuis 1990, il vit avec sa femme et leurs deux enfants à Berlin. Animateur radio et écrivain à succès, il est l'un des grands noms de l'avant-garde littéraire allemande. Après Musique militaire (Belfond, 2003), Voyage à Trulala est son second livre traduit en français.

10 commentaires:

  1. Hum, certaines expressions de ton billet me donnent à penser que ça pourrait me plaire... Rien à la bibli, tant pis.

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    1. Tu sais que j'ai failli m'acheter un livre en allemand de cet auteur à Berlin ? Je venais de le découvrir avant mon départ, et là-bas j'ai vu qu'il était plutôt bien coté !
      Ils ont une littérature très prolifique là-bas. Peut-être qu'il faudrait que je m'efforce à me replonger dans l'allemand... (ouais c'est ça).

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  2. Tiens, je ne connais pas cet auteur, je vais le noter.
    Bonne semaine.

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    1. Son dernier livre, La cuisine totalitaire, paru en septembre, me tente beaucoup ! Je l'aurais choisi s'il avait fait parti de la sélection des matchs de la rentrée littéraire !
      Bon début de semaine !

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  3. Il me plaît bien ce titre . Et en plus ça à l'air bien drôle avec un état d'esprit assez original.

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    1. Oui le titre et même l'image de couverture collent parfaitement à l'univers et l'ambiance du récit. Je crois d'ailleurs que c'est ce qui m'avait intriguée et attirée au départ, quand j'avais aperçu ce livre à la bib'.:)

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  4. Moi qui ai besoin de léger et de drôle en ce moment, je devrais noter ce titre !

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    1. A peine 150 pages en plus ! Mais ça reste consistant, ce n'est pas non plus de la rigolade de petit récit de moins de 200 pages gros caractères.:)

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