dimanche 31 mai 2015

L'ÉCRIVAIN FANTÔME


L'ÉCRIVAIN FANTÔME

traduit du serbe par Gojko Lukic

Je crois bien que c'est mon premier roman serbe, et pour ce que j'en ai expérimenté, je suis assez partante pour explorer davantage de ce côté-là de la littérature. J'ai déjà noté La bouquineuse du même auteur, qui décidément sait choisir ses titres pour m'affoler !
Un roman prometteur puisque déjà il met en scène un écrivain, et ça, c'est une thématique à laquelle j'adhère toujours dans les romans, et un chat, et ça, c'est aussi assez irrésistible pour moi !
La 4è de couv' était d'autant plus tentatrice qu'elle parlait "d'un thriller littéraire sans cadavre ni assassin qui n'est pas sans rappeler l'univers de Tanizaki ou Boulgakov."

Pour résumer rapidement, notre écrivain, devant son écran blanc, visiblement peu inspiré ce matin-là, se laisse distraire par l'arrivée de mails en provenance de lecteurs avec lesquels il a une correspondance assez régulière, d'un admirateur anonyme et d'un autre écrivain assez imbu de lui-même. Rien d'alarmant au début, et puis, petit à petit, notre écrivain se sent cerné de toute part, comme victime d'un étrange complot. C'est que chacun semble vouloir quelque chose de lui, en commençant par l'admirateur anonyme qui lui demande d'écrire un roman dont il lui céderait la paternité. Et le chat dans tout ça ? Il va, il vient, et semble être la clé du mystère, mais je ne pourrai en dire plus.

C'est assez entortillé, ça part vite sur du capillotracté, mais le style de l'auteur est assez savoureux, entre dérision, absurde, espièglerie, tout en étant très soigné, avec des réflexions assez saugrenues et loufoques autour de la littérature, pour qu'on adhère tout de même tout le long (malgré quelques moments que j'ai trouvés un peu lourds, et répétitifs) et qu'on se délecte de cette farce improbable qui arrive à l'écrivain du récit.

"Si cela ne m'arrivait pas réellement, mais si je le lisais dans un livre, je reprocherais à l'auteur de trop en faire."

La fin m'a toutefois un peu laissé sur ma faim. Je le sentais venir au fur et à mesure qu'on s'approchait du dénouement, ce qui a contribué à amoindrir mon intérêt pour ce récit vers le dernier tiers du livre, et quel dommage car j'ai eu du coup le goût d'une farce que l'auteur n'aurait pas pris le soin de bien assaisonner. C'était bien parti pourtant, et un autre dénouement, ou une fin moins simpliste, ou grotesque (le mot est lâché) aurait pu me faire apprécier davantage ce court roman. Il me reste par ailleurs des éléments inexpliqués, ce que je trouve assez désagréable, comme l'impression de ne pas avoir bien compris la fin ou d'avoir raté un élément clé en cours de récit.

Un bon moment de lecture malgré tout, très plaisant, une découverte agréable et sympathique côté littérature serbe, de bons passages mémorables, mais au final, c'est vite digéré tout de même.

Une réflexion que j'ai beaucoup aimé :
"Le thé est chaud ou ce n'est point du thé." ^^

L'auteur
Zoran Zivkovic est né en 1948 à Belgrade. Il enseigne la théorie littéraire. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages, lauréat de nombreux prix littéraire serbes et étrangers, il est l'un des écrivains serbes contemporains les plus traduits dans le monde.

12 commentaires:

  1. Si tu veux un peu varier les plaisirs et découvrir la littérature de Bosnie, je te conseille Velibor Colic. Mais attention, ça décoiffe !

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    1. Velibor Colic ? Mais rien que le nom, j'adore !! Et puis si ça décoiffe...
      Bouclier HS sur ce coup-là, OK, je note ! (va falloir instaurer des règles où les blogolecteurs ne peuvent perversement tenter les autres que sur LEUR blog ^^)

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  2. Ton billet contient tout ce qu'il faut pour que je craque, ce livre est pour moi!

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    1. Je pense que ça te plairait bien, oui.;-)

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  3. tentant ! je n'ai jamais lu de livres serbes...

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    1. Ce serait pour l'instant le seul roman serbe que je pourrais recommander, et je suis ravie de pouvoir le faire avec celui-ci sans scrupule.;-)

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  4. J'ai déjà tellement de livres non lus et d'auteurs que je suis que je ne vais pas aller voir du côté de la Serbie...
    Bonne fin de semaine.

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    1. Ah ça, on ne peut être partout à la fois ! ;-)
      Bon weekend !

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  5. Un chat, un écrivain, un moment de lecture sympathique, ça vaut je pense que le coup de s'y coller !

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    1. Roman court aussi, même pas 200 pages dans mon souvenir, et petit format.;-) Géraldine, je crois que c'est pile poil pour toi, oui !

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  6. Totalement d'accord avec sa remarque sur le thé : un grand esprit cet auteur :D (ton article m'a fait penser qu'un livre de Boulgakov m'attend et qu'il faudrait vraiment que je découvre cet auteur ^^)

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    1. Ah oui, j'ai adoré la réflexion de l'auteur sur le thé !;-) C'est tellement révélateur de son caractère ! Quant à Boulgakov, si c'est "Le Maître et Marguerite", oui, fonce, c'est un incontournable de la littérature russe et ça vaut franchement le détour !

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